Fonte des glaces, montée des eaux, villes inondées, cyclones, pénuries : les prédictions dramatiques de l’ONU

lundi 9 septembre 2019.
 

Manque d’eau potable, inondations, nouvelles pollutions... Le dernier rapport du Giec dresse un bilan catastrophique des conséquences de la fonte des glaces, et de la montée des eaux.

C’est un avenir bien sombre que nous laissent entrevoir les experts du climat. Le réchauffement provoqué par les activités humaines va avoir des conséquences dramatiques sur les océans et la cryosphère, soit la banquise, les glaciers, les calottes polaires et les sols gelés en permanence, selon les conclusions d’un rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, dépendant de l’ONU), dont les principaux points ont été dévoilés...

Les experts s’inquiètent notamment de la fonte des calottes du Groenland et de l’Antarctique, qui ont perdu plus de 400 milliards de tonnes de masse par an dans la décennie précédant 2015. Il s’agit de la principale source de la hausse du niveau des océans. Ce niveau va continuer à croître durant les siècles à venir, quelles que soient les mesures prises, selon le rapport. Comparé avec la fin du 20e siècle, il devrait augmenter de 43 centimètres environ (29-59 cm) d’ici 2100 si le réchauffement global est maintenu à 2°C.

Et si les tendances actuelles se poursuivent, le réchauffement atteindra 3 ou 4°C, le niveau des océans augmentera alors de 84 cm en moyenne. Au 22e siècle, le rythme d’élévation du niveau des mers pourraient s’accroître, de 3,6 millimètres par an aujourd’hui, à "plusieurs centimètres", multipliant les dommages causés par les inondations.

Les grandes villes et les régions côtières inondées

Shanghai, la ville la plus peuplée de Chine, est située dans un vaste delta, formé par l’embouchure du fleuve Yangtsé. Cette ville pourrait faire face à une élévation du niveau de la mer de 2,6 millimètres par an dans la deuxième moitié du XXIe siècle, bien au-dessus de ce qui est attendu en moyenne dans le monde. New York pourrait être exposée à des crues de 2,25 mètres tous les cinq ans à compter de 2030 à 2045.

Les États insulaires de l’océan Pacifique seront engloutis, comme les régions côtières des Pays-Bas, du Bangladesh ou encore du Vietnam. Les pays riches seront plus aptes à assurer une protection à leurs mégalopoles que les pays en développement, les catégories les plus pauvres devraient donc se replier vers des terres plus en altitude, devenant des réfugiés du climat.

L’Europe est moins à risque que les autres puissances économiques en ce qui concerne l’élévation du niveau de la mer, bien que le rapport du GIEC mentionne un risque accru d’inondations dans le delta du Rhin, un axe commercial très important.

Des cyclones de plus en plus fréquents

Cependant, les températures plus élevées dues aux émissions pourraient ralentir les courants océaniques dans l’Atlantique Nord, ce qui entraînerait des tempêtes hivernales plus violentes sur le continent européen.

Au niveau mondial, une augmentation de la fréquence des cyclones est prévue. En conséquence, de nombreuses mégapoles côtières, mais aussi de petites nations insulaires, seraient frappées d’inondation chaque année à partir de 2050.

Un doublement des fréquences de phénomènes El Niño extrêmes - qui déclenchent des feux de forêt, provoquent des maladies et ont des effets sur les cyclones - est attendu si les émissions ne sont pas réduites.

Un manque d’eau potable et de nourriture

Les quantités d’eau découlant de la fonte des glaciers vont atteindre un pic, puis vont décliner autour de 2100. Cela va donner trop d’eau douce, puis trop peu à plus de deux milliards de personnes dépendant des glaciers pour leur eau potable. Les glaciers situés à basse altitude, comme en Europe centrale, dans le Caucase, l’Asie du Nord et la Scandinavie, devraient perdre plus de 80% de leur volume d’ici 2100.

La fréquence, l’intensité et l’étendue des vagues de chaleur marines comme celles qui ont ravagé la Grande barrière de corail australienne ont augmenté. Les coraux, dont un demi-milliard de personnes dépendent pour leur nourriture et leur protection, ne devraient pas survivre à un réchauffement de surface de 2°C comparé aux niveaux préindustriels.

Les réserves alimentaires dans des eaux tropicales peu profondes pourraient décroître de 40%, en raison du réchauffement et de l’acidification. Des phénomènes, déjà en cours, pourraient aussi mener à une diminution continue des réserves de poissons, dont dépendent de nombreuses populations pour se nourrir.

280 millions de déplacés

La hausse du niveau des mers pourrait déplacer en tout 280 millions de personnes, dans un scénario optimiste d’une hausse de 2°C de la température mondiale, par rapport à l’ère pré-industrielle.

"Quand vous observez l’instabilité politique déclenchée par des migrations de faible ampleur, je tremble en pensant à un monde où des dizaines de millions de personnes devraient quitter leurs terres avalées par l’océan", s’inquiète Ben Strauss, président-directeur de Climate Central, un institut de recherches basé aux États-Unis.

Du mercure et des substances toxiques relâchées dans l’eau potable

Un tiers, voire jusqu’à 99% du permafrost, cette couche de sol gelée en permanence, pourrait fondre d’ici 2100 si le réchauffement climatique continue au rythme actuel. Outre les conséquences évoquées plus haut, cela relâchera encore plus de gaz à effet de serre. Dans un scénario optimiste, la zone touchée pourrait toutefois être limitée, selon le rapport.

Le niveau de mercure et de substances toxiques dans l’eau potable devraient également augmenter avec la fonte des glaciers et du permafrost, qui contiendraient près de 800.000 tonnes de mercure. Salomé Vincendon avec AFP


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