Manuel Valls : Le reniement implacable...

dimanche 9 décembre 2018.
 

F) Manuel Valls, instrument du MEDEF et de la Commission européenne

Austérité

Dès son arrivée à Matignon, il met en place un plan d’austérité de 50 milliards d’euros pour répondre aux exigences de la Commission européenne : 21 milliards d’économie pour la Sécurité sociale, 19 milliards pour l’État et 10 milliards pour les collectivités territoriales. Avec le pacte de responsabilité, il ajoute 15 milliards de cadeau annuel au patronat en réduisant d’autant le montant de ses cotisations sociales. Il vide la loi Duflot de son contenu.

Assaut permanent contre les salariés

Il fait adopter la loi Macron qui étend considérablement le travail de nuit et le travail du dimanche. Il fait voter la loi Rebsamen qui instaure la possibilité de 3 CDD successifs (545 jours !) contre laquelle la jeunesse est vent debout. Avec le projet de loi El Khomri, il remet en cause un siècle d’édification du Code du travail et veut inverser la hiérarchie des normes en faisant de l’accord d’entreprise (là où les salariés sont les plus vulnérables au chantage à l’emploi) la source essentielle du droit du travail.

Cadeaux aux plus riches

Pour l’année 2015, les 50 contribuables les plus riches de France devaient payer 219,6 millions d’euros au titre de l’Impôt sur la Fortune. Cette somme a été réduite à 21,2 millions d’euros et même à zéro pour Liliane Bettencourt par exemple.

Liliane Bettencourt, héritière, 45 millions d’euros par mois, femme la plus riche du monde, choyée par la fiscalité "socialiste"

Chômage et précarité

Le chômage et la précarité n’ont cessé d’augmenter et atteignent des sommets. Depuis mai 2012 et pour la France entière, le nombre de chômeurs de la catégorie A a augmenté de 689 000. Dans le même temps, celui des catégories A, B, C, D et E s’est accru de 1 237 000 !

Manuel Valls veut casser le Parti Socialiste entre d’une part "son" aile libérale, merkelisée et atlantiste prétendument "démocrate", d’autre part des socialistes plus traditionnels marginalisés. Aussi, peu lui importent les défaites électorales terribles (européennes, sénatoriales, départementales, régionales). Quant aux frondeurs, ils lui servent à prouver que son orientation et la leur sont "irréconciliables".

E) Manuel Valls, fossoyeur de la gauche (septembre 2015)

Sa défense assumée des milieux fortunés est une nouveauté pour un premier ministre français adhérent du Parti Socialiste "Je propose aussi et sans tabou de supprimer l’ISF" ("L’Energie du changement").

Son soutien assumé aux grandes demandes du MEDEF devant son université d’été 2014 (Coût du travail, seuils sociaux, travail du dimanche, Code du travail...) représente tout autant une nouveauté, sinon un abandon total de la référence au socialisme.

Ses saillies contre les immigrés, pour la déchéance de nationalité, pour la flexisécurité, pour une loi travail balayant un siècle de luttes et de conquêtes sociales en font un ennemi conséquent du républicanisme "à la française" et du socialisme.

Au fait, se réclame-t-il du socialisme ? Même pas. « Le mot “socialiste” ne veut plus dire grand-chose » affirme-t-il. Il met le doigt sur la contradiction entre programmes électoraux du PS et pratique politique au gouvernement. Son but : fonder la théorie sur la pratique gouvernementale ; cela ressemble à s’y méprendre aux politiques de Blair et Schroeder "Nous ne sommes pas capables d’assumer théoriquement ce que nous faisons ensuite quand nous gouvernons", regrette Manuel Valls. "Avec Lionel Jospin au pouvoir, nous avons privatisé beaucoup d’entreprises"...

Se réclame-t-il réellement de la gauche ? Même pas. Il a, en effet, sans cesse construit sa notoriété contre les positions de gauche (35h, retraites, sécurité, dénonciation de l’assistanat...).

Quel est donc son projet ? Gagner une hégémonie culturelle dans cette mouvance appelée en France "la gauche" pour participer à une "unité nationale" avec la droite sur les positions politiques habituelles de la droite.

Aussi, il considère les frondeurs comme relevant d’une orientation irréconciliable avec lui et fera tout pour les marginaliser et même si possible les exclure du parti socialiste. Sans la moindre hésitation. Sans le moindre respect pour les statuts et les adhérents du PS.

Quant au Parti Communiste, il peut s’attendre à toutes les chausse-trapes possibles pour le casser malgré tous ses efforts "unitaires".

Nous ne savons pas quel sera son avenir politique. Par contre, nous devons contribuer à prémunir notre camp contre lui car il combat face à nous sans état d’âme. En cas de mouvement social fort, il peut parfaitement assumer le rôle d’un nouveau Gustav Noske, le socialiste allemand qui fit massacrer la gauche ouvrière et anticapitaliste en janvier 1919.

Jacques Serieys (septembre 2015)

D) Le républicanisme conservateur de Manuel Valls (janvier 2015)

En terminant mon petit texte ci-dessous intitulé "Manuel Valls et langue de bois", j’avais affirmé en conclusion « son vrai programme lui est fourni par le MEDEF et son baratin trompeur par un républicanisme version conservatrice. » La formule me paraît encore plus justifiée à présent. En effet, ce mois-ci, le premier ministre a manié tout à la fois son allégeance aux demandes du MEDEF et une idéologie républicaniste typique apprise durant seize ans dans des débats du Grand Orient.

Je ne pointe pas ici le contenu de son discours après les attentats mais sa forme. Que ce soit sur le terrain sécuritaire ou sur celui de "l’unité nationale", sur l’intérêt général correspondant à celui du grand capital ou sur l’éducation, Manuel Valls utilise la même valise pédagogique : une idéologie républicaniste amputée de toute aspiration émancipatrice (particulièrement en matière d’émancipation sociale) et universaliste.

« La réponse aux urgences de notre société doit être forte, sans hésitations : la République et ses valeurs. (…) La laïcité, elle s’apprend bien sûr à l’école, qui en est un des bastions. C’est là, peu importe les croyances, les origines, que tous les enfants de la République ont accès à l’éducation, au savoir, à la connaissance. (…) La République n’est pas possible sans école, et l’école n’est pas possible sans République. Et on a laissé passer trop de choses (…) dans l’école. La laïcité, oui la laïcité, la possibilité de croire, de ne pas croire. L’éducation a des valeurs fondamentales, doit plus que jamais (…) être le combat de la France face à l’attaque que nous avons connue. Et arborons fièrement ce principe puisqu’on nous attaque à cause de la laïcité, à cause des lois que nous avons votées ici interdisant les signes religieux à l’école, prohibant le voile intégral, revendiquons-les, parce que c’est ça qui doit nous aider à être encore davantage forts. ».

« Cette France qui s’est retrouvée dans l’épreuve, ce moment où le monde entier est venu à elle, car le monde sait lui aussi la grandeur de la France et ce qu’elle incarne d’universel. La France, c’est l’esprit des Lumières. La France, c’est l’élément démocratique. La France, c’est la République chevillée au corps. La France, c’est une liberté farouche. La France, c’est la conquête de l’égalité. La France, c’est la soif de fraternité. Et la France, c’est aussi ce mélange si singulier de dignité, d’insolence, et d’élégance. » (13 janvier 2015).

Après les tirades prétendues républicaines, d’Alain Soral, après le glissement vers l’extrême droite de Riposte laïque, méfions-nous du républicanisme en cours à Matignon. Il utilise aussi bien une logomachie républicaniste que Staline utilisait une logomachie marxienne pour tromper le mouvement communiste.

Ceci dit, ne sous-estimons pas la capacité de Manuel Valls à poursuivre de façon cohérente sa vision de la république comme société dans laquelle les syndicalistes, grévistes, mouvements sociaux... doivent respecter "la loi" sous peine de devoir affronter la police et la Justice.

Manuel Valls ne s’aventure pas à justifier sa politique du point de vue des fondamentaux socialistes. Par contre, la possibilité d’utiliser une tradition conservatrice "républicaine" est effectivement possible et demande un maximum de clarté de notre part.qui nous réclamons d’autre tradition, celle de la république démocratique, laïque et sociale.

Jacques Serieys, janvier 2015

C) Manuel Valls et langue de bois (Juin 2014)

Premier ministre d’un président élu face à Nicolas Sarkozy, Manuel Valls se prétend adepte du "parler vrai". En fait, il comble le vide de son projet politique (hors sa propre ambition) par des phrases bidons énoncées sur un ton ferme en redressant le buste et en pointant le doigt :

- « Il y a un cap, ce cap c’est le mouvement, c’est la réforme pour l’intérêt général, pour les Français. »

- « Le camp de la France, c’est le camp de la paix » (à propos de Gaza)

- « Réformer la France dans le vivre-ensemble et les principes républicains pour un nouveau pacte social, une société plus juste et plus démocratique, dans la transparence et le respect des partenaires sociaux ».

Christian Salmon, chercheur en linguistique, a bien analysé le substrat de cette langue de bois « La gauche, faute de proposer une alternative crédible, se paie de mots, de valeurs abstraites, et adopte des postures moralisatrices qui sont constamment démenties par les faits. Tartuffe était socialiste. »

Cette communication pour ne rien dire, seulement faire semblant d’avoir des idées, faire semblant de prendre en compte les citoyens, fait partie de l’idéologie libérale, outil idéologique du capitalisme financier transnational. La Commission européenne en est certainement le meilleur locuteur. Ainsi, la flexisécurité signifie "facilitation des licenciements". L’écrivain italien Leonardo Sciascia résume fort justement ce langage « La novlangue est le langage du non-dire. »

Manuel Valls se réclame de Clémenceau et de Jules Moch ; en matière de politique sécuritaire, il a raison. En matière de communication, c’est de Jean-Pierre Raffarin qu’il se rapproche le plus : « Les veuves vivent plus longtemps que leurs conjoints », « la pente est raide mais la route est droite » , « Je veux dire comme Valéry que j’approuve la plupart de mes actions », « l’avenir est une suite de quotidiens »...

Avec un tel aigle théorique du socialisme, comment s’étonner de la déliquescence du PS. Cependant, ne nous leurrons pas ; son vrai programme lui est fourni par le MEDEF et son baratin trompeur par un républicanisme, version conservatrice.

Jacques Serieys, juin 2014

B) Lettre ouverte à l’insupportable Manuel Valls (septembre 2013)

Monsieur le ministre,

...Je vous ai écouté à France Inter puis à RMC, chez Jean Jacques Bourdin. Mal réveillé, j’ai cru entendre un dirigeant du Front national. J’ai même un moment pensé que, journaliste bien-pensant, vous interviewez le ministre de gauche J.J. Bourdin.

...Un peu d’eau fraîche sur le visage comme jadis le matin dans les "camps de concentration" d’Argelès, de Barcarès, où furent accueillis nos parents Républicains espagnols, et me voilà lucide.

...Non je ne rêvais pas. Il s’agit bien du ministre hollandien de l’Intérieur, Catalan naturalisé Français en 1982, et pas d’Albert Sarraut ni de Daladier, déjà ministres des barbelés "de gauche" dans les années 1930.

...Il y a en France environ 20.000 Roms, oui vous avez bien lu : "seulement" 20.000, mais si l’on en croit le ministre des "expulsions forcées" (dénoncées par l’agence moscoutaire Amnesty International), ils menacent la sécurité de notre pays, plus que le chômage, les huit millions et demi de pauvres, les coûts ravageurs de l’accumulation du capital, la "Françafrique", les ripoux en col blanc, les vampires du CAC40, les licencieurs boursiers....

Les Roms, les "voleurs de poules", voilà le danger, voilà le nouveau bouc-émissaire stigmatisé pour faire peur au "petit peuple", pour faire avaler l’austérité "de gauche", les trahisons, les reniements de ce gouvernement "caniche des Etats-Unis", un rôle que ne veulent même plus jouer les Anglais.

...Comme nous ne sommes pas aux Etats-Unis, on ne peut pas autoriser le port d’armes contre les Roms...Mais il y a des mots souvent aussi redoutables que les armes. Ecoutons le ministre "socialiste" tourner en rond : "Il est illusoire de penser que l’on règlera le problème (des Roms) par l’insertion". Pas besoin par conséquent de "stratégie d’intégration" comme le demande Mme Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne. Les Roms "ont vocation à retourner en Roumanie et en Bulgarie". Place donc aux pandores. Les Roms sont sans doute insolubles dans la civilisation... "Une majorité doivent être reconduits à la frontière"(M.Valls). Au nom de cette "libre circulation" garantie par les accords et traités européens ? Les Roms, c’est bien connu, sont réfractaires à "l’insertion", au droit à la santé, à l’éducation, au logement...Le ministre se flatte d’avoir démantelé 242 "campements" depuis le premier janvier 2013 ...11.982 migrants jetés à la rue et confrontés à une exclusion et une précarité redoublées. Rien ou si peu leur est proposé à la place.

"Etre de gauche" pour vous paraphraser Monsieur, ce n’est pas valser avec Guéant et Hortefeux,

ce n’est pas être le chouchou de la droite pour des raisons carriéristes,

c’est faire la chasse aux exploiteurs sans foi ni loi, à ceux qui "s’enrichissent en dormant", pas aux pauvres.

"Etre de gauche", c’est avoir un coeur solidaire

ce n’est pas patauger dans les marécages pourris qui font le jeu du Front National

nous resservir la "guerre des civilisations",

c’est préférer Jaurès à ce Clémenceau que vous aimez tant

c’est être avec les communards contre Thiers et les Versaillais,

c’est considérer que l’autre, "l’étranger", est un autre vous-même que vous n’existez que par lui.

Mais pour comprendre tout cela, Manolo, il faut être de gauche.

...Qu’escomptez-vous Manuel Valls ? Donner des gages à l’extrême-droite pour acquérir le statut de "présidentiable" ? A ce prix, vous vous déshonorez, et avec vous la fonction que vous occupez.

Jean Ortiz Hernandez

A) Manuel Valls, reniement personnifié du socialisme (mai 2009)

En 2007, Nicolas Sarkozy avait proposé à Manuel Valls d’intégrer le gouvernement de François Fillon. Il savait pertinemment que leurs orientations étaient proches sinon semblables. Dès son entrée en fonction comme ministre de l’intérieur durant l’année 2012, nous avons tous compris que Manuel Valls se situait dans la continuité de Claude Guéant sur des questions aussi importantes à ce poste que la sécurité publique, l’immigration, les Roms et les religions. Quel but poursuivait-il par cette politique spectacle largement médiatisée ? obtenir de bons sondages pour postuler à Matignon. En se réclamant à la fois du sarkozysme et de la gauche, il tentait de plaire au maximum d’électeurs « Sarkozyste oui, je suis dur et le public me plébiscite par rapport à ces questions. Mais, je reste de gauche. »

Manuel Valls se réclame du sarkozysme sécuritaire parce qu’il en partage l’orientation. La gauche française a historiquement porté une vision de la république, sociale et émancipatrice, alors que la droite la définissait par le respect des lois et des institutions. Sur cette question importante, l’actuel premier ministre se positionne clairement avec la droite.

Manuel Valls ne se réclame pas du républicanisme de gauche, ni du socialisme d’ailleurs. Aussi, Martine Aubry, première secrétaire, lui a demandé de se taire ou de prendre la porte vers la droite hors du parti « Tu donnes l’impression d’attendre, voire d’espérer la fin du Parti socialiste. (…) Si les propos que tu exprimes, reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences et quitter le Parti socialiste. »

Si Manuel Valls ne se réclame ni du socialisme, ni même du républicanisme de gauche, pourquoi se situe-t-il dans la gauche avec une carte du Parti socialiste : parce qu’il est le porte-voix du discours des dominants, du capitalisme atlantiste et financier, prêt à défendre ces intérêts dominants en cas de victoire électorale de la gauche. Avec un tel objectif, le député d’Evry se limite à coller au discours médiatique dominant. Philippe Marlière affirme justement « Valls s’applique depuis vingt ans à épouser laborieusement le prêt-à-penser médiatique de l’époque. En résumé, Manuel Valls est un conformiste. »

Jacques Serieys


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