Printemps arabe 2019 en Algérie

jeudi 7 mars 2019.
 

11) 5 mars : nouvelles manifestations et mise en garde de l’armée

Source : AFP

Plusieurs milliers d’étudiants ont encore défilé mardi à Alger et plusieurs villes d’Algérie contre la 5e candidature du président Abdelaziz Bouteflika, rejetant ses promesses de réformer et de ne pas aller au bout de son éventuel nouveau mandat.

Tandis que les étudiants manifestaient, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, a averti que celle-ci serait la garante de la "sécurité" et la "stabilité" face à ceux —qu’il n’a pas nommés— qui veulent ramener l’Algérie aux années de guerre civile (1992-2002).

"Hé Bouteflika, il n’y aura pas de 5e mandat" ou "Ramenez les commandos de l’armée et la BRI (unité d’intervention de la police), il n’y aura pas de 5e mandat", ont notamment chanté les étudiants toute la journée dans le centre d’Alger, applaudis par des passants et soutenus à coups de klaxons par les automobilistes.

Sans incident, des cortèges de milliers d’étudiants parfois accompagnés de leurs professeurs ont également défilé à Oran, Constantine et Annaba, les trois plus grandes villes du pays après Alger, ont constaté des journalistes de médias algériens sur place.

Des manifestations importantes se sont également déroulées à Béjaïa, Tizi-Ouzou et Bouira, principales villes de la région de Kabylie, dans le nord du pays, mais aussi à Blida (nord), Sétif (nord-est) ou Tlemcen (nord-ouest, selon les médias algériens.

Dans la capitale, où les manifestations, interdites depuis 2001, sont désormais quasiment quotidiennes depuis dix jours, les étudiants des différentes universités d’Alger se sont donné rendez-vous via les réseaux sociaux devant la Grande-Poste, bâtiment emblématique au coeur de la ville.

Dans une ambiance festive, ils ont défilé toute la journée à l’intérieur d’un périmètre bouclé par la police dans le centre d’Alger.

La police, déployée en nombre, a laissé faire, se contentant de faire évacuer sans heurts en fin d’après-midi la place de la Grande-Poste, devenue une immense agora de milliers de personnes.

Elle a aussi évacué une avenue non loin, que les Algérois avaient transformée en longue promenade profitant de la décision de couper la circulation.

Le président Abdelaziz Bouteflika, 82 ans et affaibli depuis 2013 par les séquelles d’un AVC, est la cible d’une contestation inédite depuis son élection à la tête de l’Etat il y a 20 ans. Les manifestations ont été déclenchée par l’annonce de sa volonté de briguer un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril.

Sa candidature, enregistrée dimanche par le Conseil constitutionnel, a été assortie d’engagements destinés à calmer la colère : ne pas aller au bout de son mandat et quitter le pouvoir après une série de réformes profondes notamment.

- "Non, c’est non !" -

Mais ses promesses n’ont pas réussi à apaiser la contestation, bien que le camp présidentiel estimait la veille qu’elles répondaient "pleinement" aux revendications des manifestants.

"Non, c’est non ! Il n’a pas compris le message du peuple ? On va lui faire comprendre aujourd’hui et encore plus vendredi", premier jour du week-end et journée de mobilisation massive ces deux dernières semaines, assure Selma, étudiante en mathématiques à Alger.

Wassim, 22 ans, étudiant en informatique, a comparé le chef de l’Etat "à un mari qui bat sa femme et, alors qu’elle demande le divorce, lui demande de rester un an de plus, le temps qu’il lui trouve un nouvel époux".

La carotte semblant n’avoir pas fonctionné, le général Gaïd Salah a donc mardi agité le bâton.

Il a accusé la contestation d’être le fait de "certaines parties", qu’il n’a pas nommées, "dérangées de voir l’Algérie stable et sûre" et désireuses de ramener l’Algérie aux "années de braises", une référence à la décennie noire de guerre civile qui a fait officiellement 200.000 morts et qui a traumatisé le pays.

Le général a ensuite appelé les Algériens "à s’ériger en rempart contre tout ce qui pourrait exposer l’Algérie à des menaces aux retombées imprévisibles".

Face aux manifestations que rien ne semble pour l’heure endiguer, le camp présidentiel a mentionné à plusieurs reprises le risque d’un retour du pays aux "années noires", auxquels M. Bouteflika est crédité d’avoir mis fin.

Mais au-delà de M. Bouteflika, c’est l’ensemble de la caste dirigeante qui est visée par les manifestants. "Dites aux voleurs que nous n’allons pas nous taire", scandent-ils.

A Béjaïa, à 180 km à l’est d’Alger, l’ordre des avocats a appelé ses membres à ne plus assurer de défense à partir de mercredi, à l’instar de leurs collègues de Constantine (nord-est). Et les enseignants algériens doivent se prononcer d’ici peu sur une possible grève.

"Votre crédit santé est insuffisant pour effectuer ce mandat", indique une pancarte d’un manifestant à Alger, à l’adresse du président Bouteflika. Hospitalisé en Suisse il y a près de dix jours pour, officiellement, des "examens médicaux périodiques", son retour n’a toujours pas été annoncé.

Sur un trottoir d’Alger, deux femmes âgées regardent d’un oeil bienveillant les étudiants manifester. "J’espère que tout cela portera ses fruits", dit l’une.

10) Le régime dictatorial face à une déferlante populaire

https://www.youtube.com/watch?v=G53...

9) Vidéo : violentes manifestations à El Meghaier

https://www.youtube.com/watch?v=Hg0...

8) Soutien au peuple algérien : Appel à rassemblements en France dimanche 3 mars

7) Le peuple algérien veut choisir son futur

De puissantes manifestations populaires ont lieu en Algérie suite à l’annonce de la candidature du président Bouteflika, malade, à un cinquième mandat.

« Lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil Constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement. »

Ainsi commence l’article 102 de la Constitution algérienne, adoptée par la voie d’un référendum à l’issue d’une importante révision menée en 1996, sous la présidence de Liamine Zeroual, en pleine « décennie noire » de terrorisme islamiste.

En novembre 2008, alors proche du terme de son second mandat, Abdelaziz Bouteflika demande et obtient du Parlement algérien une révision constitutionnelle qui n’a qu’un seul but : supprimer la limitation des mandats présidentiels successifs, alors fixée à deux.

Elu en 1999, puis en 2004, il est ainsi réélu en 2009 pour un troisième mandat. La dégradation son état de santé au cours des années 2000 le conduit à de logues et nombreuses hospitalisations, notamment en France, au Val-de-Grâce et à Grenoble. C’est un président résolument malade, ayant subi une attaque cérébrale et qui n’apparaît déjà presque plus en public, qui se présente en 2014 à l’élection présidentielle pour un quatrième mandat.

S’ensuit une campagne complètement absurde : le candidat Bouteflika n’apparaît pas une seule fois lors d’un meeting, ne prononce pas le moindre discours et se présente très affaibli, sur un fauteuil roulant, au bureau de vote le jour du premier tour. Il obtient malgré tout, selon les chiffres officiels, une victoire éclatante avec plus de 81 % des voix.

Le 10 février, les Algériens apprenaient l’officialisation de la candidature de celui dont la dernière prise de parole remonte au mois d’octobre 2014, il y a plus de quatre ans.

Dans les jours qui ont suivi, les premiers sit-in sur les places publiques se sont très rapidement mués en une mobilisation massive, qui s’est diffusée à travers l’ensemble des régions du pays comme une traînée de poudre. Plusieurs centaines de milliers d’Algériens ont manifesté le vendredi 22 et les jours suivants pour rejeter catégoriquement l’hypothèse d’un cinquième mandat pour le président sortant. La journée du mardi 26 février, avec ses centaines de milliers d’étudiants dans les rues, a été une nouvelle étape réussie, le second temps fort d’une mobilisation qui touche désormais toutes les professions, toutes les couches de la société algérienne.

Il faut dire que ces cinq dernières années, la situation des Algériennes et des Algériens n’a cessé de s’aggraver. La dépendance pétrolière, alliée à la chute du cours du baril et à la faiblesse du dinar, a provoqué une crise économique majeure : chômage en forte hausse, retour d’un niveau d’inflation insoutenable, … Devenue budgétaire, la crise s’accompagne désormais de restrictions de plus en plus en fortes.

Les revendications des manifestants vont bien au-delà de la seule question de l’élection à venir. Les Algériens réclament une refondation démocratique profonde et sont de plus en plus nombreux à évoquer la nécessité d’un processus constituant devant conduire le peuple à se doter d’institutions nouvelles. Face au pouvoir, dont l’attitude oscille encore entre le mépris et l’indifférence, la mobilisation continue à s’amplifier. Contre le « mandat de la honte » et pour un nouvel ordre démocratique

Ali Seriani

https://heuredupeuple.fr/le-peuple-...

6) Un printemps algérien ? (par Pascal Boniface)

https://www.youtube.com/watch?v=p1H...

5) Algérie : Les étudiants dans la rue : les manifestations s’intensifient

https://www.youtube.com/watch?v=fA5...

4) « Les manifestions expriment un ras-le-bol contre un système qui verrouille l’Algérie depuis 1962 »

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a annoncé qu’il briguait un cinquième mandat consécutif à la tête du pays. Mais la population montre de plus en plus de signes d’impatience et beaucoup appellent publiquement à une alternance politique. Pour en parler, Akram Belkaïd, journaliste au Le Monde diplomatique spécialiste du monde arabe, est l’invité de La Midinale.

https://www.youtube.com/watch?v=g1c...

3) La population algérienne dans la rue (Ensemble)

L’officialisation de la candidature de Bouteflika à un cinquième mandat présidentiel le 10 février dernier, si elle a été soutenu par les partis de la coalition gouvernementale (FLN, RND…) et largement approuvée par la galaxie opaque des « décideurs » (généraux et anciens généraux à la retraite reconvertis dans les affaires, import-export notamment) a été peu appréciée par la population algérienne qui le fait savoir clairement : ce sont des milliers de personnes qui ont manifesté pacifiquement dans les rues de dizaines de villes, d’Alger à Tamanrasset et d’Oran à Annaba le vendredi 22 février, et ceci malgré l’interdiction de manifester à Alger en vigueur depuis 2001. Appelées sur les réseaux sociaux en dehors des partis politiques largement décrédibilisés, les manifestations se sont déroulées dans le calme, malgré les forces de sécurités bien présentes qui ont parfois utilisé les gaz lacrymogènes et procédé à quelques arrestations.

Ces manifestations sont les plus importantes depuis la fin de la « décennie noire », véritable guerre civile ayant opposé le pouvoir aux groupes terroristes islamistes qui avait fait entre 150 000 et 200 000 morts. Pour la première fois depuis 20 ans, il semble que les manifestants et manifestantes, jeunes principalement, n’aient plus peur, que la crainte d’un retour de la violence soit passée au second plan. Et ces manifestations continuent : dimanche, c’est le collectif « Mouwatana » (citoyenneté) qui prône le boycott de l’élection présidentielle qui a appelé à manifester, mardi le relais a été pris par les étudiants et pour vendredi (le jour férié), les appels à manifester se multiplient. Il semble bien qu’un mouvement citoyen commence à se mettre en place en Algérie et l’on ne peut que s’en féliciter.

Le 27 février 2019

2) Algérie - Nouveaux rassemblements contre un 5e mandat d’A. Bouteflika

https://www.youtube.com/watch?v=H2b...

1) Les manifestations contre le 5è mandat de Bouteflika à travers l’Algérie (vidéo algérienne prise par un manifestant)

https://www.youtube.com/watch?v=Bg3...


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