Tension sur les campus sénégalais après la mort d’un étudiant

mercredi 30 mai 2018.
 

Fallou Sène a été tué mardi à Saint-Louis par les balles des gendarmes alors que les étudiants manifestaient pour réclamer le versement de leurs bourses d’études.

Jeudi, un calme relatif était revenu sur les campus au Sénégal, après la journée d’affrontements de la veille. C’est la mort, mardi, d’un étudiant de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis qui a mis le feu aux poudres. Fallou Sène, 25 ans, étudiant en Licence de Lettres modernes, « est décédé suite à une blessure par arme à feu », a confirmé, dès mercredi, le procureur de Saint-Louis, Ibrahima Ndoye, en s’appuyant sur les résultats de l’autopsie. Le jeune homme a été fauché par les balles des gendarmes sur le campus, alors qu’il prenait part aux protestations des étudiants de l’UGB réclamant le versement de leurs bourses, attendu depuis le 5 mai. Les manifestants avaient décidé de se servir sans payer pendant 48 heures dans les restaurants de la cité universitaire. Pour les en empêcher, le rectorat avait fait appel aux forces de sécurité... Dès que s’est propagée la nouvelle de la mort de Fallou Sène, l’émotion et la colère ont gagné les autres universités du pays. À l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, la police a répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes aux jets de pierres des étudiants. Les protestataires ont bloqué l’avenue Cheikh Anta Diop et la Corniche ouest, en érigeant des barricades de pneus et de poubelles en flammes. « Combattons pour la liberté, nous ne sommes pas des animaux qu’on tue comme on veut ! », scandaient les étudiants en exigeant justice pour Fallou Sène. À l’entrée principale de l’UCAD, une voiture de police a été incendiée.

Une enquête est ouverte

Mêmes scènes d’affrontements à Ziguinchor (sud), la plus grande ville de Casamance, où plusieurs édifices publics ont été attaqués et saccagés. Des protestations étudiantes ont également eu lieu dans les universités de Thiès (ouest) et Bambey (centre), rapporte le quotidien sénégalais Le Soleil. Solidaire des étudiants, le principal syndicat de l’enseignement supérieur, le Saes, a observé une grève de 48 heures. « Il est inadmissible que la violence des forces de l’ordre ait entraîné une mort d’homme dans le campus », s’indigne cette organisation. Alors que les étudiants réclament la démission des ministres de l’Intérieur, Ali Ngouye Ndiaye, et de l’Enseignement supérieur, Marytew Niane, une enquête est ouverte et les autorités promettent d’élucider les circonstances de la mort de Fallou Sène. Dans un contexte de fortes tensions sociales, le président sénégalais Macky Sall, critiqué par la jeune génération pour ses options jugées trop libérales, « engage le gouvernement à faire, dans les meilleurs délais, toute la lumière sur les causes du retard des paiements, à l’origine des manifestations qui ont occasionné cette mort inacceptable ». Une mission de l’Inspection générale d’État (IGE) doit procéder à un audit sur le système et les procédures de paiement des bourses d’études, une « priorité sociale absolue », selon Macky Sall. Mercredi, alors que les affrontements entre étudiants et policiers battaient leur plein, les allocations étaient enfin versées. Réaction d’une étudiante, rapportée par « Le Soleil » : « Pourquoi attendre qu’un étudiant soit tué pour annoncer le paiement des bourses ? ».

Rosa Moussaoui, L’Humanité


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message