Biodiversité. Le rapport qui accable nos modes de vie

jeudi 1er novembre 2018.
 

Le WWF (World wide fund for nature) tire la sonnette d’alarme, pointant notamment la consommation effrénée de l’homme ces dernières décennies. Dans son rapport « Planète vivante », une étude sur l’état de santé de la planète réalisée tous les deux ans, l’ONG préconise des mesures ambitieuses sans quoi, « la planète court à sa perte ».

En à peine 45 ans, la population des vertébrés a diminué de 60 %, sur la période 1970 à 2014. Un chiffre qui grimpe à 89 % sous les tropiques, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. C’est l’estimation du WWF dans son dernier rapport « Planète vivante », une analyse scientifique que l’ONG réalise tous les deux ans sur l’état de santé de la planète. « C’est un rythme cent à mille fois supérieur au taux naturel », juge Pascal Canfin, directeur général du WWF France. La disparition des pollinisateurs, qui pâtissent de l’expansion urbaine et de l’intensification agricole, préoccupe également le WWF, qui rappelle qu’un tiers de la production mondiale alimentaire dépend d’eux. Menace aussi sur les sols, puisque seul un quart des terres de la planète n’est pratiquement pas impacté par l’activité humaine. Une proportion qui chuterait à un dixième seulement en 2050, d’après le rapport.

À qui la faute ?

Pour Marco Lambertini, directeur du WWF international, la cause de l’appauvrissement de la biodiversité est claire : « Il est avéré depuis de nombreuses années qu’à cause de nous, la planète court à sa perte ». Les principales menaces qui pèsent aujourd’hui sur la biodiversité - la perte et dégradation de leurs habitats et la surexploitation - sont liées aux activités humaines. Ainsi, une étude a démontré que l’agriculture commerciale à grande échelle et l’agriculture vivrière locale étaient responsables d’environ 40 % et 33 % de la conversion des forêts, entre 2000 et 2010. Les 27 % restants seraient dus à la croissance urbaine, à l’expansion des infrastructures et à l’exploitation minière.

Pourquoi c’est inquiétant ?

Parce que cette activité humaine s’est accrue de manière considérable ces cinquante dernières années. Le rapport estime que notre consommation en ressources naturelles a pratiquement triplé. Cette consommation effrénée, théorisée par le WWF en un terme, « Grande accélération », est un événement inédit sur la planète en 4,5 milliards d’années. Certains scientifiques estiment même que nous entrons dans une nouvelle ère géologique : l’Anthropocène. L’ONG tire donc la sonnette d’alarme, car « développement et bien-être des sociétés humaines dépendent de systèmes naturels en bonne santé ».

Comment inverser la tendance ?

« Les objectifs actuels et les actions qui en découlent se traduisent, dans le meilleur des cas, par un ralentissement du déclin », pointe le WWF. À l’échelle internationale, l’ONG a élaboré une feuille de route sur 30 ans en trois étapes. « Un accord ambitieux sur la protection de la nature » qui devrait être adopté en 2020, lors de la conférence mondiale sur la biodiversité à Pékin. À l’échelle nationale, WWF France demande, en matière d’agriculture, « un plan de lutte contre la déforestation importée », mais aussi l’abandon du projet Montagne d’or, une mine d’or industrielle qui pourrait voir le jour en plein cœur de la forêt amazonienne guyanaise, et invite également l’Exécutif à légiférer davantage dans le domaine des transports.


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