Communiqué de "Ni putes ni soumises en colère" sur l’entrée dans le gouvernement Sarkozy de Fadela Amara

lundi 25 juin 2007.
 

Fadela Amara n’a rien à faire dans un gouvernement dont la politique annoncée est d’ores et déjà responsable de la misère de nos cités !

Le choc est violent. La déception est immense. La blessure est profonde. Jamais nous n’aurions cru cela possible. Fadela notre camarade, notre amie, notre Présidente, a décidé de rejoindre un gouvernement de droite, présidé par Nicolas Sarkozy. C’est à peine croyable, pourtant la réalité est bien là.

Par ce texte nous voulons sortir un instant des réactions affectives et analyser la situation le plus objectivement possible.

Pour nous, comités locaux, responsables militants, bénévoles et sympathisants, la décision personnelle de Fadela Amara d’accepter, sans aucune concertation, la nomination au secrétariat d’Etat à la politique de la ville, ne devrait impliquer normalement en aucune façon le Mouvement Ni Putes Ni Soumises. Mais soyons sérieux, cette décision individuelle porte un rude coup à notre association et à notre combat commun. Ne pas le reconnaitre relève d’une grande hypocrisie. Si Fadela s’est vu proposer ce poste c’est parce qu’elle représente un combat collectif et non pour ses seules compétences personnelles. En acceptant de rejoindre ce gouvernement, Fadela Amara exprime publiquement que, selon elle, il y aurait une cohérence entre le combat qu’elle mène depuis 15 ans et son entrée dans ce gouvernement.

Nous pensons radicalement l’inverse.

Le mouvement Ni Putes Ni Soumises, dont Fadela Amara reste l’image emblématique, est né d’un formidable élan populaire en 2003 suite à la Marche des Femmes contre les Ghettos et pour l’Egalité.

Nous nous inscrivions comme les héritières des conquêtes féministes qui nous précédaient, nous permettant d’obtenir les droits à l’avortement et à la contraception.

Puis ensemble derrière NPNS, nombreuses sont les femmes à avoir manifesté leur volonté de briser la loi du silence et les différentes formes de violence qu’elles subissaient encore aujourd’hui, et notamment dans les quartiers. NPNS, après son Tour de France républicain et en soutenant le vote de loi de 2004 contre tout port ostentatoire de signes religieux dans les écoles publiques, s’est inscrit dans un combat féministe républicain et laïque, rejetant clairement l’affront des intégrismes de tout bord d’une part, et d’autre part défendant des valeurs progressistes et émancipatrices pour la condition des femmes et de la société dans son ensemble en refusant, au nom d’une tradition, le relativisme culturel.

Dans tous ces combats, et bien d’autres encore, NPNS a fait le lien entre l’oppression des femmes et les conditions économiques et sociales dans lesquelles les habitants des quartiers étaient plongés. Notre combat s’est toujours considéré comme la composante d’un tout, d’un combat global, pour l’émancipation de toutes et tous, pour une République sociale, féministe et laïque.

Ce gouvernement, en place depuis seulement quelques semaines, a pour sa part clairement annoncé ses objectifs : blocage du SMIC, "péage" pour l’accès à la santé, TVA sociale, cadeaux fiscaux pour les français les plus riches, restriction du droit de grève, expulsion de sans-papiers, etc. Un inédit Ministère de l’Immigration et de l’identité nationale a même été créé, dont la première proposition de loi vise à durcir les conditions de regroupement familial, à menacer les familles étrangères de supprimer leurs allocations familiales si leurs enfants ne se comportent pas bien. On pourrait ainsi allonger la liste.

Cette politique nous la connaissons depuis des années : c’est elle qui est responsable de la violence sociale et de la misère humaine qui se développe dans nos banlieues. Ce gouvernement ne rompt pas avec les politiques néfastes du gouvernement précédent. Il les amplifie, avec une politique toujours plus favorable aux puissants et toujours plus sévère avec les plus faibles. Le Président Sarkozy a fait campagne en disant que notre pays souffre d’un manque d’autorité, nous pensons avec détermination qu’il souffre d’un manque d’égalité.

Alors, qu’est-ce que Fadela vient faire dans cette galère ? Dans la presse, elle déclare : "J’ai accepté de rejoindre le gouvernement parce qu’on m’a assuré que ma liberté de parole serait respectée". Mais, que dit-elle dès à présent des premiers projets de loi présentés par le gouvernement dont elle est désormais membre ? Hélas, à notre connaisance rien. Et les silences d’aujourd’hui n’annoncent évidemment rien de bon pour la suite.

Nous sommes tristes de le dire mais Fadela Amara sera la "caution sociale" de ce gouvernement dont la politique est inspirée d’un libéralisme dur, qu’elle le veuille ou non, et même si elle exprime ses désaccords.

Non, vraiment, la décision de Fadela est intolérable parce qu’elle est incohérente avec tout ce qui a fondé nos combats passés.

Un dernier exemple illustre tragiquement cette incohérence. Le secrétariat d’Etat de Fadela est placé sous la tutelle de Christine Boutin, l’une des rares députés ouvertement provie. Christine Boutin a fait partie des marraines de la Trêve de Dieu, l’association qui faisait des commandos anti-IVG. Au moment des débats sur le PACS, Christine Boutin avait brandi une Bible à l’assemblée nationale. Farouchement opposée au principe de laïcité, Christine Boutin était invitée au congrès de l’UOIF (Frères musulmans) en 2006 au même titre que Hani Ramadan l’adepte de la lapidation des femmes adultères. C’est dire quelles sont les idées de Christine Boutin en matière de féminisme !

Alors non, la nomination de Fadela n’est pas une bonne nouvelle. C’est une tragédie.

Pour notre part, dans des conditions rendues plus difficiles, nous continuons notre combat.

Laïcité, égalité, mixité !!!

Signez cet appel en écrivant à cette [adresse |npnsencolere@club-internet.fr]


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