Coup de gueule : J’ai été femme de cheminot

mercredi 7 mars 2018.
 

J’ai suivi tous les trois ans, les mutations professionnelles et donc connu à chaque mouvement de poste, le chômage, la précarité dans mon propre parcours professionnel. Être cheminot, c’est accepter une mobilité, c’est dormir dans des foyers plutôt que chez soi , c’est déblayer la voie de chemin de fer sous la neige et dans le froid, c’est vérifier au quotidien la sécurité du matériel, la fonctionnalité des équipements, la sécurité des voyageurs. C’est garder malgré tout, la courtoisie quand assis confortablement et au chaud, on râle après dix minutes de retard.

Au delà de cette actualité navrante sur les soi disant privilèges du cheminot, du retraité, du fonctionnaire qui est aussi une infirmière épuisée, un policier suicidaire, un professeur accablé, un chercheur en précarité, il en va de comment la société, notre communauté prend soin de la fragilité.

Quand on réfléchit à baisser l’âge de la maturité sexuelle des enfants, quand on laisse crever dans leurs excréments nos anciens, quand on retrouve au matin des hommes et des femmes morts de froid, j’ai comme un doute sur notre civilisation, trop d’échos à la barbarie. Dans cette idéologie de la réussite, de l’étalon , du surhomme, du mérite, du héros de cordée...on frôle cette idée de l’homme supérieur de par son rang, son mérite, et pourquoi pas son ADN. On frôle l’idéologie d’une classe supérieure, de par leur rang social, leur capital, leur intelligence...il y a comme une répétition de ce qui a favorisé le chaos et le crime il n’y a pas si longtemps.

Les autres, les fainéants, les assistés, les handicapés, les vieux, les enfants ne valent rien. Être utile à l’idéologie , à la soumission par le travail, par le crédit, par la terreur de finir congelé sur un trottoir limite notre réflexion, notre intelligence, notre lucidité, notre courage à se révolter contre cette concurrence entre nous, contre cette désespérante décadence de l’humanité.

Comment comprendre notre frilosité à dénoncer cette imbécile et puérile théorie qui fait qu’il y a des gagnants et des perdants. Sur quel critère peut-on décréter la valeur d’un homme ? Sans le partage avec l’autre sans la connaissance que j’ai de moi à travers l’autre, je n’existe pas. C’est parce que je me reconnais à travers cet autre que je m’accomplis.

L’autre c’est moi.C’est à travers lui que je me perçois. Roland Gori...... « La vie de l’homme libre requiert la présence d’autrui » Hannah Ahrendt.

Aristote » le fait d’être heureux, digne , libre , nécessite la reconnaissance de ses semblables »Le tyran ne peut être libre, car il n’a pas de semblables qui le reconnaisse, car il est seul »


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