Législatives 2007 : Rien de bon à gauche hors de l’union des gauches

jeudi 14 juin 2007.
 

C’est un cas d’école. Nos lecteurs savent que l’analyse des résultats d’un vote est un enjeu politique tout comme le vote lui-même. La lecture de l’édition du Monde publiée le lendemain des législatives en fournit l’éclatante confirmation. Tout entier voué à un combat militant pour que le PS change son système d’alliance, ce journal fait du Modem l’arbitre du deuxième tour et présente le PCF comme un acteur désormais négligeable. Alors même que les résultats disent rigoureusement le contraire.

Les manipulations auxquelles se livre le Monde en renfort de sa thèse sont extrêmement grossières. Ainsi il annonce un score centriste à 9,73 % au niveau national. Pour arriver à ce chiffre que personne n’avait encore vu nulle part, le journal totalise sans vergogne les scores du Modem de Bayrou et ceux du « Nouveau centre ». Quitte à démentir le journaliste en charge du suivi du Modem, qui semble être le seul à décrire la réalité en constatant avec rigueur que la stratégie « centriste » de Bayrou a été battue par celle, clairement à droite, du Nouveau Centre. En effet, les candidats de ce mouvement créé en quelques jours ont arboré dans tout le pays sur leurs affiches leur soutien à Sarkozy (photos à l’appui). Leurs candidatures ont été directement pilotées et soutenues par l’UMP qui n’a pas présenté de candidat face à ces nouveaux sarkozystes. Ce qui signifie que l’essentiel de leurs voix sont en fait des voix de droite en phase avec Sarkozy. Mais pour le Monde, ce sont avant tout des voix « centristes ». Bien sûr l’événement que constitue la division par trois du score de Bayrou en quelques jours est totalement occulté. Cette mise en scène artificielle d’un centre qui n’existe pas, placé à un niveau électoral imaginaire, sert à poursuivre le harcèlement de la gauche et du PS initiés pendant la présidentielle. Et à valider la stratégie d’alliance au centre prônée par Ségolène Royal. Ainsi, l’éditorialiste du Monde explique en Une que le PS « n’a offert qu’une faible résistance à la droite », parce qu’il n’a « pas réussi à attirer vers lui les électeurs du centre ».

Le traitement du PCF par ce même journal apparaît en miroir. Les faits sont à nouveau piétinés. Ici on explique que Marie-George Buffet, devancée par l’UMP, « voit ses positions s’affaiblir ». Mensonge pur et simple : elle passe de 29% en 2002 à 32% en 2007. Là le journal écrit que dans le Cher, « la surprise concerne la deuxième circonscription où le député PCF sortant, Jean-Claude Sandrier (31,20%) est en difficulté face à l’UMP Franck Thomas-Richard (34,46%) ». Quelle surprise ? En 2002, le PS soutenait Sandrier au premier tour. Cette fois il présente un candidat qui obtient 13,26%. En ne reculant que de 7,44 points, Sandrier encaisse remarquablement le choc et fait progresser le score de la gauche de 6 points.

« Mais peu importe leur résistance électorale, car de toutes façons les communistes risquent de perdre leur groupe parlementaire », peut-on lire entre les lignes du Monde. Admettons cette hypothèse. Quoi qu’il en soit, les communistes compteront beaucoup plus d’élus que le Modem de François Bayrou, qui n’aura même pas assez de collègues à l’Assemblée pour organiser une belote. Et risque même d’être condamné par son cuisant échec à faire des réussites. Les communistes peuvent se maintenir dans 29 circonscriptions. Le Modem dans 5 seulement. D’un côté, les communistes ne comptent que 4 sortants sur 22 éliminés au premier tour. Trois d’entre eux ne se représentaient pas. Deux d’entre eux affrontaient un candidat socialiste alors que le PS les soutenait en 2002 (Aubervilliers dans le 93 et Echirolles dans l’Isère). Un troisième avait bénéficié du soutien de tout l’appareil du PS départemental, régional et national contre le candidat socialiste investi (Dutoit à Marseille face à Menucci). Dans un des cas (Echirolles), deux candidats communistes se sont affrontés au premier tour : sans cela le PCF était qualifié pour le second. De l’autre côté, François Bayrou a été fui par ses 29 sortants à l’exception de trois rescapés. Deux d’entre eux sont éliminés dès le premier tour.

Ceux qui prônent donc une campagne de deuxième tour tourné vers le Modem, au premier desquels Ségolène Royal, ne le font pas en fonction des résultats. Le changement d’alliance n’est qu’un moyen de solder l’ancrage à gauche du PS. Or l’issue du deuxième tour dépend avant tout du bon report des voix à gauche. Plus de 11% des voix du côté de la gauche non socialiste, seulement 7,86% du côté du Modem, et pour l’essentiel issus de la droite. Ce score national est renforcé dans le détail des circonscriptions clés. Car le Modem fait ses voix dans des circonscriptions de droite. Dans la plupart des circonscriptions gagnables par la gauche il ne touche pas terre. Au deuxième tour, l’intérêt électoral rejoint la fidélité politique. La seule stratégie efficace pour résister est celle de l’union des gauches.


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