Union Européenne Un nouveau parlement plus fragmenté

mardi 11 juin 2019.
 

En Europe, les résultats dessinent à peu près les mêmes contours qu’en France. Une légère hausse de participation et malgré un matraquage médiatique « progressistes contre nationalistes », un camp des libéraux qui n’a pas su faire barrage à la montée des extrême-droite. Il en ressort un nouveau Parlement européen plus fragmenté qui promet des débats musclés.

Pour la première fois depuis 1979 et les premières élections européennes au suffrage universel, les deux grands partis de droite et de gauche ne détiennent pas de majorité absolue au parlement européen. Si la droite européenne (PPE) reste la première force politique, elle perd une quarantaine de sièges. La CDU allemande fait elle son plus mauvais score historique. Les sociaux-démocrates perdent également une trentaine de sièges à l’échelle européenne, même s’ils se maintiennent voire remontent ici ou là, comme en Espagne et aux Pays-Bas.

Les Libéraux (+40 sièges), les Verts (+20 sièges) et l’extrême-droite font une percée. Cette dernière progresse cependant moins que prévu (Vox en Espagne à 6,2% contre 11% en Andalousie en décembre dernier) voire fait une contre-performance (Danemark, PVV néerlandais allié à Marine Le Pen, Autriche, Estonie). Le nouveau Parlement comptera 170 à 200 députés xénophobes mais qui siègent pour le moment dans des groupes différents. Il reste donc à voir si des organisations comme le Brexit Party de Nigel Farage (groupe EFDD), le PiS polonais (ECR), la Ligue italienne (ENF) ou le Fidesz hongrois (PPE) arriveront à s’entendre.

Le groupe de la Gauche Unie Européenne - Gauche Verte Nordique (GUE/NGL) n’a elle pas su tirer parti du tassement de la social-démocratie ni de la mobilisation pour le climat. Elle perd une dizaine de sièges, principalement en Allemagne, en Espagne, en Irlande et aux Pays-Bas. Elle progresse cependant dans quelques pays, notamment en Belgique avec l’entrée du PTB au parlement européen. Au sein de la coalition Maintenant le Peuple, le Bloco gagne 1 siège et la France insoumise dispose désormais de 6 élus (+4), quand la coalition Unidas Podemos en perd 5 et nos alliés du Nord de l’Europe conservent leurs sièges.

Le Royaume-Uni reste un cas à part où tout s’est joué sur la seule problématique du Brexit. Le champ s’est polarisé entre les partisans du Brexit dur (sans accord) qui récoltent 35 % des voix (Brexit Party, UKIP), et ceux du maintien dans l’UE aux conditions actuelles avec 40 % des voix (Libéraux-démocrates, Verts, nationalistes écossais, Change UK). Le Labour avec environ 14 % des voix et la troisième place et plus encore le parti conservateur avec 8 % des voix sont lourdement sanctionnés pour leurs messages perçus comme confus.

Et maintenant ?

Ce scrutin aura des répercussions pour les élections nationales à venir. Tsipras a immédiatement convoqué des élections anticipées. Le PiS polonais, le ÖVP autrichien et la Ligue italienne se trouvent renforcés avant les législatives à venir dans les prochains mois.

A l’échelon européen, les tractations commencent pour les postes à responsabilités, en particulier pour le poste de président de la Commission européenne. Les maigres résultats de la droite européenne mettent son candidat, l’Allemand Manfred Weber, en difficulté. Les chefs d’État et de gouvernement se réunissent le 28 mai pour en discuter et tenter de reformer une grosse coalition avec les Macronistes européens et pourquoi pas le soutien des verts européens.

Simon Neyhouser et Sophie Rauszer


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