Acte 17 : un tour de chauffe pour se préparer à la mobilisation samedi prochain, fin du « grand blabla »

vendredi 15 mars 2019.
 

Malgré les vacances scolaires, ils étaient encore nombreux pour ce 17ème samedi de manifestation. Si les grands médias tournent en boucle sur les chiffres de participation dite « la plus faible depuis le début du mouvement », c’est pour mieux occulter la journée qui s’annonce clé, une journée dans toutes les têtes, celle du 16 mars au lendemain de la fin du Grand-Débat pour l’acte 18. Une journée qui marquera aussi les 4 mois du mouvement.

La rhétorique de l’essoufflement du mouvement est sans cesse rabâchée, depuis 4 mois (début du mouvement) ! Ils seraient donc… 29000 manifestants selon la police mais 90000 manifestants selon la plateforme « Le Nombre Jaune » qui comptabilise depuis plusieurs semaines maintenant la mobilisation.

Pourtant, qui aurait dit qu’après quasiment 4 mois de manifestation hebdomadaire, il y aurait tout simplement encore des manifestations ? Là encore les grands médias jouent la prophétie auto réalisatrice de l’essoufflement qu’ils tentent de faire ingurgiter semaine après semaine, le tout sans dire mot des vacances scolaires où même du fait que nombre de Gilets jaunes ont préféré se reposer en vue de la mobilisation pour l’acte 18 (fin du grand débat). Et certains éditorialistes ne s’y trompent pas comme Nelly Daynac journaliste de l’Edition du Soir sur CNEWS ; elle introduit même le débat en disant « 29000 manifestants aujourd’hui, mais essayons de discuter sans regarder uniquement les chiffres, mais le fond ».

En effet, le problème n’est pas tant le chiffre que l’empreinte profonde laissée par le mouvement des gilets jaunes 4 mois après le 1er Acte qui a mis en crise Macron-Jupiter qui restait terré et n’osait même plus sortir de chez lui.

Toujours déterminées et en colère, les femmes en luttes aux avant-postes

Ils étaient donc nombreux sur Paris et en Province, malgré les vacances et la pluie, à être dans les rues de France, rejoints pour la première fois sur Paris avec une tête de cortège féministe, haut en couleur et en slogan, composé d’organisations syndicales de la CGT, Solidaires et FSU, mais également des assistantes maternelles, le groupe comme celui des Femmes Gilets Jaunes ou également le premier cortège en France « Du Pain et Des Roses » composé de cheminotes, de travailleuses précaires et d’étudiantes.

Il était important au lendemain de la journée internationale du 8 Mars, de continuer à faire vivre la lutte contre les violences sexistes et économiques faites aux femmes, en le liant à la lutte des gilets jaunes. C’est ce que nous dit Laura, cheminote et militante dans le cortège féministe Du Pain et Des Roses, « C’est important de montrer que les premières personnes touchées par le cout de la vie, la baisse du pouvoir d’achat, ou encore les bas salaires, sont les femmes, c’est pour cela qu’elles sont nombreuses depuis le début du mouvement des gilets jaunes, il faut savoir par exemple que 82% des travailleurs pauvres sont des femmes ». Ces femmes ont voulu montrer clairement que le capitalisme et le patriarcat doivent être combattus, non pas de manière isolée, mais au sein même des luttes sociales.

Une initiative saluée par de nombreux gilets jaunes, qui revendiquent la nécessité de prendre en compte toutes les formes d’oppression.

Les représentants LREM sur les plateaux télé, ne veulent pas refaire la même erreur qu’au moment de la période de vacances de fin d’année, en se gargarisant de la baisse de mobilisation lors des Actes 6 et 7. Le Gouvernement aura appris à ses dépens qu’il ne fallait plus sous-estimer, la capacité des gilets jaunes à revenir plus fort après une période de vacance.

Cap sur l’acte 18 !

Les gilets jaunes annoncent déjà une convergence avec de nombreux syndicalistes qui appellent à rejoindre les cortèges de gilet jaune pour l’Acte 18, ainsi qu’une importante mobilisation pour le climat ce jour-là. Les spécialistes, ont pu également remarquer la présence de plus en plus de drapeaus algériens, rappelant le lien avec ce qu’il se passe dans le pays contre le gouvernement Bouteflika. À Bordeaux des centaines de Gilets Jaunes, lancent « Police partout, justice nulle part », après que dans sa prise de parole à la suite d’un concert sauvage de HK Saltimbanque, un gilet jaune explique « Nous devons avoir une pensée pour ces 2 jeunes, morts des mains de la police, quand on voit comment ils répriment les gilets jaunes, on comprend ce qu’il se passe dans les quartiers populaires maintenant ».

C’est dans la lutte que l’expérience des masses se fait, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce mouvement a su évoluer et commencer à se chercher des alliés notamment, comme les militants syndicaux à la base, très nombreux toujours dans les cortèges, ou en soutenant des ouvriers contre les fermetures d’usines, ou en se montrant solidaire des jeunes des quartiers Adam et Fatih tuées par la BAC, comme en a témoigné le soutien d’Eric Drouet, ou dans la condamnation des actes antisémites. Les gilets jaunes progressent dans leurs consciences et ont compris depuis plusieurs semaines maintenant, qu’il était nécessaire d’élargir leur mouvement pour le renforcer face au gouvernement.

Fin du Grand Débat, Algérie, Assurance Chômage, Gilet Jaune, l’exécutif dans le doute !

On pourrait penser que le gouvernement serait satisfait d’avoir réussi à restaurer l’ordre ou encore en réussissant relativement à reconquérir une partie de sa base sociale étroite, mais toutes bonnes choses à une fin et le gouvernement en a conscience. L’éditorialiste Anne Saurat nous explique que « le gouvernement essaye de voir comment il peut rallonger la fin du grand débat le plus longtemps possible pour éviter de donner les conclusions dans cette période ». On annonce déjà qu’aucune prise de parole du Président ne se fera avant la Mi-Avril. Voila donc la stratégie du gouvernement, jouer le pourrissement le plus longtemps possible pour éviter que les sondages en faveur de Macron ne s’inversent.

Cependant malgré la politique politicienne, la crise sociale elle est bien réelle et ne passera pas avec la montre, c’est en tout cas le marqueur important de ce mouvement des gilets jaunes. « On ne se débarrassera pas de nous comme ça, on ne lâchera rien, tant qu’on ne sera pas entendu dans nos revendications, le Grand débat c’est du Grand Blabla, nous on veut des vrais solutions » voila les mots d’un gilet jaune, qui symbolise la situation dans laquelle ce trouve le gouvernement. Stephane Sirot spécialiste des mouvements sociaux, explique au micro de BFM TV « je ne vois pas comment le gouvernement pourrait reprendre la main cette fois ci… Macron ne démissionnera pas, il ne mettra pas en place le RIC, ni le rétablissement de l’ISF, rien non plus pour les bas salaires, on voit difficilement comment le mouvement pourrait s’arrêter »

Le Gouvernement a conscience qu’il est pris en étau aujourd’hui, avec d’un côté la nécessité de maintenir son bloc bourgeois renforcé derrière la liste LREM aux européennes et de l’autre il sait pertinemment que sans de grandes annonces, le mouvement des gilets jaunes ne s’arrêtera pas. De plus le cauchemar de Macron avec la situation algérienne se confirme avec encore une dernière journée de mobilisation historique. Le gouvernement a conscience que le printemps est une vraie poudrière pour la lutte, surtout s’il continue à balader les gilets jaunes, dans des réponses inadaptées à la crise. La hausse des prix du gaz et de l’électricité à partir du 31 Mars prochain déjà retardé de 3 mois pour ne pas chauffer les esprits en janvier, ne va rien arranger, d’autant plus que le prix de l’essence est en train de repartir à la hausse avec la crise du plus grand producteur de pétrole à savoir le Venezuela.

La conjoncture peut être explosive, si seulement le mouvement ouvrier à la base se mettait à la hauteur de la détermination des Gilets jaunes.

Macron est en réalité très faible, même s’il parade des heures dans des débats, en maraude ou au salon de l’agriculture ; il surjoue car il sait que le vent va tourner tôt ou tard et même une victoire quasi assurée aux européennes ne changera rien pour la suite de son quinquennat, si la crise perdure.


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