Des fusils d’assaut et un missile « en parfait état » retrouvés chez des militants d’extrême droite en Italie

dimanche 28 juillet 2019.
 

L’opération, planifiée depuis plusieurs mois, s’est déroulée sans encombre. Lundi 15 juillet, dans la matinée, des perquisitions conduites par la DIGOS (direction des affaires générales et des opérations spéciales) italienne et ordonnées par le procureur de la République de Turin se sont tenues au même moment dans plusieurs locaux occupés par des militants proches des milieux d’extrême droite, dans plusieurs provinces du nord de l’Italie.

Ces perquisitions ont permis de mettre la main, à Rivanazzano Terme, dans la province de Pavie (au sud de Milan) sur un impressionnant arsenal : neuf fusils d’assaut, une mitraillette, des dizaines d’armes de poing, et, plus étonnant, un missile air-air de fabrication française, un Matra Super 530 F – « en parfait état de marche et utilisé par l’armée du Qatar », précise même un communiqué des forces de l’ordre. Dans leurs perquisitions, les hommes de la DIGOS ont également mis la main sur de nombreux objets à la gloire du fascisme et du nazisme.

Des croix gammées

Trois personnes ont été arrêtées : le propriétaire du hangar, un Suisse de 42 ans, et son associé italien de 51 ans, ainsi que Fabio Del Bergiolo, 60 ans, qui avait été candidat sur les listes du groupuscule néofasciste Forza Nuova lors des élections législatives de 2001. Dans l’après-midi, le parti d’extrême droite publiait un communiqué assurant n’avoir rien à voir avec cette affaire, Fabio Del Bergiolo ayant cessé tout rapport avec le groupe depuis des années.

Selon la police, ces hommes auraient cherché à monnayer le missile pour 470 000 euros. Celui-ci, une version modernisée du modèle R530 en service depuis 1980, est théoriquement d’une portée de 25 kilomètres. Mais sa mise en service sans avion semble, de l’avis d’un expert interrogé par l’Agence France-Presse, « extrêmement complexe ». D’ailleurs, dans leur communiqué, les policiers italiens ont exclu l’hypothèse que les suspects aient projeté de s’en servir.

Au total, les policiers ont annoncé avoir retrouvé neuf fusils d’assaut, une mitraillette Scorpion, trois fusils de chasse, sept pistolets, 20 baïonnettes, plus de 300 articles de tir comme des chargeurs, des silencieux, des lunettes et plus de 800 munitions de tous calibres, ainsi que la cabine de pilotage d’un avion de combat. L’ensemble était accompagné de matériel de propagande néonazie, dont une plaque bleue « Place Adolf Hitler » et des croix gammées.

Silence de Salvini

« C’est une saisie importante, avec peu de précédents en Italie », a déclaré à la presse le questeur (chef de la police) de Turin, Giuseppe De Matteis, tout en précisant qu’à ce stade les trois suspects ne semblaient pas liés aux extrémistes proches de Forza Nuova qui sont allés combattre au côté des séparatistes prorusses dans le Donbass (est de l’Ukraine) où une guerre oppose depuis 2014 les troupes de Kiev et des rebelles soutenus par Moscou. Le ministre de l’intérieur Matteo Salvini (Ligue, extrême droite), qui d’ordinaire ne manque pas de saluer le moindre coup de filet de la police, n’avait encore fait aucun commentaire sur cette opération mardi matin.

Dans la soirée de lundi, l’avocat de Fabio Del Bergiolo a assuré que son client était juste « un passionné d’armes, qui écrit dans des revues online, et qu’on pourrait comparer à un collectionneur d’objets archéologiques ». Avant d’assurer : « bien sûr, ces armes n’étaient pas détenues légalement, mais ce n’est pas rare de trouver des gens qui, par passion, se créent des problèmes. »

Jérôme Gautheret (Rome, correspondant)


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