« Rendez l’argent des privatisations ! », les cheminots en colère s’invitent place de la Bourse

jeudi 3 mai 2018.
 

Des dizaines de grévistes de la SNCF se sont rassemblés devant le palais Brongniart pour dénoncer la transformation du groupe en société anonyme. Une action symbolique alors que la grève pourrait se poursuivre au delà du mois de juin.

L’action se voulait « symbolique ». Hier, des dizaines de cheminots grévistes se sont rassemblés place de la Bourse, à Paris, face à quelques salariés interloqués du Palais Brongnart, qui de derrière les grilles, les prenaient en photo. « Nous sommes ici aujourd’hui pour dénoncer l’un des piliers de cette réforme ferroviaire qui consiste à transformer la SNCF, aujourd’hui établissement public, en société par actions à capitaux publics » a expliqué Laurent Brun. Mais « pas question que la SNCF s’ajoute à la longue liste des entreprises publiques privatisées » a poursuivi le secrétaire général de la fédération CGT des cheminots. Dans la foule des cheminots mobilisés, mêlée de chasubles CGT, de drapeaux Sud-Rail et de badge de l’UNSA ferroviaire, la determination à aller jusqu’au bout du combat est sur tous les visages, même si, concède l’un d’eux, « on commence à fatiguer physiquement ».

Face à la surdité d’un gouvernement qui persiste dans sa logique de « concertations » alors même que les organisations syndicales de cheminots jugeant le procédé stérile, ont claqué la porte des discussions, les grévistes sont prêt à en découdre. « Oui, si le gouvernement ne cède pas, nous irons au delà du moi de juin » a confirmé Laurent Brun, bien qu’« aujourd’hui, cette question n’est pas à l’ordre du jour dans les assemblées générales de cheminots ». Elle ne sera à priori pas non plus à celui de la réunion interfédérale qui réunira les syndicats de cheminots ce mardi en fin d’après midi. Au menu de cette nouvelle discussion intersyndicale, « nous aborderons la question de la répartition de l’argent récolté par les caisses de solidarité, nous travaillerons à affiner chacun des huit points de notre plateforme revendicative, et enfin, nous réfléchirons à la façon dont nous allons interpeller Edouard Philippe, avec qui nous exigeons désormais de négocier et qui ne nous a toujours pas répondu », détaille Laurent Brun. Entre temps, Édouard Philippe a invité l’ensemble des syndicats de la SNCF et leurs responsables confédéraux à des réunions bilatérales le 7 mai à Matignon sur la réforme ferroviaire, dans une lettre qu’il leur a adressée ce mardi.

A travers la fumée épaisse des torches, ça et là dans la foule, les cheminots grévistes racontent des assemblées générales qui font le plein « malgré les congés » et un mouvement de grève « largement reconduit » en respectant le calendrier de deux jours sur cinq fixé par trois syndicats (CGT, UNSA, CFDT) sur quatre, exception faite de certaines gares parisiennes comme Paris Nord ou Austerlitz où les cheminots Sud-Rail tentent à chaque AG de faire voter la grève reconductible pure. « Ce sont les même débats qui agitent chaque mouvement social à la SNCF mais ça n’enlève rien ni à notre unité dans l’action, ni à la finalité que nous recherchons tous : l’abandon de ce projet », note une syndicaliste CGT.

Les discussions s’étiolent alors que Laurent Brun prend le micro. « 72 milliards d’euros ! 72 milliards d’euros en 15 ans ont été versés au titre des dividendes aux actionnaires privés des anciennes entreprises publiques ! » lance le secrétaire général de la CGT cheminots. « Et pourtant, à l’époque, les mêmes discours des responsables politiques assuraient qu’il ne s’agissait pas de privatisation : France télécom, EDF/GDF, la Poste, et je pourrais rajouter Renault, BNP, Usinor, Air France... partout le capital de ces sociétés a finalement été ouvert à des investisseurs privés et aucun exemple ne vient démontrer le contraire » poursuit le syndicaliste. Sous les applaudissement, Laurent Brun lâche le slogan : « rendez l’argent des privatisations ! », repris et répété par la foule des grévistes, qui tous, appellent leurs collègues à rejoindre les assemblées générales et à entrer dans la danse. Et l’un d’eux de confier : « Le mois de mai s’annonce chargé, il faut qu’on réussisse à mobiliser largement ce week end de retour de vacances si on veut que ça marche »

Marion d’Allard, L’Humanité


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