ANIMAL L’agro-industrie contre les animaux… et les hommes

lundi 22 juillet 2019.
 

Le productivisme a transformé les animaux en simple matière première ou en donnée négligeable. Pour satisfaire aux exigences d’un marché mondial, ses variations subites, chacune des composantes du monde est exploitée : environnement, sols, animaux, mais aussi producteurs·trices évidemment. Les animaux des élevages intensifs ne sont plus que de la marchandise, dont il faut tirer le plus possible, pour vendre le plus possible, en résumé : être profitable. Les fermes-usines s’agrandissent : 1 000 vaches, 20 000 cochons, 200 000 poulets. Cela implique une organisation du travail qui néglige la souffrance, répand des maladies par la promiscuité, et acte l’impossibilité matérielle de prendre soin du vivant.

Le calvaire de l’élevage intensif

En France, environ 80% des animaux d’élevage sont enfermés dans le système intensif, où ils n’ont aucune liberté de mouvement, et ne sortent que pour aller à l’abattoir.

La viande « de bœuf » provient à 50% de vaches initialement exploitées pour leur lait. Elles ont un veau par an pour maintenir la production. Il leur est arraché non sevré pour le vendre aux humains. Sélectionnées pour produire quelques 25 litres par jour, elles ont souvent des inflammations des mamelles. Puis elles sont engraissées avant d’être abattues. 3% des vaches sont abattues gestantes, le veau étant considéré comme du déchet.

Les poules ont 68 % de chance de naître dans un élevage en batterie. Ceux-ci sont boycottés par les consommateurs, mais la filière s’est tournée vers les produits ultra-transformés de l’agro-alimentaire pour continuer à être rentable. Les poussins mâles sont broyés vivants ou gazés, étant inutiles à cette industrie. Les poulets dits « de chair » ne vivent que 40 jours. Leur litière n’est pas changée, ceux qui meurent sont rarement ramassés. Les espèces sont sélectionnées pour une croissance accélérée, leurs pattes les portent à peine. La densité peut atteindre 22 poulets par m². Ils seront tués pendus la tête en bas, trempée dans un bain électrique censé les étourdir, avant d’être tranchée.

Pour ce qui est des cochons, 95% sont élevés de façon intensive. Les truies sont inséminées artificiellement. Pendant leur gestation, elles passent 5 semaines en cage sans pouvoir bouger, puis allaitent également en cage. Les porcelets subissent ensuite le meulage de leurs dents et le coupage de leur queue (pour leur éviter qu’ils ne se mordent, faute d’autre occupation), et la castration pour les mâles, à vif. Cela permettrait d’éviter des « odeurs » à 5 % de la viande qu’ils seront bientôt. Enlevés rapidement à leur mère, ils vont prendre 100 kg en 4 mois et seront tués à moins d’un an.

Les lapins, cailles, poissons, animaux élevés pour leur fourrure, ne sont pas mieux lotis.

Le massacre des animaux sauvages

Tout juste tolérés, quand ils ne sont pas pourchassés, traqués, par jeu ou par « nécessité » purement artificielle que l’homme a provoquée en déséquilibrant les écosystèmes, ou utilisés comme spectacles, enfermés, apeurés, contraints à des conditions de vie incompatibles avec les impératifs biologiques de leurs espèces. Des cerfs sont pourchassés par des meutes, ivres de terreur, pour être saignés par « divertissement ». Des taureaux sont tués dans des spectacles sanglants. Des oiseaux sont piégés par de la glu, leur promettant une lente agonie. Des blaireaux sont déterrés dans leur terrier, semble-t-il « par tradition ». D’autres encore servent de cobayes à des expérimentations. Les océans sont vidés méthodiquement, poissons, cétacés, tous y passent.

Par commodité, les écosystèmes sont déséquilibrés, sinon détruits. L’artificialisation des sols progresse au rythme d’un département tous les 10 ans. Les pesticides, massivement utilisés dans l’agriculture, font des ravages sur les insectes. Les oiseaux qui s’en nourrissent disparaissent. Le CNRS alertait en mars dernier sur des disparitions de population d’oiseaux allant jusqu’au tiers en 15 ans. Ce rythme s’est encore intensifié ces deux dernières années. Un million d’espèces sont menacées, selon le dernier rapport de l’IPBES.

La maltraitance industrielle

Par de telles pratiques, l’homme s’est déshumanisé, oubliant qu’il est dépendant d’un écosystème compatible avec ses impératifs biologiques.

Castration et caudectomie des porcelets à vif, broyage des poussins mâles vivants, transports interminables. Les députés de la France insoumise ont défendu des amendements pour l’interdire. La majorité LREM l’a refusé, préférant « faire confiance à la filière ».

Mais les scandales de l’agriculture intensive s’enchaînent : poulets entassés, ramassés à la moissonneuse, vaches-hublot, transports de veaux non sevrés, etc. Il ne se passe pas un mois sans qu’une association ne dénonce les conditions d’élevage d’animaux enfermés dans le système agro-industriel.

En mai 2019, une Initiative Citoyenne Européenne a réuni le million de soutiens nécessaire pour obliger la Commission européenne à se prononcer sur la question de l’élevage en cage. Les sondages d’opinion montrent une désapprobation massive de ces pratiques.

Personne, sauf les actionnaires des grands groupes, n’y trouve son compte. Cela ne produit que de la malbouffe. Les exploitant·es agricoles ont une vie très dure, et des revenus très bas, croulant sous les dettes que le gigantisme les a contraints à contracter pour avoir des rendements concurrentiels. Un se suicide tous les deux jours en France. Les employé·es des abattoirs ont des conditions de travail très dures, devant s’habituer à une violence quotidienne.

Comment créer les conditions d’une insertion harmonieuse des hommes avec leur environnement pour en finir avec une telle organisation de la société ? Les insoumis mettent en avant l’écologie populaire comme méthode : réorganiser les modes de vie pour engager la transition écologique, par une politique de sobriété énergétique, d’augmentation des salaires, de protectionnisme solidaire. En matière d’agriculture et d’alimentation, ils proposent de cesser l’agriculture chimique et offrir des revenus corrects à celles et ceux qui y travaillent par le développement d’une agriculture écologique et paysanne, interdire les pratiques de maltraitance animale, réduire drastiquement la consommation de protéines carnées, protéger les sols et la biodiversité contre la prédation capitaliste, réinstaurer une harmonie de l’homme avec les autres animaux.

De tels changements ne peuvent passer que par la loi, par des mesures contraignantes, qui interdisent ce que la société décide de refuser, qui encadre ce qu’elle autorise, qui accompagne la transition de l’un vers l’autre. Il faut cesser de se berner avec les fadaises du consommateur qui agit et fait changer les pratiques : on a vu comment la filière trouve des débouchés pour les œufs de batterie. C’est à la société de décider de quelle organisation elle veut ou ne veut pas.

Le dérèglement climatique est commencé. Il a besoin de respirer, de boire, de s’alimenter, sans s’empoisonner. Il ne pourra survivre qu’en coopération avec toutes les composantes de l’écosystème.

Bastien Lachaud


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