Grèce : mise en examen de Panayiotis Lafazanis, secrétaire d’Unité Populaire

dimanche 21 octobre 2018.
 

Déclaration de Panayiotis Lafazanis

L’intimidation et les poursuites vindicatives contre ma personne ne passeront pas comme cela. C’est avec un sentiment de dégoût et de honte pour la déchéance de mon pays, que j’ai aujourd’hui réceptionné la convocation de déférer devant la direction de la sécurité de la région d’Attique, plus précisément, prenez bien note, devant le département de la protection de l’état et du régime républicain, dans le cadre d’une enquête préliminaire ordonnée par le procureur général d’Athènes.

Cette convocation, en vue d’une mise en examen, concerne des accusations relatives à une bonne partie du code pénal grec, encore même à la législation qui concerne le port et usage d’arme et les pétards et feux d’artifice. Il s’agit en réalité de la criminalisation de mon action contre les ventes aux enchères, action pour la défense des résidences principales et des biens des foyers populaires.

Force est de constater qu’aujourd’hui en Grèce nous sommes face à un gouvernement qui brade le pays tout entier, au point de légiférer un transfert de propriété de sites archéologiques et de monuments historiques au fonds des biens publics à privatiser, organisme sous administration étrangère.

Nous sommes face à un gouvernement d’exécutants, incarnant la subordination totale et la colonisation du pays, un gouvernement devenu un pion entre les mains de centres impérialistes sans scrupules.

Un gouvernement qui, en substance, abolit la démocratie et gouverne en s’appuyant sur les forces de police anti-émeute et l’usage des gaz chimiques contre les manifestants.

C’est bien le gouvernement de la paupérisation généralisée, s’appuyant essentiellement sur le consensus des partis politiques de l’establishment oligarchique, qui semble avoir désormais fait le choix d’inaugurer une nouvelle ère de répression politique sans nuances ni prétextes, répression vindicative en ce qui concerne ma personne, afin de faire céder la résistance, le moral et la dynamique ascendante de ces mouvements et forces politiques qui ne se soumettent pas, ne baissent pas la tête, ne se laissent pas abattre, ne se découragent pas et ne désarment pas suite à la désillusion, mais qui au contraire, continuent à brandir les drapeaux de la gauche, celle que le gouvernement a trahie mais qui reste cependant toujours vivante en animant le grand projet toujours d’actualité d’une société d’humanité et de liberté.

C’est bien la première fois que je subis des poursuites judiciaires depuis l’époque de répression politique subie de la part de la junte militaire du colonel Georgios Papadopoulos, puis du général de brigade Dimitrios Ioannidis. Ce n’est pas pour moi une tragédie, mais c’en est une pour mon pays, car je suis le premier responsable de parti politique démocratique de la période post-dictature, qui est convoqué pour répondre à des accusations clairement politiques mettant en jeu une bonne partie du code pénal grec. Elles m’ont été adressées, et j’y trouve de l’ironie, par le département de la défense de la sécurité de l’état et de la protection du régime républicain.

Il est bien connu que de telles pratiques sont aujourd’hui appliquées en Turquie voisine. Je les combats personnellement lorsqu’elles ont lieu là-bas, non seulement en les dénonçant depuis Athènes mais en me rendant encore sur place, à Ankara et à Istanbul.

Le gouvernement, et l’ensemble de l’establishment qui soutiennent la politique des mémorandums, ne sont pas seulement dérangés par ma position politique et la lutte d’Unité Populaire pour la défense des résidences principales contre des mises aux enchères injustes, arbitraires et non démocratiques. Ils ne sont pas dérangés seulement par nos luttes contre les débranchements des compteurs d’électricité des foyers modestes prévus de s’intensifier dans les mois à venir, au point d’en devenir un cauchemar pour la société.

Ils ne sont pas même dérangés seulement par notre résistance politique et sociale en faveur de salaires et de retraites décentes, des acquis salariaux et des droits sociaux.

Le gouvernement et tout l’establishment qui imposent les mémorandums ou qui en profitent, sont essentiellement dérangés par la dynamique ascendante d’Unité Populaire, qu’ils tentent vainement de dissimuler par leurs faux sondages, dérangés par le fait que cette dynamique pourrait modifier la carte politique dans un futur proche et envoyer aux poubelles toute cette partie de la Grèce qui porte la décadence, la corruption, l’escroquerie politique, la collusion d’intérêts, l’appropriation frauduleuse des biens d’autrui et la servitude volontaire aux puissances étrangères.

La répression exercée envers ma personne n’a pas le but de m’intimider. Mes anciens camarades, haineux et vindicatifs, de la direction de SYRIZA et du gouvernement, me connaissent assez pour savoir que cela ne passera pas comme cela.

La persécution envers ma personne ainsi qu’envers les trois militants qui ont comparu Mardi 9 Octobre 2018 au palais de justice d’Athènes suite à leur résistance aux enchères, les vingt militants réprimés pour la même raison à Volos, les quinze militants poursuivis à Nafplio et les deux militants de Thessalonique , a pour but de réprimer tout un mouvement, qui s’étend et marque bien l’étape traversée aujourd’hui par la Grèce, un mouvement qui effraie et menace certains, qui est efficace et qui enregistre des victoires.

Nous assurons les faussaires politiques, les vindicatifs haineux et les fous du pouvoir, qui aspirent à rivaliser dans les persécutions les pires moments d’intolérance qu’a connus notre pays au cours de la période après la guerre civile, qu’ils n’arriveront à intimider personne et que leurs sinistres desseins anti-démocratiques tomberont à l’eau.

Les jours de leur pouvoir non démocratique sont comptés, car la Grèce fera l’expérience d’un nouveau printemps et d’un nouvel espoir, en laminant les forces destructives qui portent aujourd’hui les mémorandums et l’austérité.


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