Famille et familialisme (par la Société italienne des Historiennes )

dimanche 28 août 2016.
 

Face à la récente mobilisation sur la famille, qui ignore les enquêtes scientifiques les plus rigoureuses, en tant que Société italienne des Historiennes nous ressentons le devoir de rappeler deux points fondamentaux.

1. La famille n’est absolument pas une, universelle et naturelle : dans des sociétés et des époques différentes il y a eu des types très différents de famille ; dans l’histoire la plus récente de notre pays aussi bien l’institut familial - caractérisé jusqu’en 1975 par la hiérarchie masculine - que les noyaux familiaux concrets ont changé. Soutenir un modèle positif unique produit des discriminations et suscite des sentiments d’inaptitude chez les femmes, les hommes et les mineurs qui ne peuvent pas s’y reconnaître.

2. Les familles ne sont pas toujours et seulement une communauté d’amour et de vie et le fait de se marier ne garantit pas une meilleure réussite, même pas en tant que parents, aux couples mariés par rapport aux autres couples.

La violence domestique, faite aussi d’abus psychologiques outre que physiques, est un phénomène perpétré dans tous les pays, dans toutes les couches de la société, par des personnes normales : seulement chez 10% des personnes qui commettent des abus on relève des dérangements psychiques ou une dépendance de substances (source : OMS) ; en Italie, 1 meurtre sur 4 a lieu en famille (Eures-Ansa 2005) ; prés de 2 millions de femmes ont subi de la violence de la part de leur partenaire ou ex partenaire (ISTAT 2006) ; les abus et les mauvais traitements psychologiques aux dépens de mineurs se vérifient presque exclusivement en famille (Téléphone Arc-en-ciel, 2006). De plus en plus, l’augmentation d’infanticides concerne justement les enfants nés à l’intérieur du mariage et est liée à de tragiques solitudes familiales (Comité national de bioéthique 2006).

Dans les procès de séparation et de divorce, les hostilités de la famille d’origine du conjoint ont une grande part. Le fait d’ignorer ce que nous disent les statistiques officielles et les forces de l’ordre ( www.carabinieri.it ) à propos de la violence domestique, ce que l’Eglise sait à propos d’abus sexuels sur des mineurs ( www.vaticanradio.org ) produit une connivence objective avec la violence et avec ceux qui nient ou minimisent les faits, que plus de 90% des victimes ne dénoncent pas par honte, peur ou incapacité. La préoccupation de défendre « la » famille à tout prix - qui a déjà aussi inspiré une loi sur l’inceste qui le définit comme un crime seulement s’il est commis d’une façon qui puisse susciter un scandale public - fait persister la vieille mentalité du linge sale qu’on lave en famille et laisse donc seuls et sans défense précisément ses composantes les plus faibles.

La Société Italienne des Historiennes rappelle que quand l’emportent l’idéalisation et la défense d’un modèle abstrait de famille, l’attention aux relations réelles, à la dignité des personnes, à leurs besoins et à leurs droits, à la complexité des politiques nécessaires viennent à manquer. Des décennies de rhétorique familialiste ont produit dans notre pays le plus bas investissement financier pour soutenir les familles et une culture du soutien des parents qui réduit encore à une affaire privée l’engagement de femmes et d’hommes pour bien élever leurs enfants : il faut plutôt des soutiens à la maternité et à la paternité, des formes de conciliation réelle entra la famille et le travail, un partage des responsabilités éducatives et des soins, une éducation au respect réciproque et à la solidarité pour que les relations familiales puissent vraiment offrir des soins, du bien-être, de l’amour.


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