Cheminots, pilotes, éboueurs, électriciens, étudiants... rien en commun sauf la grève du 3 avril

vendredi 6 avril 2018.
 

Lors de la grève de mardi qui réunira cheminots, pilotes, éboueurs ou étudiants, la CGT et SUD rêvent de faire enfin « converger les luttes ». (Le Parisien)

Les cheminots, les pilotes d’Air France ou les éboueurs de Paris, Marseille ou même Montpellier... le 3 avril, tous seront en grève. D’autres réfléchissent sur la suite à donner à la manifestation du 22 mars, comme les fonctionnaires ou les salariés de l’énergie. « On doit se réunir (NDLR : aujourd’hui) pour définir les moyens d’action à mettre en place pour défendre l’avenir du service public, confirme Sébastien Menesplier de la CGT-Mines-Energie. Je ne sais pas si ça sera le 3 avril ou les jours suivants, mais on ne restera pas les bras croisés. »

Parmi les pistes évoquées : des baisses de charges dans les centrales nucléaires, des coupures électriques ciblées sur des entreprises ou le passage en heures creuses par endroits. Motivations diverses

On voit bien émerger un patchwork de revendications mêlant pouvoir d’achat, défense du service public, opposition aux réformes Macron... De là à imaginer un grand mouvement social, il y a un pas que certains aimeraient franchir. « La convergence des luttes, on en rêve, confie un délégué SUD-Rail. On aimerait que les cheminots soient le catalyseur de toutes les contestations au gouvernement Macron. Il y a un frémissement, notamment chez les étudiants. » Depuis quelques jours, des blocages ont touché les universités de Rennes, Lille, Paris et Toulouse. « Ce n’est pas Mai 68 », tempère Jimmy Losfeld, président du syndicat étudiants la Fage.

Chez les pilotes d’Air France, on conteste toute convergence des luttes : « Tous ces mouvements ne se battent pas pour les mêmes raisons, fait remarquer Grégoire Aplincourt président du Spaf, deuxième syndicat de pilotes. Nous n’avons pas déposé un préavis le 3 avril pour manifester avec les cheminots, mais parce qu’il fallait bien trouver une date. »

Pour Mylène Jacquot de la CFDT-Fonctions publiques : « La convergence des luttes ne se décrète pas. Dans la fonction publique, certains secteurs sont très mobilisés comme les écoles primaires, les Ehpad (NDLR : établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). D’autres, notamment dans la fonction publique d’Etat, réagissent moins. »

« En mars 1968, jamais on n’aurait pu imaginer ce qui allait se passer deux mois plus tard », glisse Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. A la centrale de Montreuil (Seine-Saint-Denis), on fait le pari d’une mobilisation grandissante à compter du 3 avril, date du début de la grève perlée de la SNCF. « Il y a les étudiants, les cheminots, les éboueurs. Bientôt peut-être la Poste ou l’énergie… », égrène, rêveur, Martinez qui évoque déjà une « convergence des luttes » pour le mois d’avril. Seulement voilà. La CGT, qui a décrété la semaine dernière la tenue d’une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle le 19 avril prochain, reste, une fois encore, isolée dans le paysage syndical.

Même à Solidaires - classé à l’extrême-gauche - on tempère. « La colère s’élargit, mais il ne faut pas perdre de vue les problèmes de chacun », assure Eric Beynel, le porte-parole du syndicat.

Bérangère Lepetie, Erwann Benezet et Vincent Vérier


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