26 mai : Une étape vers la tempête

mardi 28 mai 2019.
 

Le vote de dimanche prochain parait plus volatil que jamais auparavant. Tout est suspendu au niveau de participation des électeurs. Non seulement le niveau général, mais celui en particulier au sein de chaque famille politique. Si l’on en croit les sondages, les insoumis de 2017 sont ceux, et de très loin qui vont le moins voter. Pourquoi ? Mystère.

En réalité, les entreprises de sondages sont de plus en plus mises en difficulté par le contexte dégagiste qui s’impose actuellement. Il est à l’origine des innombrables arrangements que les « instituts » font avec la réalité parce que celle-ci est devenue structurellement instable.

À cela s’ajoutent d’autres handicaps plus profonds encore qui faussent les échantillons. Ainsi quand, dans certains secteurs populaires, les gens refusent de répondre aux enquêtes. Compte aussi l’obsolescence de certaines méthodes comme le passage par des tamis qui consiste à revoir les chiffres bruts à partir de votes du passé. Ainsi quand les sondeurs pondèrent leurs chiffres à partir de souvenirs des « votes précédents ». Cela pouvait avoir du sens dans les périodes où la répartition des choix étaient globalement stable d’une élection à l’autre. Mais après la vague dégagiste de 2017, quel sens cela peut-il avoir ? Par exemple corriger les résultats bruts de la France insoumise en 2019 par le niveau des votes du « front de gauche » de 2014, quelle pertinence politique cela peut-il avoir ?

Plus profondément dans ce contexte les milieux populaires adoptent un comportement désormais particulier. Ici, la culture de la Cinquième République est devenue un poison mortel pour le goût du vote. Persuadé que voter ne sert à rien entre deux élections du monarque présidentiel, le commun populaire se tient à distance de tout engagement hors de ce moment spécial. Nous avons déjà payé le prix fort pour cette façon de procéder. Ainsi quand nous n’avons recueilli que onze pour cent des suffrages aux législatives de juin 2017, à peine cinq semaines après avoir fait près de 20% à l’élection présidentielle. Cela pèse lourd contre nous dans cette élection européenne où pèse en plus un rejet profond pour l’Europe.

À quelques heures du scrutin, nous avons appris le résultat du vote des Pays-Bas. Le naufrage des sondeurs est total. Non seulement les instituts hollandais mais aussi ceux des instituts français. Spécialement celui de IPSOS, l’institut qui nous attribue systématiquement des scores très bas. Il annonçait à 10% les travaillistes hollandais et ceux-ci ont réalisé sept points de plus ! Et l’extrême droite fait six points de moins que les prévisions de Ipsos.

A ce niveau d’erreur, on peut dire que la valeur du travail sondagier est égale à zéro ! On peut mettre en cause l’engagement politique implicite de l’institut qui serait à la racine de tels errements. Mais nous ne pouvons pas le prouver. Je préfère donc en rester à l’explication que je viens de donner : la volatilité politique est due au dégagisme sous-jacent à toute la période.

Cette approche permet de mieux comprendre le sens que prend la journée de vote du 26 mai en France. Elle prend place dans une séquence longue dont la caractéristique est le dégagisme. Quoiqu’il donne, le vote du 26 mai sera dans tous les cas une étape de plus dans la crise politique que vit le pays. D’une façon ou d’une autre, ce sera le 28ème épisode du mouvement de fond dont l’action des gilets jaunes est la pointe visible en surface.

Le coup de balai en vue semble terrible. Car le pouvoir a concentré tous ses alliés au sein d’une même liste. Elle sera incroyablement minoritaire en pourcentage comme par rapport au nombre d’inscrits. Le pouvoir macroniste sera nu aux yeux de tous : il n’a pas de base sociale ni politique dans le pays. Pour l’instant on annonce 9,24 % des inscrits si l’on en croit les sondages actuels. À peine 4 millions de votants sur 47 millions de personnes inscrites en France.

Ce raisonnement s’applique bien sûr à toutes les composantes politiques. Mais il ne prend pas la même signification s’agissant du regroupement des partis qui constituent la majorité parlementaire et engagent des transformations radicales de l’organisation du pays. La France va donc entrer d’un pas de plus en zone de grandes turbulences.

D’où l’importance pour nous d’y être le recours positif. C’est cela que signifie notre appel à nous aider à être dans le peloton de tête de l’élection, devant Les Républicains. Notre raisonnement est que le tandem infernal Macron/Le Pen va vite montrer sa raison d’être : la garantie de durée du régime, son assurance vie.

Le moment venu, le dégagisme se donnera nécessairement un point d’appui en dehors de ce cercle. Il brisera le verrou. Nous analysons donc par avance l’élection comme un échec terrible du pouvoir à stabiliser le pays dans un attitude favorable au projet néolibéral qui domine l’Union européenne et dont Macron aura été le porte enseigne.

La France Insoumise est donc en mouvement sur cet objectif. Le succès de la liste conduite par Manon Aubry est un investissement que chacun peut faire pour entrer dans le futur immédiat de cette période. Une façon de dire que la France ne se résume pas à trois variétés d’une même réaction antisociale irresponsable devant l’état d’urgence écologique. Quand nous disons qu’il serait bon de donner de la force à une force c’est le message que nous envoyons contre l’éparpillement des énergies. La liste de Manon Aubry par sa composition sociale, politique et associative est une convergence à l’image du futur nécessaire pour la politique nationale.


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