Législatives grecques : La droite des milieux d’affaires écarte Tsipras et Syrisa

vendredi 12 juillet 2019.
 

Fin de partie pour Alexis Tsipras. Les conservateurs grecs de Kyriakos Mitsotakis ont écrasé, dimanche 7 juillet, la formation de gauche du premier ministre sortant, lors des premières élections législatives depuis que la Grèce a échappé à la faillite, selon les résultats partiels officiels. Alexis Tsipras a reconnu sa défaite face à son adversaire et a appelé au téléphone Kyriakos Mitsotakis pour le féliciter de sa victoire.

Arrivé en tête avec 39,8 % des suffrages, le parti de droite Nouvelle Démocratie détiendra 158 des 300 sièges que compte la Vouli, le parlement grec, selon les résultats officiels portant sur 94 % des bureaux de vote. Syriza, le parti de gauche d’Alexis Tsipras, qui a obtenu 31,5 % des voix, ne conservera quant à lui que 86 des 144 sièges qu’il avait dans l’assemblée sortante, les Grecs ayant sévèrement sanctionné cette formation, coupable à leurs yeux d’avoir « trahi » ses promesses et d’avoir imposé l’austérité.

Relance de l’économie

« Une période douloureuse se referme », a déclaré devant ses partisans présents en nombre au siège de la Nouvelle Démocratie, dans la banlieue sud d’Athènes, M. Mitsotakis, 51 ans, jurant aux électeurs d’être « à la hauteur de leurs espoirs ». « Je veux voir à nouveau ce peuple prospérer, je veux voir revenir les enfants qui sont partis », a encore dit le chef de file des conservateurs, qui sera investi lundi aux fonctions de Premier ministre.

Trois ans après avoir pris les rênes du parti conservateur, Kyriakos Mitsotakis, perçu comme un réformateur, proche des milieux d’affaires, a promis de « relancer l’économie » et de « laisser la crise derrière nous ».

« Une page se tourne », s’est félicité Giorgos, un militant de ND. « La psychologie des Grecs et des marchés sera désormais différente. Nous pouvons avoir confiance en l’avenir », a affirmé cet avocat venu « voir de près » le prochain chef du gouvernement. Efi Louka, une employée de la compagnie de téléphonie publique OTE, a fait le déplacement depuis Lamia (centre) pour « fêter ce changement ». « La Grèce a besoin d’investissements, d’un Etat qui fonctionne. Seul un dirigeant éduqué et expérimenté comme Kyriakos Mitsotakis peut apporter un changement constructif », estime-t-elle. L’élection de ce fils de Premier ministre, descendant d’une dynastie politique, signera le retour de la « familiocratie » au gouvernement grec, une tradition qu’Alexis Tsipras avait interrompue en accédant au pouvoir à l’âge de 40 ans.

Le chef du gouvernement sortant a pour sa part reconnu « la nette victoire » de son rival, après l’avoir félicité, promettant d’être « actif dans les rangs de l’opposition » et de se « relever ». Surgissant dans une Grèce en plein chaos, terrassée par la crise de la dette et la cure d’austérité imposée par ses créanciers, l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI), le jeune leader de gauche radicale Alexis Tsipras avait créé l’espoir, en janvier 2015, chez un peuple abasourdi par les faillites et les plans sociaux. Mais il a ensuite fait volte-face, forcé d’accepter un plan de sauvetage assorti de mesures sévères pour empêcher la sortie de la zone euro, ce que les électeurs ne lui ont pas pardonné.

Pari perdu de Tsipras

Sonné par un échec cinglant aux élections européennes et locales, fin mai et début juin, Alexis Tsipras, dont le mandat s’achevait théoriquement en octobre, a tenté un coup de poker risqué en convoquant lui-même ces élections anticipées au début de l’été, espérant inverser la vague de mécontentement. Mais M. Tsipras, habitué à remettre en jeu sa majorité, a visiblement cette fois perdu son pari.

Comme Kyriakos Mitsotakis, il avait battu le rappel des électeurs, craignant une forte abstention en ce début juillet, sous des températures étouffantes. Mais les Grecs ont préféré les urnes aux plages et ont voté à près de 58 %

« Nous avons appliqué une politique des finances impopulaire et pro bancaire, une recette qui conduit à l’usure », a confié à l’Agence France-Presse Nikos Xydakis, ex-député du Syriza et ancien ministre de la culture. Il a reconnu que son parti avait fait « trop de promesses » : « Nous avons cultivé ces promesses et les électeurs les ont aussi cultivées de leur côté et au lieu d’une confrontation, Syriza est entré en collision », a-t-il admis.

Troisième parti dans le nouveau parlement, le KINAL né sur les cendres du Pasok (socialiste), remporte 22 sièges, devant les communistes du KKE (15 sièges), le parti nationaliste de la Solution grecque (10 sièges) et le parti MeRa25 de l’ancien ministre des Finances de M. Tsipras Yanis Varoufakis (9 sièges).


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