"Gilets jaunes" : chez Macron, "le poison du doute s’est installé", estime Derosier

dimanche 30 décembre 2018.
 

EDITORIAL POLITIQUE DE RTL : Si, sur le papier, Emmanuel Macron a toutes les cartes en main pour poursuivre la transformation du pays, la crise des "gilets jaunes" pourrait considérablement rallonger le calendrier

"Rien ne sera plus comme avant. Nous ne reprendrons pas le cours normal de notre vie". C’est en tout cas ce qu’a affirmé Emmanuel Macron lors de son allocution en pleine crise des "gilets jaunes", le 10 décembre dernier. Mais alors, comment interpréter cette sortie ? Faut-il comprendre que le président de la République ne pourra plus mener à terme les réformes promises ?

Pourtant, en théorie, tout va bien. Le chef de l’État a un véritable boulevard devant lui. Il a une majorité solide à l’Assemblée, malgré quelques voix discordantes comme le député Sébastien Nadot, exclu pour avoir voté contre le Budget. Mais la situation n’est pas comparable avec celle vécue par François Hollande, qui avait vu l’émergence de dizaines de frondeurs.

Sur le papier donc, Emmanuel Macron peut poursuivre la transformation du pays. Mais le poison du doute s’est installé avec la crises des gilets jaunes. "Tout ce qu’on va faire sera désormais l’objet de fantasmes et réformer sera beaucoup plus compliqué qu’avant", confie un poids lourd du gouvernement. Un autre ministre s’inquiète, lui, de cette violence qui a triomphé alors que beaucoup vont penser qu’il suffit de "brûler des voitures pour être entendu".

Tout ce qu’on va faire sera désormais l’objet de fantasmes

Le couac surréaliste de la semaine dernière sur les mesures annulées puis maintenues en deux heures prouve bien ces nouvelles difficultés pour l’exécutif. Le rythme des réformes est déjà ralenti voire entravé. La taxe carbone a été abandonnée, l’alignement de la fiscalité diesel sur l’essence aussi, l’augmentation de la CSG a été revue... Tout cela sans parler des lois retardées comme la réforme constitutionnelle ou l’ouverture de la PMA pour toutes les femmes.

Un calendrier qui devrait s’allonger

Dès lors, la réforme des retraites ou celle de l’assurance chômage sont-elles mortes-nées ? Non, même s’il est vrai que ces sujets sont explosifs. Il faut également ajouter à cette liste la réforme de la fonction publique. Imaginez, dans ce contexte, réduire le montant ou la durée de l’assurance chômage, diminuer le nombre de fonctionnaires alors que les "gilets jaunes" réclament plus de service public, cela paraît impensable.

"Il faut aller vite", disent les ministres. Mais en même temps, le gouvernement appelle à prendre plus de temps sur chaque texte. Plus de concertations, ça veut forcément dire un calendrier qui s’allonge, des réformes retardées avec le risque de ne pas tenir les promesses.


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