L’Europe et le gouvernement s’attaquent aux petits éleveurs pastoraux

vendredi 25 mai 2018.
 

Le pastoralisme, pratique d’élevage basée sur la ressource fourragère d’un milieu naturel pour alimenter les animaux, offre une production locale et écologique de qualité. Pourtant, il est sans cesse remis en cause par les aides de l’Union européenne.

Depuis 2015, il est demandé aux éleveurs d’effectuer un prorata de leurs surfaces pastorales parcourues, suivant des critères alambiqués qui diminuent considérablement leurs surfaces et donc leurs aides. De nouveaux critères ont été rajoutés début 2018, ainsi qu’un durcissement des contrôles qui seront réalisés à des périodes inappropriées, notamment en fin d’été quand la végétation n’est pas représentative.

Aujourd’hui, ce sont l’intégralité des parcours boisés non herbeux, surfaces pastorales faites de milieux naturels et hétérogènes où la ressource fourragère herbacée n’est pas prédominante, qui sont dans le collimateur de la Commission européenne concernant les aides de la PAC.

Encore une fois, le gouvernement français passe en force pour appliquer les directives européennes, sans consulter tous les acteurs concernés. Il met ainsi en danger des centaines d’éleveurs dont 25 à 50 % de leurs revenus dépendent de ces primes.

Après les manifestations menées par la Confédération paysanne en mars, le ministère de l’Agriculture a réintégré l’ensemble des surfaces pastorales dans les surfaces admissibles et s’est même félicité de rajouter quinze nouveaux départements. Cependant, la liste des végétaux non comestibles – et donc non subventionnés – inclut désormais de nouvelles catégories de plantes comme les résineux et les épineux (ronces, églantiers, etc.) qui sont pourtant consommés allègrement par les troupeaux depuis des millénaires.

En fait, on cherche simplement à uniformiser les espaces agricoles suivant des critères productivistes : on préfère l’herbe grasse et la monoculture aux garrigues et sous-bois. Pourtant, les petits élevages pastoraux contribuent à limiter les incendies, maintiennent un tissu économique dans les territoires désertifiés et préservent la biodiversité. Ce sont bien eux qui méritent des subventions !

Cette pratique d‘élevage répond aux attentes de la société car elle est respectueuse de l’environnement, du bien-être des animaux et attachée aux territoires. Souvent menée sur des terrains difficiles et non-mécanisables, elle est basée sur la qualité et non la rentabilité. C’est un modèle agricole pour notre avenir en commun qu’il est nécessaire de défendre et d’encourager.

Lucie Rousselou


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