Macron à Washington pour un adoubement

jeudi 3 mai 2018.
 

Depuis qu’il est arrivé à l’Elysée, Emmanuel Macron fait preuve d’un activisme diplomatique qui a pour objectif selon lui de replacer la France sur l’échiquier international dans lequel elle faisait piètre figure sous la présidence de son prédécesseur.

Il n’arrête pas en effet de recevoir et de rendre visite avec pour idée fixe de faire savoir qu’avec lui la France est de « retour » déterminée à se faire entendre et à peser sur la conduite des affaires internationales.

C’est dans le même état d’esprit qu’il a entamé une visite cruciale aux Etats-Unis. Elle est pour lui l’occasion de vérifier si l’activisme diplomatique qu’il pratique est en train de porter ses fruits. Il sera fixé au cours des entretiens qu’il aura avec son homologue étasunien Donald Trump qu’il pense avoir « séduit » alors même qu’ils ont des divergences sur nombre de dossiers internationaux. Ce qui, semble-t-il, irrite ce dernier et ne le prédispose pas à faire de la France l’alter ego des EU sur la scène internationale.

Sous les dehors d’un accueil amical, la visite à Washington du président français pourrait s’avérer un échec pour la raison que celui-ci a commis l’impair de claironner qu’il a de l’influence sur son homologue et est en mesure de lui faire changer d’avis sur les questions sujettes à divergence et même à conflit entre les EU, la France et l’Union européenne. Averti de la prétention que cultive son hôte, Donald Trump, dont l’ego a dû être titillé, ne se laissera probablement pas entraîner à se dédire sur les dossiers qui font contentieux entre lui et son hôte. Lesquels sont la protection de l’environnement et l’accord sur le nucléaire entre les cinq + 1 et l’Iran. Sur ces deux sujets, Macron ambitionne de convaincre Donald Trump que ses positions sont contraires au consensus international qui s’est dégagé. Mais si Macron a pour objectif le retour de la France sur la scène internationale, Trump a celui de faire passer les intérêts de de son pays avant ceux des autres.

L’amitié et le respect dont Donald Trump et Macron disent qu’ils sont le socle de leurs relations n’excluent pas que chacun a des arrière-pensées qui vont peser sur leurs entretiens. Le président des EU n’est pas sans savoir que son homologue français lui rend visite en vue de faire reconnaître par Washington le rôle singulier auquel il aspire pour la France sur la scène internationale mais aussi pour son adoubement en tant qu’Etat leader de l’Europe, statut jusque-là reconnu par Washington à l’Allemagne d’Angela Merkel.

Trump « moussera » très certainement le président français et son pays, leur octroiera le label d’amis des EU et d’alliés sûrs mais, sur le fond des problèmes sur lequel il y a divergence entre Paris et Washington, il ne concèdera rien à son hôte. Ce sera sa façon à lui de faire comprendre à ce dernier que l’influence qu’il croit avoir sur lui n’est qu’illusion quand ce qui est en jeu dans les dossiers abordés au cours de leurs entretiens touche aux engagements donnés par lui aux électeurs américains qui l’ont élu et à sa détermination d’imposer au reste du monde la volonté des Etats-Unis de ne pas céder aux arrangements ou concessions qui affaibliraient son statut de puissance impériale à laquelle il est naturellement dévolu de régenter unilatéralement la politique mondiale.

Habib KHARROUBI

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