Les blacks blocs, produit de l’impasse stratégique actuelle

vendredi 11 mai 2018.
 

A) 1er Mai : le lumpenmanifestant en burqa paramilitaire

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Le défilé parisien de la Fête des travailleurs a été une nouvelle fois cannibalisé par des autonomes et des black blocs dont la violence nourrit le spectacle médiatique et nuit aux mouvements sociaux qu’elle parasite.

Les images tournent en boucle : mobilier urbain saccagé, concessions automobiles détruites, McDonald’s en feu. Pourquoi se priver ? Ce genre de scènes fait le miel des chaînes d’information en continu. Au-delà de l’instrumentalisation politique bien réelle, les faits sont là et ne peuvent être éludés, ce 1er Mai à Paris a bien été confisqué par la mouvance autonome et autre black blocs.

Exit la mobilisation sociale, les revendications contre la politique de Macron, place au spectacle désolant et totalement contre-productif d’une pseudo guérilla urbaine à bon compte. Tout de noir vêtu, cagoulé, muni de l’indispensable sac à dos, il y a tout de la burqa paramilitaire dans le dresscode des "vedettes" du jour.*

Nihilisme régressif

La police a-t-elle sous-estimé, en amont, l’afflux de ces black blocs qui, pourtant, avaient annoncé de longue date vouloir faire de ce jour un lieu de confrontation ? La question est légitime. A-t-elle été débordée ou s’est-elle laissée déborder ? Le débat n’est pas sans importance. Lorsque le secrétaire national de l’UNSA police, David Michaux, indique que « Les consignes, pour la plupart du temps, étaient d’intervenir rapidement dès lors qu’il y aurait des mouvements, précisant que là, le problème est que l’ordre n’est pas venu tout de suite », on ne peut que s’interroger.

Qu’un pouvoir politique cherche à utiliser à son profit de tels agissement, cela s’est déjà vu. Mais à moins de sombrer dans un complotisme absurde et faux, ce n’est pas Gérard Collomb qui est à l’origine des débordements, mais bien une mouvance habituellement qualifiée d’"ultra gauche". Comme tout parasite, cette dernière vient se greffer sur des mobilisations en cours auxquelles à vrai dire, elle n’accorde que peu d’intérêt.

Quel bilan tirer de la journée d’hier ? Poser la question, c’est déjà y répondre. Le gouvernement vacille ? Wall Street s’effondre ? Le Medef tremble ? À l’évidence non, au contraire. De plus en plus, certains hésiteront à se rendre à une manifestation en famille – avec quelques raisons. Vue de loin, cette violence nihiliste ne peut produire qu’une distanciation vis-à-vis de la mobilisation sociale et une aspiration à l’ordre, c’est à dire à de nouvelles régressions démocratiques. Quel succès !

Impasse stratégique

La violence envers l’État ne se manie pas impunément, elle doit être comprise, légitime. Rien de tout cela dans le cas présent, mais plutôt une fascination inquiétante pour la violence, voire une résurgence dégénérée de ce que fut le blanquisme en France au XIXe siècle : l’idée qu’un petit groupe déterminé, à lui seul, sans chercher à convaincre ni à rallier la masse de la population, pourrait obtenir des victoires décisives. Des narodniks russes à la fin du XIXe siècle, en passant par les Brigades rouges italiennes, on connaît de longue date l’impasse d’une telle stratégie.

Pourtant, il faut le reconnaître, celles et ceux qui accompagnent le "cortège de tête" étaient plus nombreux que d’habitude. Cela relève parfois d’une forme de voyeurisme, de curiosité malsaine, mais aussi pour une certaine frange de la jeunesse, d’une volonté d’accompagner ceux qui recherchent l’affrontement en ne partageant pas leurs méthodes, mais sans pour autant vouloir se dissocier d’eux. Ce constat est sans doute le résultat de trop longues années où les mobilisations traditionnelles ont été systématiquement défaites, faisant grandir tout à la fois un sentiment de rage et d’impuissance.

Au fond les black blocs ont la même fonction que les bandes qui détroussaient les lycéens – surtout de banlieue – il y a quelques années : celle de la destruction du mouvement social. Ceux qui, hier comme aujourd’hui, voient dans ces agissements une forme d’action, certes exagérée, mais qui serait le signe d’une radicalisation tout de même positive se trompent lourdement.

Après le lumpenprolétariat apparaît donc désormais un lumpenmanifestant, tout aussi nocif aux combats pour l’émancipation. Les mobilisations victorieuses ne pourront advenir à nouveau qu’en le combattant et le marginalisant politiquement.

B) Des policiers déguisés en blacks bloks le 1er mai 2018 ?

Mardi Premier Mai 2018 à Paris, la vérité sur certains manifestants cagoulés, tout de noir vêtus.

Cliquer sur les vignettes pour les agrandir.

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A Paris, de l’autre côté du pont d’Austerlitz, beaucoup de manifestants ont attendu sur le boulevard de l’Hôpital, plusieurs heures et sans succès, l’arrivée du traditionnel défilé du Mardi Premier Mai 2018, finalement cassé en deux avant la gare d’Austerlitz. Mais faute de voir arriver les cortèges, c’est un tout autre spectacle qui s’est donné à voir. Celui d’un incroyable dispositif policier, d’une cinquantaine de camions de Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS) parqués dans les locaux de l’hôpital de la Salpêtrière, d’autres stationnés dans les rues adjacentes, mais aussi et surtout l’irruption de groupes de dizaines de personnes encagoulées, voire casquées, tout de noir vêtus, munis de sacs visiblement non contrôlés, et se rendant, à grand enjambées, au contact de la tête de cortège. Qui étaient-ils ? Petit indice, ils portaient tous une petite oreillette et serraient chaleureusement la main des policiers en uniforme.

Les médias ont fait des gorges chaudes des dégradations visibles sur le premier tronçon du boulevard de l’Hôpital. La question n’est pas de nier la casse du Mac Donald’s ni l’incendie des deux concessionnaires qui se situaient, par ailleurs, sous un immeuble d’habitation, ni même la casse du mobilier urbain, à savoir une partie des panneaux de publicité Decault.

Néanmoins, ces fameuses dégradations ont été bien moindres que celles qui ont voulu nous être vendues par les médias qui décrivaient un Paris sens-dessus-dessous, moindres également par rapport à d’autres moments récents de manifestations. Bien moindres, bien entendu, que le saccage généralisé du territoire de la Zone A Défendre (ZAD) de Notre Dame Des Landes (NDDL) opéré sur ordre du gouvernement, ces derniers temps.

Pour ce qui est des acteurs et des actrices, il ne s’agit pas non plus de nier le fait que se trouvaient, devant le cortège syndical, plusieurs centaines de manifestants décidés à en découdre. Le chiffre de mille deux cent, communiqué par la préfecture de police, est largement fantaisiste et vise à alimenter les fantasmes et à faire les gros titres de la presse. L’enjeu n’est pas non plus, ici, de discuter de l’impact des formes de manifestation et d’action de la mouvance autonome visant à cibler, spécifiquement, des symboles.

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Ce qui est plus intéressant, c’est de s’interroger sur la façon dont, au cours de la manifestation, plusieurs dizaines de manifestants ou qui se présentaient en tant que tels, à première vue, ont pu descendre le boulevard de l’Hôpital, après avoir échangé des signes de connivence et des poignées de main avec les officiers commandant les escadrons de CRS.

Selon le Monde, dans son édition du Jeudi 3 Mai 2018, le cortège de tête se caractérise comme un groupe affinitaire pour partie constitué de manifestants appelés Blacks Blocs en raison de leur tenue entièrement noires, masques ou cagoules compris. Pour les camarades qui étaient présents en amont de la manifestation, si l’on s’en tient à cette définition, plusieurs de ces individus ont été vus. Des photographies en témoignent.

Évoluant par petits groupes et très mobiles, commentant, de façon très crue, ceux et/ou ce qu’il fallait péter ou démonter. De qui ou quoi parlaient-ils ? Des manifestants ou du mobilier urbain ? Pourvus de lourds sacs-à-dos, qui n’avaient pas été fouillés. Munis de casques de moto, qui pendaient à leur ceinture. Habillés en noir, certains arborant même un keffieh palestinien. Cagoulés, dès qu’ils approchaient le bas du boulevard, ou masquant leur visage d’une écharpe. Tous, ou presque, avec une oreillette, plus ou moins habilement cachée sous un bonnet. Et ce n’est qu’au moment de passer à l’action légale, à savoir matraquer et interpeller, après s’être fondus dans la foule, qu’ils passaient leur brassard orange siglé police.

Quel qu’ait été le nombre des manifestants au bout du pont d’Austerlitz, Mardi Premier Mai 2018 à 15 heures 30, ce sont plusieurs dizaines d’autres, déboulant de derrière les cordons de CRS, voire de derrière les grilles de l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, qui ont multiplié les provocations et les incidents, Mardi Premier Mai 2018 en milieu d’après-midi.

Le Monde, toujours très professionnel et objectif dans la façon dont il délivre les informations, souligne que les Blacks Blocs avaient promis une journée d’enfer. De façon tout à fait légale, la préfecture de police, quant à elle, avait déclaré, dès le Lundi 30 Avril 2018, qu’elle serait sans pitié et qu’il y aurait des affrontements. Et Gérard Collomb, ministre de l’intérieur, a réitéré le propos, puisque lors des prochaines échéances sociales, le gouvernement a assuré sa volonté de séparer les manifestants de ceux qui cassent, en cassant, précisément, les cortèges en deux ou en trois et en empêchant que ne s’exprime la contestation sociale. Qui sont les véritables casseurs, tout de noir vêtus ou en costume cravate ?

Pour voir d’autres photos, cliquer sur l’adrese URL portée en source (haut de page, couleur rouge).


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