30 avril 1975 Déroute US au prix de sacrifices terribles du peuple vietnamien

mardi 2 mai 2023.
 

Le 30 avril 1975, la lutte vietnamienne contre les occupations étrangères, pour l’indépendance et le socialisme, se terminait par une victoire totale sur les troupes américaines pourtant suréquipées.

Nous mettons en ligne ci-dessous, à l’occasion de cet anniversaire, un article récent de Pierre Rousset ( dirigeant 4ème Internationale) qui joua un rôle majeur dans la solidarité internationale à cette révolution vietnamienne.

La victoire du 30 avril 1975 a mis fin à trente-cinq ans d’occupations et de guerres presque ininterrompues : invasion japonaise, reconquête française, escalade militaire américaine. Les guerres franco-américaines furent parmi les plus terribles tant par leur durée que par leur violence. Elles restent sans équivalents en plus d’un aspect. Le prix payé par les Vietnamiens en témoigne : des millions de morts, d’estropiés, d’orphelins, de personnes déplacées... Mais qui s’en souvient ? Revenant sur cet événement majeur, trois décennies plus tard, les médias français n’ont pas contribué à réveiller le souvenir d’un des conflits les plus dévastateur du siècle. Le devoir de mémoire s’impose pourtant à nous, en Asie comme en Afrique.

La solidarité internationale a joué son rôle dans la défaite des guerres franco-américaines, avec de belles pages d’histoire militante. Mais le mouvement ouvrier français ne saurait pour autant oublier sa part de responsabilité dans les épreuves subies en Indochine. A certains moments cruciaux, il s’est dérobé. Ce fut en particulier le cas après l’insurrection d’août 1945 : le Viêt-Nam proclame alors son indépendance ; le gouvernement français envoie un corps expéditionnaire assurer la reconquête coloniale du pays. Tout en protestant contre l’intervention militaire, le PCF décide de ne pas rompre la solidarité gouvernementale à cette occasion. Au nom de l’anticommunisme, les dirigeants socialistes défendent pour leur part une position « ultra ». Il en a coûté trente ans de guerre aux Vietnamiens.

On ne saurait surtout oublier les crimes commis au Viêt-Nam au nom des peuples -français puis américains- par les gouvernements et les états-majors. Le Viêt-Nam est devenu le bancs d’essai de nouvelles techniques et conceptions de la guerre contre-révolutionnaire. C’est déjà vrai pour la période française avec l’encadrement de la population, les ratissages, l’usage en grand des hélicoptères, le recours de plus en plus systématique à la torture : tout est bon pour briser le moral du « viet ». Les USA mobiliseront leurs immenses moyens industriels et scientifiques pour développer des armes de destruction massive (bombardiers B52, bombes de 500 kg ou à fragmentation, napalm et défoliants...) qui font des ravages parmi la population. L’aviation US a largué sur le petit théâtre d’opération indochinois deux fois plus de bombes que la totalité de celles utilisées durant la Seconde Guerre mondiale. Le Sud Viêt-Nam (le plus touché) a reçu « une tonne de bombes à la minute pendant trois ans » selon l’image du Washington Post (cité par Alain Ruscio dans le supplément de l’Humanité consacré à cette question).

L’industrie chimique est mise à contribution. En dix ans (1962-1971), l’aviation US a déversé cent mille tonnes de défoliants toxiques pour détruire cette végétation qui offre un couvert aux forces vietnamiennes. L’agent orange contient de la dioxine, particulièrement dangereuse. La guerre chimique menée par les USA provoque un véritable désastre tant en matière écologique que de santé publique : destruction des forêts de mangroves, empoisonnement des sols, présence de dioxine dans la chaîne alimentaire... Aujourd’hui encore, des enfants sont contaminés. Les spécialistes vietnamiens en étudient les conséquences : cancers (dont une leucémie), déficits immunologiques, malformations congénitales, atteintes du système nerveux...

Des Vietnamiens ont déposé plainte devant un tribunal de New York pour crime de guerre contre des firmes américaines (Monsanto, Hercules Inc., Dow Chemicals...). La plainte a été rejetée bien qu’en 1984, sept entreprises aient versé 180 millions de dollars à dix mille vétérans US. Mais une campagne de solidarité avec les victimes de l’agent orange est en cours : huit cent mille personnes ont déjà signé une pétition de soutien. (1) Un combat d’actualité.

(1) http://petitiononline.com/AOVN/. L’appel est publié sur ce site dans la sous-rubrique Vietnam (International)

ROUSSET Pierre

B) 30 avril 1975. Vietnam enfin libre (L’Humanité)

Avec la libération de Saigon, le Vietnam est enfin libre de toute emprise étrangère pour la première fois depuis cent vingt ans.

L’historien Alain Ruscio resitue la résistance d’un peuple lors des deux sales guerres de la seconde moitié du XXe siècle qui a mené à cette victoire.

Le ballet de fer et de feu des hélicoptères s’était mué en une fuite éperdue du haut de l’ambassade américaine à Saigon. Les occupants américains et leurs collaborateurs fuyaient dans une cohue anxieuse. La fi ction du régime du Sud s’e ondrait. Trente ans d’une guerre sans fi n s’achevaient par la déroute du plus puissant des pays au monde.

Les États-Unis pliaient devant un peuple qu’ils avaient noyé sous le napalm, l’agent orange et les tapis de bombes. La défaite, sous les caméras du monde, ouvrait, semblait-il, une nouvelle ère où les peuples auraient le dernier mot face à l’impérialisme qui avait pris le relais des anciens colonisateurs. En France, le 30 avril 1975 fut un moment de joie.

Ils n’étaient pas si nombreux ceux qui, avec les communistes et l’Humanité, s’étaient dressés contre la sale guerre d’Indochine, se couchant sur les voies des trains d’armes, s’opposant au chargement des navires qui approvisionnaient les troupes coloniales. La suite fut un long combat de solidarité associant aux militants de la première heure des progressistes, des chrétiens, des gens de coeur.

La figure rayonnante et modeste de l’Oncle Hô, Hô Chi Minh, symbolisait un peuple tandis que la photo d’une fi llette, le dos en fl ammes sous le napalm, devenait l’acte d’accusation irréfutable des crimes américains. La victoire ne signait pas la fi n des di” cultés pour ce peuple entravé par un sourd blocus. Il fallait reconstruire un pays dévasté, panser une nature défoliée, inventer un futur de paix. Le Vietnam s’est mis en marche, trébuchant parfois, se relevant toujours. Nous continuons à croire en son avenir.

Source : http://www.humanite.fr/30-avril-197...


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