Bilan écologique du gouvernement : mais que fait Nicolas Hulot ?

vendredi 27 juillet 2018.
 

A la question de savoir quand il partira en vacances, Nicolas Hulot rétorque : « Sans doute pas avant cinq ans. » Alors que le Premier ministre entame l’évaluation de chacun de ses ministres, il répète que sans lui ce serait bien pire. Et que non, il n’a pas avalé de couleuvres. Ni sur l’application du CETA qui n’est pas climato-compatible, ni sur le report de l’objectif de 50% de nucléaire dans le mix électrique après 2025. Ni sur l’autorisation de la bioraffinerie à l’huile de palme de Total. Ni sur la loi Agriculture qui n’a pas inscrit dans la loi la promesse présidentielle de sortir du glyphosate. Ni sur une série non exhaustive de grands projets inutiles : Europacity, mégamine d’or en Guyane, Grand Contournement Ouest de Strasbourg…

Grâce au « Hulotscope » de Reporterre, on sait que les mesures déjà mises en œuvre par Hulot sont négatives à 69% pour l’environnement. « Vous ne voyez que ce qu’il n’y a pas ! », reproche Hulot. Le 3 juillet, 111 députés LREM, ont signé dans Ouest-France une tribune intitulée « L’écologie avance ! » pour défendre leur ministre. Pourtant, côté victoires, pas grand-chose à se mettre sous la dent : l’abandon violent du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, l’annonce de l’inscription incomplète de l’environnement dans la Constitution, la concrétisation de six parcs éoliens en mer... et des reculs maquillés en leadership français. Le ministère de la transition écologique se réjouit de l’accord européen sur 32% d’énergies renouvelables pour 2030, mais omet de dire que la France s’est opposée à un objectif plus ambitieux de 35% défendu par d’autres pays.

Autrefois Nicolas Hulot aimait à répéter que « ne pas avancer assez vite signifie échouer ». A présent, au Parisien il affirme sa nouvelle méthode : « laisser le temps de la confiance ». Mais le temps de la confiance ne changera rien au modèle actuel de gouvernance. Les lobbys n’ont jamais été autant à la manœuvre. Le lobby nucléaire a totalement la main sur la feuille de route énergétique, la FNSEA et l’agrochimie tiennent les rênes de l’alimentation, et les grands groupes du BTP imposent leur loi sur les grands projets inutiles qui coulent dans le béton nos terres fertiles.

Totalement hypocrite, le gouvernement dont Nicolas Hulot est membre aggrave les problèmes écologiques par de multiples décisions… tout en disant que ces problèmes doivent être résolus. S’il est impossible de savoir si l’existence d’un ministère de l’écologie pourra un jour répondre à la crise écologique, il est donc clair que ce n’est pas ce ministre-là qui y parviendra.

Manon Dervin


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