A lire « On achève bien les cadres, l’envers du rêve américain »

jeudi 7 juin 2007.
 

de Barbara Ehrenreich

Editions Grasset

336 pages, prix 18,90 €,

avril 2007

L’envers du rêve américain est décrit avec réalisme par Barbara Erenreich qui continue à diagnostiquer la société américaine. Après l’exploration du monde des bas salaires, elle s’attaque aujourd’hui à l’étude de la situation des cadres.

Encore une fois, la journaliste a changé d’identité pour devenir pendant plusieurs mois une cadre à la quête d’un emploi.

C’est la loi de la jungle qui prime dans un univers peuplé de conseillers, d’accompagnateurs, de cabinets spécialisés, omniprésents pour exploiter sans vergogne toutes celles et tous ceux qui recherchent un emploi plus ou moins qualifié de cadre.

Il faut payer très cher pour obtenir des formations relativement longues, aux contenus légers et dilués dans le temps mais à un tarif défiant toute concurrence, le tout pour entrer dans le moule avec au bout du tunnel, un autre tunnel.

Pourquoi beaucoup de personnes sont au chômage ?

Mais de leur faute ! C’est du moins ce que les boîtes spécialisées expliquent aux chômeurs afin qu’ils culpabilisent et oublient que c’est le système libéral qui pressure et exploite le peuple...

Quand le cadre trouve enfin un travail, il apprend très vite qu’il est fixé sur un siège éjectable et qu’il lui faudra travailler dur, au bureau, dans les transports et même chez lui, le soir ou en week end.

Beaucoup se retrouvent à s’acheter un ordinateur et un équipement installé à domicile pour travailler pour une entreprise qui ainsi n’a presque rien à débourser. Des millions d’américains sont soumis à la commission.

Quand des personnes qui travaillent pour une grande compagnie d’assurance(s) posent des questions légitimes, les réponses obtenues sont édifiantes :

" Qu’en est-il de la couverture santé ?

Nous sommes des agents indépendants ; elle est à votre charge. " Autrement dit, l’AFLAC recrute des vendeurs d’assurance-maladie auxquelles elle n’en fournit pas. "

Ce système libéral américain préfigure le " miracle " français que nous proposent ceux qui veulent liquider les acquis sociaux.

De nombreux cadres se retrouvent sans emploi, à rechercher n’importe quel travail même sous payé et sous qualifié. Certains arrivent à toucher le fond et la misère et gare à qui n’a pas une famille pour l’aider  !

L’auteure dénonce ce système et avance des propositions qui permettent de donner quelques garanties aux travailleurs notamment en ce qui concerne l’assurance santé qui dépend logiquementde l’employeur et que le salarié au chômage perd en même temps que son job : " Il est également urgent d’instaurer un système de couverture maladie universelle qui ne soit pas liée à l’emploi. ".

La logique du libéralisme conduit à l’isolement, à la concurrence entre les " demandeurs d’emploi(s), alors que faire ?

Résister individuellement ?

Barbara Ehrenreich refuse toute " attitude de gagnant " qui fait de chacun une victime sans force. Elle en appelle à l’action collective, au courage. " Le courage de s’unir et de se battre pour que les choses changent, même quand tout se ligue contre vous. "

Jean-François CHALOT


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