L’extrême droite s’organise en Europe

vendredi 31 août 2018.
 

Sur fond de profond mécontentement populaire vis-à-vis de l’Union Européenne et d’une certaine déliquescence de celle-ci, l’extrême droite s’active dans tous les pays européens.

Elle est en passe d’être fédérée par l’ancien directeur de campagne de M. Trump, Stephen Bannon qui s’installe à Bruxelles, tel le chef d’une nouvelle internationale des forces proto-fascistes. L’objectif, avec leur nouveau centre politique baptisé « Le Mouvement », est de préparer les élections européennes de mai 2019 et de coordonner le travail et l’expression des ministres et chefs de gouvernement d’extrême droite avant chaque réunion du Conseil européen. Dans un entretien à un magazine français, M. Bannon affirme vouloir lancer « une guerre culturelle visant à saper les institutions européennes ». Cela ne le conduit pas à boycotter le scrutin européen. Bien au contraire : « nous voulons avoir plus de pouvoir au Parlement européen » avance-t-il.

A ceux qui parmi les ouvriers, employés, privés d’emploi, précaires et tous les sacrifiés du capitalisme mondialisé pourraient penser un instant trouver là une force pour les sauver, il est utile de rappeler quelques décisions des gouvernements nationaux populistes déjà en place, comme les attaques contre la presse et la justice en Hongrie ou en Pologne, ce même pays qui s’attaque aux droits des femmes, ou l’instauration des 67 heures maximales par semaine en Autriche. Quant au parcours de M. Bannon, il ne le prédispose pas à être un défenseur du prolétariat comme tentent de l’instiller quelques officines de propagande. Tour à tour cadre dans la grande banque américaine Goldman-Sachs, homme d’affaires dans les secteurs de l’audio-visuel, et l’un des acteurs du scandale dit « Cambridge-Analytica », société qui captait les données personnelles de millions de citoyens, il se prononce pour « le démantèlement de L’Etat et la dérégulation totale au profit des entreprises privées ». Il dispose d’un trésor de guerre évalué entre 30 et 44 millions d’euros. Très présent aux côtés du chef du parti UKIP dans la campagne pour la sortie du Royaume-Uni de L’Union européenne, il l’était tout autant pour faire gagner le parti de M. Salvini en Italie aux côtés du Mouvement Cinq étoiles. Du reste, ce mouvement siège dans le même groupe que les députés britanniques de l’UKIP au Parlement européen, auquel adhère M. Phillipot ancien stratège de Mme Le Pen. Et c’est à la convention organisée par celle-ci le 10 mars dernier que M. Bannon est venu prodiguer ses conseils et ses ambitions. « L’Histoire est de notre côté, la vague de l’Histoire est avec nous et nous portera de victoire en victoire » y a-t-il lancé. En retour, il a présenté et donné la parole à Marion Maréchal-Le Pen lors d’une réunion annuelle organisée par ses soins.

Comme quoi, par-delà les ambitions, tout ce monde est en phase. Il convient de prendre avec sérieux et gravité l’exacte mesure de ce qui est en train de se jouer. Ce national-populisme d’extrême droite est l’enfant du galop des inégalités, du chômage, de la pauvreté sur le territoire européen. La désagrégation qui menace du fait des contradictions intra-capitaliste dans le monde peut anéantir l’idée même de construction européenne à partir des nations et des peuples, ouvrant encore plus la voie aux forces déchainées des puissances d’argent.

Ceux qui, au sein des institutions actuelles, ont violé l’idée européenne en la mettant aux services des marchés financiers, en protégeant Monsanto, en alimentant les guerres, en vendant les entreprises publiques, en jetant un voile pudique sur les paradis fiscaux, ou en nourrissant la haine et en rejetant l’exilé portent une lourde responsabilité. Ils ne pourront pas s’en sortir en utilisant l’extrême droite comme épouvantail ou faire valoir. Raison de plus pour ne pas délaisser les futures élections européennes. Les enjeux n’ont jamais été aussi importants.


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