29 mars 1973 Les derniers soldats US quittent le Vietnam

samedi 30 mars 2024.
 

- 27 janvier 1973 Accords de Paris sur le Vietnam

- 29 mars 1973 Les derniers soldats US quittent le Vietnam

Le 27 janvier 1973, à Paris, sont signés les accords 
qui aboutiront, deux ans plus tard, à la fin de la guerre. 
Le peuple vietnamien a fait plier l’impérialisme américain, mais le régime de Saigon est toujours en place, porté à bout de bras et surarmé par Washington.

Paris, 13 mai 1968. En plein cœur des « événements », les délégations de la conférence de Paris sur le Vietnam se rencontrent pour la première fois. L’agression américaine dure alors depuis une dizaine d’années. Elle ne se ralentira nullement pendant la conférence  : les bombardements sur le Nord-Vietnam seront toujours aussi intensifs, l’engagement au sol au Sud des GI restera massif et meurtrier. Sans compter le Laos, autre pays martyr de la région, et le Cambodge, qui entre dans cette danse de mort du fait d’une nouvelle agression américaine, en 1970.

Piétinement

Mais, au grand étonnement du monde, le Vietnam résiste, marque des points sur le terrain. Aux États-Unis, l’opinion s’inquiète. Des manifestations ont lieu, d’abord étudiantes, puis plus générales et de plus en plus massives. Ailleurs dans le monde – et la France n’est pas la dernière –, les protestations se multiplient. Le 31 mars 1968, le président Johnson annonce qu’il ne se présentera pas pour briguer un second mandat. Le piétinement de ses armées au Vietnam est la cause majeure de cet aveu d’impuissance.

En janvier 1969, le nouveau président, Nixon, met en place une politique dite de vietnamisation : il s’agit de désamorcer les protestations dans le monde, tout en maintenant les buts de guerre. Cyniquement, il s’agit de «  jaunir les cadavres  ». Il n’empêche  : le retrait des soldats américains commence. C’est une première victoire du peuple vietnamien et des forces de paix de par le monde.

Le chemin de la paix avec le Vietnam passe par la Chine et l’URSS

Mais Nixon a également l’ambition de mettre en place une politique internationale novatrice. Il est aidé en cela par un universitaire issu de Harvard, grand spécialiste des relations internationales, Henry Kissinger. Pour eux, le chemin de la paix avec le Vietnam passe par la Chine et l’URSS, deux pays par ailleurs en perpétuel conflit politique. Cela s’appelle, en bonne politique, jouer sur les contradictions chez l’ennemi. En 1972, le président américain visite Pékin, puis Moscou. S’il n’y obtient pas le blanc-seing attendu, du moins y a-t-il confirmation que, pour les pays socialistes, la coexistence pacifique est plus importante que la défense du Vietnam.

Mais la diplomatie nixonienne avait, dans ses calculs si subtils, oublié un facteur  : ni les dirigeants révolutionnaires, ni le peuple du Vietnam, ne voulaient abandonner la lutte pour restaurer l’unité du pays, but suprême, jamais oublié. Sur le terrain, la guerre, toujours atroce, continue donc. Et c’est bien penauds que les Américains, finalement, reviennent à la table des négociations. Preuve que l’on entre dans l’ère des pourparlers décisifs, ce sont désormais Kissinger pour Washington et Le Duc Tho pour Hanoi qui abordent – discrètement – le fond du problème, envisagent les décisions stratégiques.

Des événements liés au conflit vietnamien (dont le fameux scandale du Watergate, qui éclate en juin 1972) affaiblissent considérablement l’exécutif américain. Nixon se débat, mais chacun sait qu’il a perdu sa crédibilité, que son maintien même à la Maison-Blanche n’est plus assuré (il démissionnera en août 1974). C’est donc une Amérique diminuée, usée par une guerre perdue sur le terrain, en proie aux tempêtes politiques, que Kissinger représente désormais. En octobre 1972, il parvient à mettre au point, avec Le Duc Tho, un protocole d’accord final. Nixon tente bien, en décembre, une ultime manœuvre d’intimidation (nouveaux bombardements massifs sur Hanoi et Haiphong), sans doute pour donner des gages à ses alliés de Saigon.

Mais la fin est proche. L’ultime vague de bombardements n’a pas incité les Vietnamiens à changer une virgule du texte. Et c’est finalement le 27 janvier 1973 que les quatre délégations entérinent l’accord. C’est une immense victoire pour un Vietnam qui vient ainsi, après avoir fait plier les genoux au colonialisme français, de mettre en échec l’impérialisme américain.

Immense victoire  ? Certes. Mais le régime de Saigon, toujours porté à bout de bras et surarmé par Washington, occupe encore une large portion du territoire du Sud. L’encre à peine sèche, les derniers soldats américains partis, les accrochages, sur le terrain, reprennent. De janvier 1973 à mai 1974, Saigon est à l’initiative. Puis, Hanoi et le FNL reprennent la main. Le rapport des forces, insensiblement, bascule. Entre un régime vermoulu, impopulaire et corrompu, et la dynamique révolutionnaire, portée par la perspective de la réunification, la lutte n’est désormais plus égale.

Une année encore, une dernière campagne, et les révolutionnaires entrent à Saigon le 30 avril 1975. Le lendemain, 1er mai, magnifique symbole, le Vietnam connaît son premier jour de paix depuis… 1945. La guerre la plus longue – et l’une des plus meurtrières – du XXe siècle vient de s’achever.

Alain Ruscio, historien, publié par L’Humanité


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