Mexique : une nouvelle période historique est ouverte

mardi 10 juillet 2018.
 

Ce 1er juillet 2018 vers 11 heures du soir, après une journée électorale qui a maintenu le pays en suspense, Lorenzo Córdoba annonce, confirme, une tendance qui n’aurait pu être conjurée que par une fraude électorale ignominieuse électorale de proportions inédites (ce qui est déjà beaucoup dire) dans l’histoire récente du Mexique. Le vote pour López Obrador (Andrés Manuel López Obrador – surnommé AMLO. Note de la traduction), qui dépassera 53 % du vote effectif, serait obtenu par les niveaux de participation-record (en dessus de 60 %), il le changera en président avec une légitimité démocratique historique. Dans un temps record tous les acteurs importants du régime (candidats opposants, l’Institut National Électoral, Peña Nieto, Trump, chambres patronales et médias) ont reconnu le triomphe d’Obrador.

Pendant la journée, plusieurs urnes ont enregistré de retards à leur ouverture et dans non peu de lieux les manoeuvres frauduleuses ont agis à fond, spécialement dans des zones où, en plus de l’achat et contrainte de votes, la violence politique a touché, comme le long de la campagne, un nombre indéterminé de vies. Dans Iztapalapa, en Mexico, des personnes armées ont assailli et ont volé la papeterie électorale. Les rapports de violence, non pas pendant la candidature présidentielle (dans laquelle le PRI (Parti révolutionnaire institutionnel, parti de centre droit au pouvoir depuis 2012 jusqu’au 1er juillet 2018. NDT) et le PAN (parti action nationale, parti de droite, au pouvoir entre 2000 et 2012. NDT) se sont empressés de reconnaître vaincus),mais dans le peu des terrains réservés au pouvoir local, qui soutiennent des machines clientélistes plus solides et, par conséquent, des centrales pour la survie politique qui aujourd’hui sortent au milieu des huées et un mépris social du pouvoir national. Tel est, le cas de l’État du Puebla, qui a vécu l’une de ses journées les plus violentes dans son histoire et où la différence dans l’estimation est très étroite ; ce qui annonce un conflit possible post-électoral.

L’échec historique du PRIAN (RD)

Et cependant, la fraude dans sa forme commune ("chutes du système", des chiffres imprévus, etc..) s’est conjuré. Plus que la victoire d’AMLO, le grand événement est l’échec fracassant du PRI, du PAN, du PRD (Parti de la révolution démocratique), et des partis périphériques. Le PRI traverse ce que nous espérons : sa crise terminale (environ 15 % du vote global), la perte des gouvernances dans des états d’importance comme Veracruz ; et bien qu’il maintienne la gouvernance, perd le congrès et l’immense majorité de municipalités de l’État du Mexique, il est difficile la survie de la machine clientéliste et mafieuse en moyen terme. Cependant, si la "culture politique du PRI" a subi un dur revers au moyen d’une journée électorale pleine d’illusion et de joie, elle est encore loin d’être enterrée pour l’histoire.

Le PAN sort divisé de l’élection, confronté et en franche diaspora politique ; bien qu’il se situe comme la force d’opposition principale à droite, face au nouveau gouvernement. Bien que très diminué devant l’avalanche électorale de MORENA (Mouvement de régénération nationale), il maintient toujours assez de force parlementaire et au moins deux gouvernements (surtout l’État du Jalisco). Mais rien n’est comparé à la crise terrible du PRD, qui sauve son registre légal avec ongles et becs, son alliance pragmatique avec le PAN, le condamne à être son ombre inconfortable et à un déséquilibre absolu. Dans le PRD, son histoire, son développement, as dégénérescence et une fin tragique, devrait voir en MORENA son miroir. Gagner des élections à tout prix a un coût, le PRD les a payés, sans arriver jamais arriver à la présidence.

Le debacle électoral du PRIAN (RD) exprime le point culminant de la rupture du pacte du gouvernement antérieur, existant depuis la fraude de 1988, entre les élites priístes et panistes. Ils ont parié sur un modèle d’identité en politique et un faux jeu de transition de fonctions dans le gouvernement.

En un moment du sexennat de Peña, le pacte entre le PRI et le PAN s’est cassé, cela est observé dans les élections étatiques préalables avec les promesses d’emprisonner l’administration antérieure (Chihuahua, Veracruz, Coahuila), dans l’application des réformes structurelles, après le consensus du sommet qui a été le Pacte par le Mexique, et le maniement et le coût politique des diverses crises politiques dans le sexennat de Peña (réforme de l’éducation, l’“ayronais” (les 43 étudiants disparus en 2014. NDT), mouvements de la hausse de l’essence, espionnage, etc.).

La victoire démocratique et la reconnaissance de la majorité

Les raisons antérieures sont suffisantes pour expliquer la joie démesurée laquelle on a vécu dans le pays la nuit du 1er juillet. L’accumulation de rage et d’injustices sociales, la violence excessive et la corruption impudique ont jeté les bases de la majorité de MORENA. Quand le candidat oficialista José Antonio Meade, est arrivé à voter, une femme l’a spontanément crié "sans fraude, Meade, sans fraude" ; quand l’ex-gouverneur (priísta) de Veracruz Fidel Herrera est allé voter, et on a essayé de sauter la file de votants ; il n’a généré que la colère et la criaillerie des gens qui attendaient leur tour pour voter. Même après quelques agressions y compris armées, dans les maisonnettes de Puebla, les gens autour cherchaient comment reprendre l’ordre et continuer la journée électorale : "nous savons déjà que le gouvernement mouchard est celui qui a fait cela, allons le suivre que nous leur donnons chez la mère !", s’écoute dans les enregistrements.

Pour la première fois le Mexique a un processus électoral, malgré les cales frauduleuses et sa marque violente, qui a aussi été, paradoxalement, le premier que la volonté populaire a été écoutée de façon fort et claire. La chute du PRIAN et la fête sociale qui l’a suivi ont représenté pour des millions de personnes un moment de fête, qui leur annonce une justice après la longue liste d’échecs. Très différentes des nuits électorales de 2006 et 2012, quand la rage, la frustration et l’incrédulité s’imposaient. Le 1er décembre de cette année, quand AMLO prendra en compte une protestation (si un tour inespéré n’arrive pas, ce qui est très peu probable) il sera loin de la protestation de Peña, qui a du faire face aux protestations de rue. Les secteurs mobilisés pourront voir la protestation, l’analyser et penser aux défis qu’ils viennent, au lieu d’affronter l’angoisse du nombre d’arrêts, de blessés, et devoir recourir aux gaz lacrymogènes.

La colère sociale qui s’est exprimée dans les urnes est telle, que les campagnes de guerre sale n’ont servi à rien ; les concessions et les tours à droite d’Obrador durant la campagne, les alliances scandaleuses que dans un autre moment auraient garanti la victoire et la crédibilité, s’agit maintenant d’une petitesse pour l’électorat. Mais AMLO commettrait une erreur penser que la majorité électorale qui le porte à la présidence sera inconditionnelle.Au contraire, la mort tant par l’état de choses en ce que les millions de volontés qui fêtent aujourd’hui n’accepteront pas des premières déceptions ou le tour de dos du nouveau gouvernement, au-delà d’une rhétorique progressiste, inclusive et conciliatrice. Il est central dans le nouveau moment, renforcer l’importance du pouvoir populaire, si les majorités ont élu le nouveau gouvernement, ils ont le droit prioritaire de décider sur ses actions et mouvements. La joie d’hier soir doit rester dans la mémoire collective comme la preuve de ce que quand on veut, on peut et que l’organisation et une volonté populaire sont capables de tout.

En contrepartie, il est important de s’arrêter et d’analyser les porquois de l’acceptation si rapide du triomphe de MORENA. Il semblait que l’oligarchie traditionnelle devant l’échec écrasant dans les urnes enlève les mains et AMLO le permet de passer sans problèmes. Mais penser que les Meades, Anayas et les Peña sont en effet "des démocrates qui savent reconnaître des échecs" serait beaucoup plus qu’une ingénuité simple. Bien qu’il soit certain que la majorité électorale a été si grande que la manière unique de se mettre derrière la victoire d’Obrador serait pratiquement avec un coup militaire hyperviolent, et qui comme il a été constaté ce n’était pas une option pour l’oligarchie ; ils ont préféré au contraire, prendre la parole à AMLO et créer des multiples garanties de continuité avec la politique économique, les relations de propriété et la politique commerciale que le long de la campagne le candidat gagnant a offerte et qu’il a réaffirmée dans son discours de victoire.

Le nouveau gouvernement

Il est important d’analyser avec une tête froide, les vraies potentialités et un profil du nouveau gouvernement d’Obrador. Il ne faut pas laisser que rappeler que, malgré la majorité électorale indignée, anti-néolibérale et populaire qu’un gouvernement met à Estel ; non peu de représentants des couches(capes) oligarchiques se trouvent dans les positions clefs (Émoussées, Ebrard, Aubépine, pour mentionner certains). Ce qui donne une idée de ce que ce seront réellement les politiques poussées par le gouvernement d’AMLO.

Comme le long de la campagne, tout indique que des sujets importants de la situation nationale suivront absents. Poussera-t-on un nouveau modèle du développement qu’éloigne le pays de sa dépendance structurelle des combustibles fossiles et de l’industrie extractive des mines ; les mégaprojets suivront-ils en marche ? Il semble que non. Les droits et les exigences des femmes, seront-ils respectés y compris seront ils avancés au rythme de la nouvelle vague féministe en Amérique latine ? plus que jamais cela dépendra des luttes.

Une grande inconnue existe sur la politique fiscale et de la dépense publique du nouveau gouvernement. Pour plus scandaleuse et ignominieuse la corruption qu’Obrador annonce éliminer, son prix réel serait difficilement suffisant pour capitaliser les recours nécessaires pour se mettre à parcourir les mesures sociales promises aujourd’hui par AMLO. Refus de, pour l’instant, revenir sur la réforme de l’énergie et se limiter à des contrats octroyés, finalement entreront en collision avec la promesse de l’arrêt de la gasolinazos (étroitement lié au nouveau cadre énergétique). Qu’est-ce qui passera avec la réforme de l’éducation ? Et avec le nouvel aéroport ?

À un niveau local, la majorité de nouveaux postes(places) d’élection populaire conquis par MORENO sont l’expression la plus crue du prix pragmatique de la victoire d’Obrador. La cascade de "non présentables" qu’aujourd’hui représentent MORENA dans l’espace régional immédiat, entreront-ils dans une contradiction avec la volonté du changement exprimée dans les urnes ?

En synthèse, les attentes que l’AMLO lui-même a soulevé quant à la portée de leur gouvernement, sont un environnement économique qui fait sa réalisation réelle pas simple. Intérêts inter-classisste, idéologique et concurrents de l’énorme parapluie qui signifie MORENA, quand il s’agit pour le gouvernement, seront maintenus après la protestation ? À moyen terme, étant donné les verrous institutionnels qui protègent aujourd’hui à des réformes structurelles, la seule façon d’obtenir de nombreuses promesses de campagne serait l’appel pour une assemblée constituante et construire un nouveau pacte social (puisque le 1917 a été liquidée antidémocratique dans les trois décennies de libéralisme classique). Cette possibilité, aujourd’hui, n’est pas proche.

Un nouveau spectre politique et des défis pour une nouvelle gauche anticapitaliste

Quelle que soit l’évolution immédiate des événements, il est clair qu’elle sera accélérée et consolidera un processus de réalignement de la politique générale. Malgré l’accès important qu’aura l’évangéliste PES à l’Assemblée législative, court également le risque de perdre l’enregistrement légal. Nouvelle Alliance et le Vert se trouvent en pire situation. Les forces politiques et le spectre politique seront réorganisés dans les prochains mois.

Dans ce nouveau contexte historique et de l’échiquier politique, la question est ce qui va arriver avec les anticapitalistes à gauche ? Immédiatement, c’est face à deux dangers symétriques : d’une part, il existe un risque de chercher à accompagner l’expérience populaire dans MORENA, en sacrifiant l’indépendance politique, idéologiques et tactique. C’était le cas de la grande majorité de la gauche socialiste lorsque le PRD a été fondé et que le résultat n’était autre que son suicide politique. Terrible serait, au contraire, que dans la poursuite du maintien de l’autonomie politique, les anticapitalistes d’auto marginent et s’empara d’atrophie sectaire au cours des événements politiques dans le nouveau cadre. Une situation similaire se produit avec les mouvements sociaux.

Égal terrible, il serait, le cas opposé que dans la recherche, d’une autonomie politique maintenue, la gauche anticapitaliste souffre d’une atrophie sectatrice et il est auto margée du cours des événements politique dans le nouveau cadre. Une situation similaire succède(arrive) avec les mouvements sociaux. Dans l’immédiat il est important de mettre le nouveau moment pour que les luttes avancent, en maintenant son indépendance politique et sociale. Pour affronter le nouveau moment historique, il est urgent se lancer à des initiatives audacieuses qui permettent de construire un pôle anticapitaliste et anti-patriarcal.

Dans ce sens, l’expérience de la campagne par le registre de Marichuy, de porte-parole du Conseil municipal indigène de gouvernement, comme candidate indépendante, a été une réussite politique dans le cadre de tout processus électoral finit aujourd’hui. Était-ce parce qu’il était assis à une expérience inédite pour offrir une alternative au niveau national, beaucoup de leçons devraient être tirées de cette politique anticapitaliste. De même, que différents secteurs de l’anticapitalisme à gauche ne réclament pas explicitement le vote crucial d’AMLO est également un signal de la possibilité de la construction d’une gauche à gauche de MORENA, à condition qu’il ne tombe pas dans un sectarisme vulgaire, mais au contraire, c’est beaucoup plus difficile, connu de dialogue avec la nouvelle situation politique et l’esprit des masses qui aujourd’hui poussent vers l’avant.

Le galimatias et la secousse politique ne doivent pas nous faire oublier qu’aujourd’hui, le 2 juillet, la violence en pays suit répandue, que les mégaprojets avancent, que les femmes continuent d’être assassinées, que la pénurie suit là, que 43 et des milliers continuent de nous manquer plus. Au contraire, il faut traduire la joie de la victoire dans une organisation, en plus de luttes, en plus de rues ; en construire des projets politiques autonomes. La conquête démocratique que signifie le debacle du PRIAN (RD) aurait à tourner un premier pas, qui se limite dans que les urnes ne sont plus le chemin unique de participation politique ; il est nécessaire, au milieu de la re-situation politique une réforme profonde politique de démocratisation de la vie publique du pays. Il faut mettre au centre les gens, puisque celle-là d’hier a été sa victoire les millions qui cherchent une transformation et qui seulement la lutte l’obtiendront. Ce n’a pas été aucune victoire finale (échec de la droite), mais l’ouverture d’un moment historique inédit qui projettera de nouveaux défis, contradictions et possibilités.

Et cependant, hier soir, pour la première fois des décennies des milliers se sont réunis à la base de la ville, non pas pour faire une catharsis politique, mais pour défendre la vie, pour exiger une présentation vivante, un arrêt à la répression. Par ces raisons, la nuit du premier de juillet, les gens se sont trouvés pour sourire, pour chanter, pour danser, pour être pris dans les bras et pour se trouver. Notre combat est pour la vie, oui, mais la vie sans joie n’est rien.

Luis Rangel (membre de la direction du Parti révolutionnaire des travailleurs, section mexicaine de la IV Internationale)


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