24 novembre : Un samedi aux Champs-Elysées

dimanche 2 décembre 2018.
 

Ce samedi fonctionna comme une caricature de ce que peut être une bataille de propagande. Sans foi ni loi, les chaînes d’info en continu se polarisèrent sur 200 mètres des Champs-Elysées pour retransmettre en direct, avec commentaires angoissés, le scénario écrit et imaginé par l’immense stratège Christophe Castaner.

À moins que ce soit encore la petite équipe spécialisée dans cet exercice depuis les succès de Valls dans ce domaine.

Dès le matin donc, aux premières heures, les Champs restèrent bien ouverts afin d’être bien certain de pouvoir y trouver les manifestants dont le spectacle avait besoin. Puis les gardes mobiles sont arrivés et le ballet des allers et venues des deux premières lignes ont pu durer toute la journée pour rendre possible les images traumatisantes et les commentaires dissuasifs. Je ne perdrai pas un instant à raconter la rigolade des vieux militants assistant à cette comédie de boulevard. Des esprits taquins auraient pu s’étonner d’une telle inefficacité du dispositif et de l’usage de la force pendant plus de huit heures. Des esprits curieux se seraient demandé pourquoi il n’y avait là ni CRS ni policiers mais les gardes mobiles, c’est-à-dire l’armée. Des esprits mutins s’ébahiraient de voir comment les éléments incontrôlés sont sagement restés concentrés sur l’usage des palissades de chantier en préservant soigneusement tous les symbole du fric ostentatoire qui pourtant pullulent sur cette avenue ! Bref, le show a fonctionné.

Mais personne n’y a cru, hélas pour Castaner et les petits malins qui lui tenaient la main pour ce grand revival de « la République contre les séditieux ». Au contraire, des milliers de gens sur les barrages en région, les millions de gens qui passaient le nez devant leur écran et retrouvaient au fil des heures le même prises de vue, les mêmes gros plans sur les flammes de baraques de chantier, comprenaient bien qu’on les prenaient pour des imbéciles (des « abrutis » dirait le dessinateurs du Monde, l’illustre contre-populaire Gorce). Pour autant que ce soit aux Champs ou en région, le nombre et la détermination y était. Et si chaque regroupement comportait sa dose de militants politiques de tous horizons, il y avait surtout des gens dont c’était la première expérience d’action de ce type et même la première fois tout court pour quoi que ce soit de public et de politique. Les grands chefs et les commentateurs ont traité tout ça à l’ancienne, sur les mêmes grosses ficelles usées et rabâchées mille fois contre nous et d’autres : « le mouvement s’essouffle », « les gens réprouvent la violence qui se déchaîne », « L’extrême droite (parfois l’extrême gauche) est responsable des violences et a récupéré le mouvement ». Insuccès garanti, je l’ai dit. Mais cela ne tient pas a la contreperfomance individuelle des acteurs de cette comédie. Leur échec est dans ce que sont les caractéristiques du moment politique.

Tout ce qui se passe est hors norme. C’est pourquoi la réplique manipulatoire traditionnelle est complètement décalée par rapport au niveau de conscience populaire. C’est donc pour nous un important succès car des millions de gens ont été une fois de plus instruits en masse des stratégies médiatico-politiques du régime macroniste. L’identification du parti médiatique se fait à échelle de masse. Le mépris et le dégoût qui vont avec de même.


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