Un trou noir ne fait pas le printemps

mardi 23 avril 2019.
 

La semaine dernière pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous avons pu voir la photo d’un trou noir, cette prouesse technique venant parachever des années de recherches théoriques et mobilisant les moyens les plus avancées technologiquement. Il y a bien longtemps que nous ne sommes plus effrayés par la découverte d’une comète ou d’un astre nouveau dans le ciel. Plus grand monde ne croit que Jupiter règlerait seul du haut des cieux les mouvements des astres comme celui des hommes. Nous ne croyons plus aux prophéties.

Auparavant, il fallait croire pour savoir. Certes, la vie sociale et politique possède encore son cortège de croyances, de mythes et d’augures, comme le montrent les prédictions sondagières régulièrement commentées par ces prêtres et gardiens du temple que constituent les médiacrates. Ils ne cessent de vendre encore et encore la prose présidentielle et jupitérienne, épiant ses moindre mouvements de sourcils comme certains étaient conviés à venir observer les urines ou les selles royales. Il ne s’agit pas là de science bien évidemment. Le gouvernement ne se fiera pas plus aux résultats du Grand Débat pour changer de politique. Il a écrit le scénario avant même le résultat des consultations : inventant plus de 250000 réponses et occultant la moitié des doléances. Rien de neuf sous le soleil. Les mantras ultra-libéraux se poursuivent : moins d’impôts, moins de services publics, quand 21 semaines de mobilisation sociale demandent plus de services publics, plus de démocratie et plus de justice fiscale. Le Grand Débat était biaisé par avance, les revendications nous les entendons chaque jour dans la rue.

L’exemple de la privatisation d’Aéroports de Paris reste un modèle d’obscurantisme politique. Conformément aux injonctions européennes, il s’agit d’ouvrir un pan entier de la souveraineté nationale au privé. Aveugle à l’enjeu environnemental qui supposerait un contrôle étatique des infrastructure aériennes dans le cadre d’un plan de transition écologique, cette privatisation implique plus de trafic à moindre coût avec tous les dangers que cela suppose en matière de sécurité et d’empreinte écologique. Le recours au référendum d’initiative partagée par de nombreux élus pourrait ouvrir une consultation citoyenne. Rien n’y fait, muré dans sa religion du marché, le ministre de l’Économie y voit l’action du nouveau diable et dénonce le populisme de la démarche. Demander au peuple plutôt qu’aux experts, aux citoyen.e.s plutôt qu’aux prêtres du libéralisme, voilà pourtant la solution.

Benoît Schneckenburger


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