Répression. À Nice, la police cible une figure syndicale

lundi 20 mai 2019.
 

À l’issue de la manifestation pour les services publics, jeudi, Olivier Sillam, enseignant et militant FSU, a été arrêté violemment et placé en garde à vue, sans raison apparente.

La place Garibaldi, à Nice (Alpes-Maritimes), a une nouvelle fois été le lieu d’un emploi disproportionné de la force par les policiers azuréens. Jeudi dernier, à l’issue de la manifestation pour la défense des services publics, à quelques mètres à peine de là où, deux mois plus tôt, la responsable d’Attac, Geneviève Legay, avait été bousculée lors d’une charge des CRS, lui fracturant crâne et coccyx, un militant syndical FSU s’est vu plaqué au sol, giflé, menotté et placé en garde à vue. Olivier Sillam, professeur d’histoire et ancien commissaire paritaire de l’éducation nationale, est accusé d’«  outrage, violence et rébellion  ».

La manifestation s’est pourtant déroulée dans un calme absolu. Au début de la matinée, les différents syndicats de la fonction publique rassemblent leurs troupes. Parmi les drapeaux de la CGC, se mêlent ceux du syndicat de policiers Alliance, dont plusieurs membres ne cachent plus leur sympathie pour les idées d’extrême droite. Olivier se saisit de son mégaphone et souligne l’incongruité de la présence de tels manifestants.

Le cortège se met en marche. «  La majorité des slogans lancés faisaient référence à la casse du service public, insiste le professeur, joint, samedi soir, par téléphone. Mais ils ont été aussi nombreux pour dénoncer les violences policières de ces derniers mois.  » Rien d’injurieux, assure le militant. Mais la pression monte et des agents de la brigade anticriminalité bordent le cortège au niveau des militants des syndicats SUD et FSU.

Conduit à l’hôpital, l’enseignant a écopé de 10 jours d’ITT

Arrivée sur la place Garibladi, la manifestation se dissout. Un hommage est rendu à Geneviève Legay, tandis que deux étudiants syndiqués à Solidaires et une militante de SUD sont discrètement interpellés, au prétexte qu’ils auraient tenu des propos injurieux à l’égard des policiers. Puis, deux agents se dirigent vers Olivier, lui reprochant la même chose. Lorsqu’il comprend qu’on va l’arrêter, l’homme lève les bras et appelle à l’aide. Il est alors violemment plaqué au sol. Sur de nombreuses photos, on observe trois policiers littéralement montés sur son dos. Parmi les agents à l’œuvre, deux stagiaires allemands arborent des insignes «  Polizei ». Devant les caméras, une syndicaliste d’Alliance, par ailleurs membre de la direction départementale de la sécurité publique, dit avoir entendu ­Olivier crier «  policier bâtard  » ou «  CRS-SS  ». Propos dont l’intéressé se défend absolument. Il va cependant passer, avec les trois autres militants, 24 heures en garde à vue, privé de ses lunettes et du traitement médical auquel il est quotidiennement tenu.

«  Nous étions très inquiets pour lui, explique Jean-François Vandamme, responsable du Snes au lycée Calmette, où Olivier enseigne. Tous les professeurs présents se sont rassemblés dès le vendredi matin. Nous avions simplement rédigé un texte de soutien, mais l’un d’entre nous a proposé que nous nous rendions au commissariat.  » Les cours ont été suspendus et près de quarante enseignants se sont rendus sur place, à l’issue de la garde à vue de leur confrère. Il a ensuite été conduit à l’hôpital, où on lui a délivré 10 jours d’ITT.

Pour l’enseignant, pas de doute  : cette «  arrestation est politique  ». Le député LR, Éric Ciotti, ne le fait d’ailleurs pas mentir, se fendant d’un grossier communiqué à charge sur les réseaux sociaux. Olivier peut cependant compter sur le soutien de la FSU et de la LDH. Cette dernière a dénoncé une énième «  provocation policière  » et une «  atteinte au droit de manifester  ». Olivier et ses camarades seront jugés le 19 décembre.

https://www.humanite.fr/repression-...

Émilien Urbach


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message