Feux de forêt : le bassin du Congo brûle aussi

jeudi 5 septembre 2019.
 

Il n’y a pas que l’Amazonie qui brûle. Une série d’incendies de grande envergure et potentiellement dévastateurs sévit actuellement dans les forêts du bassin du Congo, l’autre « poumon vert » de la planète.

Ces dernières semaines, des images satellitaires ont révélé une augmentation des incendies sur le continent africain, notamment en république démocratique du Congo (RDC), en Zambie et en Angola. La nature de ces feux est néanmoins très différente de ceux observés en Amazonie, et est surtout liée à la culture sur brûlis, une pratique ancestrale ayant lieu chaque année avant les prochaines récoltes. « C’est un phénomène répandu et cyclique qui touche la savane boisée. Ces incendies entraînent des pertes de carbone moins importantes que dans les forêts tropicales humides et sont compensés par de la repousse », précise à Libération Philippe Ciais, directeur de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) au CEA Paris-Saclay. Déforestation

Si la situation est relativement habituelle et que l’agriculture de brûlis a peu de conséquences, la société civile s’inquiète de l’accroissement de la déforestation dans le bassin du Congo. « La fragmentation des forêts favorise la propagation des feux », affirme Marine Gauthier, experte en gouvernance forestière au Graduate Institute de Genève. D’autant que la sécheresse et la rareté des pluies rendent les sols de l’Afrique subsaharienne de plus en plus vulnérables. Dans un récent communiqué, Greenpeace dénonce les « grands projets agro-industriels dévastateurs » et « l’industrie du bois peu scrupuleuse » dans la deuxième plus vaste forêt tropicale de la planète. En RDC, l’un des pays les plus touchés par la déforestation, 15 millions d’hectares – soit l’équivalent de la France – ont été affectés à l’exploitation forestière en toute illégalité entre 2002 et 2008, selon les chiffres de l’ONG de protection de l’environnement.

« L’exploitation du bois concerne surtout les entreprises étrangères, notamment européennes et asiatiques qui utilisent souvent leur permis de coupe de bois au-delà des limites autorisées », précise Marine Gauthier. Une grande partie des forêts de la région est également exploitée illégalement, en particulier par la Chine qui importe 75% de la production africaine de bois. Pour Irène Wabiwa, responsable de la campagne Forêt en zone Afrique à Greenpeace, les gouvernements des pays du bassin du Congo doivent prendre les mesures nécessaires avant que les feux ne deviennent « hors de contrôle ».


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message