Italie. Succès du mouvement Cinq étoiles et de l’extrême droite

vendredi 9 mars 2018.
 

Selon les premiers sondages « sortie des urnes », le Mouvement cinq étoiles reste le premier parti du pays. Il obtiendrait entre 29 et 32% (1), soit bien plus qu’en 2013 (25,5%). Il progresserait notamment dans le sud du pays. Alessandro Di Battista, député du M5S, s’est réjoui, parlant d’un "triomphe pour le M5S". "Cela montre que tous devront parler avec nous", a-t-il prévenu, envisageant que son parti soit la colonne vertébrale de la future majorité.

La coalition d’extrême-droite et de droite en tête

La coalition la plus importante est celle qui unit la droite de Forza Italia à l’extrême-droite de la Ligue du Nord et de Frères d’Italie. Elle obtient entre 33,5 et 36,5 %, contre 29,18% en 2013. Cette progression est possible grâce à la progression de l’extrême-droite. En effet Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi baisse. Il recueille entre 12,5% et 15,5% des suffrages (en 2013, le Peuple de la liberté obtenait 21,56% des voix).

Forza Italia serait devancé par la Ligue de Matteo Salvini, estimée entre 13 et 16%. Cela signifierait une prise de leadership de l’extrême-droite au sein de la coalition. Une première depuis 1994. Dans les régions septentrionales du pays, la Ligue fait des poussées à plus de 40% dans certaines zones.

À cela, il faut ajouter le score de Frères d’Italie, une force néofasciste, créditée de 3 à 6%.

Le centre-gauche en baisse

Le Parti démocrate (PD) de Matteo Renzi s’effondre, crédité de 20,5 à 23,5% des suffrages (25,43% en 2013). Le total de la coalition de centre-gauche est estimé entre 25 et 28% (29,55% en 2013). Le chef du groupe PD à la Chambre des députés, Ettore Rosato a déclaré que si les résultats restaient dans ces eaux, son parti « irait à l’opposition ». Depuis 2011, le PD était le principal parti au gouvernement. L’ancien sous-secrétaire d’État à la justice, Gennaro Migliore, a prévenu qu’il n’y aurait aucune alliance avec le Mouvement cinq étoiles.

À gauche du Parti démocrate : la bérézina

On observe un effondrement des forces à la gauche du Parti démocrate. Libres et égaux est estimé entre 3 et 5%. Cette liste rassemble Gauche italienne, qui avait obtenu 3,2% en coalition avec le PD il y a cinq ans. Elle a également vu le renfort de la "gauche" du Parti démocrate. Sans succès visiblement.

Quant aux communistes de Pouvoir au peuple ils obtiendraient, selon les premiers bulletins dépouillés 1,1% des voix et n’entreront pas au Parlement. Il y a cinq ans, Révolution civile, l’alliance à laquelle participaient le Parti de la refondation communiste et le Parti des communistes italiens, recueillait 2,25% des suffrages.

Pas de majorité

Les projections en sièges pour la Chambre des députés montrent qu’aucune majorité ne se dégage. La coalition de droite et d’extrême-droite est loin d’obtenir les 315 sièges pour gouverner : elle en occuperait entre 225 et 265. Le M5S aurait lui entre 195 et 235 députés. Le centre-gauche entre 115 et 155. Libres et égaux entre 12 et 20 sièges. Les autres listes obtiendraient entre 6 et 8 sièges.

Au Sénat, où le vote a lieu sur base régionale, la droite et l’extrême-droite pourraient se rapprocher de la majorité (158 sièges). Elles sont créditées de 112 à 152 élus. Le Mouvement cinq étoiles est estimé entre 75 et 115 sénateurs, talonné par la coalition de centre-gauche (57 à 97 élus). La liste Libres et égaux aurait entre 2 et 6 élus.

Pour gouverner, un exécutif doit avoir la majorité dans les deux branches du Parlement.

Et maintenant ?

En l’attente des résultats détaillés, il n’est pas sûr qu’une grande coalition entre le centre-gauche et Forza Italia soit en mesure de gouverner.

Une autre hypothèse, évoquée pendant la campagne, est celle d’un gouvernement Cinq étoiles - Ligue du Nord. Ces deux partis obtiennent à eux deux, entre 44,5 et 48,5% des voix. Mais il n’est pas sûr qu’un tel attelage plaise au M5S en quête de respectabilité. D’autant plus qu’une partie de son électorat, qui provient de la gauche, pourrait se détourner de lui, notamment dans les zones du sud du pays.

Enfin, le président de la République pourrait demander aux forces politiques la formation d’un gouvernement technique en vue du changement de la loi électorale.

Gaël De Santis, L’Humanité


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