Amiens 10 avril : Meeting insoumis, unitaire et populaire de Mélenchon, Aubry, Ruffin et Becker

mercredi 17 avril 2019.
 

1) À Amiens, un rassemblement insoumis, unitaire et populaire

Source : https://www.politis.fr/articles/201...

Au premier abord, rien ne différencie le meeting des Insoumis, qui s’est tenu le 10 avril à Amiens, des autres. Au premier regard, seulement. Que Manon Aubry, tête de liste de la France insoumise pour les élections européennes ou Jean-Luc-Mélenchon, en queue de peloton, soient présents n’a en effet rien de surprenant. Mais que François Ruffin, le député du cru habituellement peu enclin à prendre part aux campagnes et autres rassemblements du mouvement s’affiche à leurs côtés l’est un peu plus. L’ancienne syndicaliste des Goodyear, Evelyne Becker, 17ème sur la liste complétait l’affiche. « Ce sont quatre personnes que rien ne prédestinait à être ensemble, constate Bastien Lachaud, député de Seine-Saint-Denis et directeur de la campagne pour les élections européennes, je vous aurais dit ça il y a six mois, vous l’auriez cru ? »

Pour l’occasion, François Ruffin avait mis les petits plats dans les grands pour accueillir les candidats européens sur ses terres. Au menu : une ballade en ville et quelques vidéos et photos devant un van jaune estampillé « J’veux du soleil », en référence au film de Gilles Perret sur les Gilets jaunes tourné avec celui que tous appellent le « député-reporter » ; une rencontre avec les anciens employés de l’usine Whirlpool et son sous-traitant Prima ; et un grand meeting, le soir, au complexe Mégacité, en périphérie de la ville durement touchée par les délocalisations.

« Amiens est un symbole de la destruction européenne », rappelle Bastien Lachaud. Délocalisations, chômage de masse… « C’est un tsunami silencieux », explique François Ruffin aux candidats pour les élections européennes, « Goodyear, Whirlpool… même nos pommes de terres Flodor ont été délocalisées », indique-t-il à Manon Aubry, Jean-Luc Mélenchon et Evelyne Becker durant la rencontre avec les anciens salariés. Ce discours, il le tiendra également quelques heures plus tard, quand, devant un millier de personnes, il endossera le rôle de chauffeur de salle pour la jeune tête de liste et le leader de la France insoumise. Car à Amiens, les Insoumis ont mis l’accent sur l’impact (néfaste) des politiques libérales et ont dénoncé le mythe d’une « Europe qui protège ». Durant plus d’une demie heure, le député de la Somme reviendra sur les différents traités européens et fustigera, pêle-mêle, le libre-échange, la concurrence libre et non faussée et les multiples reniements de la gauche, enjoignant les électeurs à « dire Manon à Macron ».

Le populisme en terre frontiste

Dernier orateur, Jean-Luc Mélenchon a commenté, notamment, l’interview donnée au Parisien par la tête de liste de la République en marche, Nathalie Loiseau, le matin même. L’ancienne ministre chargée des Affaires européennes y plaide pour un Smic équivalent, au moins, à la moitié du salaire médian. « En France, cela ferait moins de 900 euros », a-t-il rappelé.

Les Insoumis avaient pourtant, pour l’occasion, remisés leurs discours les plus radicaux, notamment sur les questions de sortie de l’Union européenne. « La France n’est pas une île, elle ne doit pas tourner le dos au continent, elle ne doit pas lui montrer son cul », a prévenu François Ruffin. Car dans les Hauts-de-France plus qu’ailleurs, les Insoumis marchent sur des oeufs. Dans cette région la candidate du Front national (désormais Rassemblement national), Marine Le Pen, est arrivée en tête du premier tour de l’élection présidentielle. Alors, pied à pied, ils déconstruisent son discours et affichent leur soutien aux immigrés, pour marteler leurs différences avec le RN.

L’adversaire, selon le député de la Somme est « le banquier, pas les immigrés ». Exit, cependant, les attaques ad hominem à l’encontre de la présidente du Rassemblement national. « Je ne suis pas d’accord pour qu’on la traite de bête de foire », a estimé Jean-Luc Mélenchon sous les applaudissements. « Moi-même quand j’ai dit qu’elle était semi-démente, j’ai précisé que ça lui laissait une bonne moitié », a plaisanté le leader des Insoumis.

Mais plus encore que le RN ou la Macronie, l’ennemi à combattre, dans la Somme comme ailleurs, c’est l’abstentionnisme. « Le risque ici, ce n’est pas la vague Bleu marine, c’est la vague "à quoi bon" », glisse un proche de la France insoumise. Alors tous appellent les personnes venues assister au meeting à se rendre aux urnes le 26 mai prochain. « Nous voulons incarner la fierté populaire retrouvée, la fierté des fonctionnaires, des enseignants, des infirmières, des conducteurs de trains, des retraités fiers de leur vie de labeur ! Cette liste c’est aussi la fierté d’une jeunesse qui prend à bras le corps le changement climatique », a tonné Manon Aubry en conclusion, sous les cris de « résistance ! » scandés par la salle, chauffée à blanc. « C’est un grand moment, les gens, si on a un bon résultat, on donne la pêche à toute l’Europe »__, a renchéri Jean-Luc Mélenchon.

En légère hausse dans les sondages commandés par les médias, les Insoumis atteignent, pour l’heure, 9% des intentions de votes. Selon les leurs, le résultat sera bien plus haut. « Je ne vois pas pourquoi on ferait moins qu’aux législatives », glisse l’un d’entre-eux. Soit 11,3% au premier tour. La route est encore longue...

par Agathe Mercante publié le 12 avril 2019

2) Vidéo du meeting

Pour visionner la vidéo de ce meeting, cliquer sur l’adresse URL portée en source (haut de page, couleur rouge).

3) Compte-rendu par le journal Le Monde (extrait)

L’inversion des courbes sondagières semble désormais amorcée. LFI est repassée devant Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et l’IFOP donne la liste de Manon Aubry à 9 % des intentions de vote (EELV, 7 % ; PS, 5,5 % ; Génération. s, 3 % ; PCF 3 %). De quoi rassurer les stratèges insoumis à moins de deux mois du vote. Autre source de satisfaction pour les mélenchonistes : leur emprunt populaire, lancé le 31 mars, est un succès avec près de deux millions récoltés en moins de quinze jours.

Mercredi, La France insoumise a donc tenu à montrer une unité sans faille. MM. Mélenchon et Ruffin ainsi que Mmes Aubry et Becker ont rencontré, dans l’après-midi, des anciens salariés des entreprises Whirlpool et Prima, le sous-traitant du groupe. Un symbole fort dans le fief du député de la Somme qui a fait de ces dossiers, ses principaux combats.

Le soir, devant la salle comble du Mégacité à Amiens, où un millier de personnes chauffées à blanc étaient réunies, M. Ruffin a fustigé les traités européens « rédigé par les financiers », le libre-échange, la concurrence libre et non faussée, au cœur de la construction européenne, selon lui. Lisant ses notes, mais avec un talent certain et une bonne dose d’humour, le « député reporter » s’est « échiné à montrer » que l’adversaire est « le banquier, pas les immigrés ».

« Il y a vingt ans, il y avait quatorze entreprises dans le département. Aujourd’hui, il y en a cinq. Même les chips sont parties. Quand on perd les patates en Picardie, qu’est-ce qu’il va nous rester ? », a-t-il lancé.

« La France n’est pas une île, ce n’est pas la Grande-Bretagne, elle ne doit pas tourner le dos au continent, elle ne doit pas lui montrer son cul », poursuit-il encore, comme pour dire qu’il n’est pas pour une sortie de l’Union européenne (UE). Et d’appeler au vote le 26 mai : « Ne pas voter, c’est voter Macron. Dites Manon à Macron ! » Puis faisant référence aux « gilets jaunes », nombreux dans l’assistance : « Contre le banquier à l’Eysée, il faut le bout de papier dans l’urne. Mais il faut aussi la rue. »

« Fierté populaire retrouvée »

« On va continuer à se battre, on entend votre colère, on entend votre désarroi, on sera à vos côtés », a promis de son côté Manon Aubry, s’adressant aux salariés en lutte présents au meeting. « Leur modèle détruit la planète, mine les droits sociaux », a-t-elle résumé. Elle aussi a fustigé la libre concurrence et le libéralisme de l’Union européenne, mettant en avant la « fierté populaire retrouvée » de la liste qu’elle conduit, « contre l’argent roi qui veut tout décider ».

C’est Jean-Luc Mélenchon qui a conclu la soirée. « François Ruffin est un atome libre, Manon Aubry est un atome libre. Moi aussi je n’en fais qu’à ma tête », a-t-il lancé dans un sourire. Enrhumé, la voix donc un peu enrouée, le tribun a longuement rendu hommage aux « gilets jaunes » qui « rallument la flamme révolutionnaire de la France ». Il a aussi rappelé son « exigence rigoureuse de cohérence des idées » et du rassemblement autour du programme de La France insoumise : « C’est notre responsabilité d’avoir avec tout le monde des débats au fond pour savoir si on peut s’accorder. » Comme une manière de donner rendez-vous pour l’après élections européennes et préparer les municipales de 2020.

Abel Mestre (Amiens, envoyé spécial)


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