Religions, fondamentalismes et Femmes (par Michèle Viannès, Présidente de Regards de Femmes)

dimanche 3 juin 2007.
 

Comment les hommes utilisent-ils les religions pour posséder le corps et l’esprit des femmes ?

Construction de la hiérarchie patriarcale

Partout, dans l’espace et dans le temps, on observe les rapports de hiérarchie patriarcale et d’assujettissement des femmes.

Les religions depuis les origines de l’humanité ont mis en place la hiérarchie hommes/femmes. Pour que la race des hommes se perpétue, les hommes doivent s’approprier une femme qui leur donnera des fils. Le culte aux aïeux servira de prétexte pour contrôler que leurs fils soient bien les leurs.

Les philosophes grecs ont théorisé l’infériorité des femmes, le droit romain l’a légalisé. Mais cette subordination ne se constate pas seulement dans le monde méditerranéen.

Traditions et religions ont « expliqué » les incapacités des femmes en faisant appel à la Nature en interprétant des faits biologiques (sang menstruel, désir charnel). A partir des notions de pur et d’impur, découlent celles de licite et de l’illicite, du permis et de l’interdit.

Les femmes vont être dans le même temps intellectuellement stérilisées par une masse d’obligations ridicules et tatillonnes (interdits alimentaires, tâches domestiques ritualisées, etc. ;).

Emancipation des femmes

Des hommes et des femmes ont dénoncé cette sujétion, de manière singulière d’abord puis collective.

Deux grands courants fondateurs de l’émancipation des femmes :

La Réforme en préconisant la lecture individuelle de la Bible, donc l’alphabétisation des filles, l’accès à la connaissance et à la réflexion a permis la naissance du féminisme protestant au XIX° siècle,

La Révolution française, héritière des Lumières, est le moment historique de la découverte par la civilisation occidentale que les femmes peuvent avoir une place dans la cité, et non plus simplement dans l’ordre domestique. Reconnaître le statut d’individus aux uns entraîne qu’il le soit à tous « quels que soient leur religion, leur couleur ou leur sexe » (Condorcet)

C’est par les revendications de disposer librement de leur corps, d’avoir la maîtrise de leur désir d’enfant que les femmes vont s’affranchir du poids des religions. Au milieu du xx° siècle, l’avancée des droits des femmes était visible dans tous les pays du monde.

Instrumentalisation des religions par les régressifs

La maitrise par les femmes de leur désir d’enfants, de leur autonomie financière, de leur corps et leur esprit a paniqué les machocrates qui ont appelé à leur secours les religions.

Les fondamentalismes religieux, ou prétendu tels, considèrent l’émancipation de la femme comme la cause de tous les fléaux de la société, maux qui disparaîtraient si l’on revenait aux conceptions théocratiques patriarcales de domination des hommes et à l’acceptation par les femmes de leur soumission.

Bouddhistes, catholiques intégristes, hindouistes, islamistes, juifs orthodoxes, protestants fondamentalistes, sectes même objectif : maintenir les femmes dans leurs obligations : reproduction de la famille et gratification sexuelle du mari. Les tenants de l’islam politique vont, en plus de la peur de l’autonomie des femmes, utiliser la haine de l’Occident pour obtenir l’asservissement volontaire des femmes.

Tous vont tenter de convaincre les femmes de revenir aux modes de vie antérieurs, la soumission à dieu se matérialisant sur terre par la soumission aux hommes. Ils vont utiliser pour cela toute la gamme qui va des discriminations aux violences symboliques, psychologiques et physiques.

Tentatives de régression sur les droits à la contraception, à l’Interruption volontaire de grossesse, à la procréation assistée, se multiplient, soit par des lois contraires aux droits des femmes, soit de manière insidieuse et sournoise.

Conditionnement des enfants par l’éducation familiale, dès le plus jeune âge, pour intégrer la subordination des filles et l’obligation de virilité agressive des garçons. Les fillettes sont préparées à une servitude qu’elles penseront volontaire, à être séparées du reste de la société, des hommes, mais aussi des femmes qui n’ont pas la même pratique religieuse. Au non-accès des filles au droit commun s’ajoute un risque de fragmentation de la société.

Divorce, garde d’enfants, etc.

Conclusion

Préconisations du Conseil de l’Europe du 4 octobre 2005 : « Garantir la séparation nécessaire entre les églises et l’Etat pour que les femmes ne soient pas soumises à des politiques et à des lois inspirées de la religion (par exemple dans le domaine de la famille, du divorce et des lois contre l’avortement) » article 7.3.

Ne pas être dupe ni complice du discours englobant des fondamentalistes religieux menant à la négation de l’autonomie de l’individu. Pour cela :

Affirmer les principes universels d’égale dignité des hommes et des femmes.

Toutes les femmes et jeunes filles dans un pays ont les mêmes droits. Refuser toute justification religieuse d’atteinte aux droits des femmes.

Ne pas s’enfermer dans des discussions sur les interprétations des textes religieux, dans l’exégèse, mais rester dans le domaine du droit positif.

Dénoncer l’argument du relativisme culturel qui permet aux fondamentalistes religieux d’opprimer leurs coreligionnaires, à commencer par les femmes.

TOUTES LES FEMMES DOIVENT AVOIR ACCES AUX DROITS FONDAMENTAUX UNIVERSELS DE LA PERSONNE HUMAINE.

Michèle Vianès

Présidente de Regards de Femmes


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