Le Ségo-tour fait étape au Conseil national du PS

mardi 15 mai 2007.
 

Quelle situation consternante au PS ! Pour tout potage post électoral nous aurons donc d’abord les réactions à « la femme fatale » livre sur le personnage de Ségolène Royal, selon lequel nous aurions été tous le choeur inconscient et aveuglé d’une pièce de boulevard, ensuite les bruits de ralliements à Sarkozy d’importants nomenklaturistes socialistes qui couvrent de honte le PS qui n’en peut mais, et la pantalonnade de Conseil National du PS le samedi. Les deux premiers ont leur vie, indépendante de notre volonté. Et ce sera bientôt le cas du troisième, au rythme actuel de la décomposition de la tête du PS.

Bigre pourquoi me suis-je levé samedi pour ce Conseil National du PS ? Pourquoi ? Réunion soi-disant « à huis clos » ; ça paraissait sérieux. En fait j’ai appris dans les couloirs qu’il s’agissait d’empêcher la salle d’être envahie par les supporters de Ségolène Royal. C’est sans doute faux. Mais comme on me l’a répété deux ou trois fois, ça signale quand même au minimum un état d’esprit : celui des gens qui répètent l’info. De toutes façons un détachement de supporters étaient à l’entrée et on m’a dit (sans que je l’ai vu) que le fils Hollande le commandait.

Comme ils disaient « merci untel .., merci » à ceux qui passaient, quand ils se sont adressés à moi j’ai pris ça au pied de la lettre et je suis allé les saluer. En fait, il s’agissait de nous insulter en nous accusant de n’avoir rien fait pendant la campagne puisque c’est le mot d’ordre du quartier général des nouveaux gardes blancs (couleur de la veste de maman). Ils avaient une banderole très branchée dans un joli drap à fleurs que la grand-mère de Jeanne Sophie a du donner à sa petite fille Marie Chantal pour mettre dans son sac de couchage aux JMJ et que cette petite peste a prêté à ses copains socialistes pour y faire des graffitis ! Quand j’ai compris ma méprise j’avais déjà le cœur au bord des lèvres. Cette sorte de raëlliens qui dansent devant le siège du Parti le soir des défaites et vient menacer des dirigeants socialistes devant leur conseil national me fait gerber. La suite n’a rien arrangé.

HUIS CLOS ET COMPAGNIE

A la suivante station du parcours, dans la salle, au début du Conseil national, Jean Marc Ayrault nous a dit toutes sortes de choses taillées dans le marbre du temple de Jupiter très bon très grand. Il nous a appelé au respect mutuel et au sens des responsabilités. Mais il s’est bien gardé de nous respecter jusqu’au point de nous informer de ce qu’il avait déclaré dans un journal non encore paru encore à cette heure là : sa proposition de désistement socialiste dans dix ou quinze circonscriptions en faveur des candidats centristes. Donc nous étions déjà là comme des marionnettes qu’on manipule. Le pire était à venir.

Car le huis clos à l’intérieur n’a pas duré et de cette manière nous avons été soumis à une deuxième manipulation. Celle du faux huis clos. En me retournant (j’étais au premier rang cette fois ci) j’ai vu que les balcons avaient été ouverts aux journalistes. Pourquoi pas. Je vous dirai une autre fois pourquoi ce n’est pas une bonne idée. De toute façon le débat sur ce point n’a plus lieu d’être, compte tenu de ce qui s’est passé. Quand Ségolène Royal a eu parlé, elle a écouté François Hollande, puis elle est sortie de la salle, sans aucune espèce de considération pour l’instance du parti, ni pour ceux qui la composent, ni pour ceux qui allaient s’exprimer. Le faisant, elle savait qu’elle projetait nos travaux dans le pire des néants de notre époque, le néant médiatique. Meurtre symbolique parfaitement réussi. Car aussitôt le Ségo-tour de la présidentielle s’est reconstitué autour de ses zélés habituels et les journalistes ont disparu du balcon à une ou deux méritoires exceptions près !

UNE MORT SYMBOLIQUE TELLEMENT EFFICACE

Le résultat politique a été acquis : personne ne saura ce que nous avons dit dans la salle, ni ce que nous avons évité de dire. Par conséquent le « débat », restera là où l’ont placé les agents d’influence médiatique : pour ou contre la modernisation du parti socialiste ? Avec un sondage à la clef, à paraître le lendemain mais déjà commenté de tous côtés sans un instant d’esprit critique sur la pertinence de la question qu’il pose. D’ailleurs déjà, moderniser ou pas, c’est une question trop compliquée. Mais savoir qui en est capable voila qui nous ramène au catch pipol habituel. Aussitôt dit....

C’est beau comme un exemple d’école sur ce qu’est le pouvoir d’injonction des sondages : « qui est le mieux placé pour moderniser le Parti socialiste ». Car il est acquis que notre problème c’est de se moderniser ! Je ne reprends pas la démonstration que j’ai faite à la tribune de ce prétendu Conseil National et que vous lirez, si vous le voulez, sitôt que j’aurai récupéré le texte de mon intervention. On m’a dit qu’elle était intéressante notamment lorsque j’ai interpellé Dominique Strauss Kahn pour commencer le débat qu’il propose a propos de la social démocratie. Mais le résultat de ce brillant exercice de démocratie « transparente sous les yeux de la presse et bla bla bla » est à lire dans « Le Monde ». Pas le débat, il n’y en pas trace. Pas une ligne. Pourtant après que Ségolène a eu fini son numéro dans le couloir, seuls trois orateurs avaient parlé. Et il y en avait encore plus de dix et non des moindres. Ce n’est donc pas que les déclarations de couloirs de Ségolène aient empêché de les suivre. C’est que la voix du « Ségo tour » ou bien avait autre chose à faire ou a décidé que tout ce qui se dit et fait en dehors de Ségolène Royal n’a pas d’intérêt. Pourquoi pas ? C’est un point de vue. C’est le point de vue du service de presse de Ségolène Royal.

UN POINT DE VUE SUBLIMINAL MAIS FEROCE

Mais précisément il s’agit là de faire croire que ce n’est pas un point de vue mais une évidence. Aussi le papier regorge t -il d’informations mondaines sur les présents et les absents pour faire genre qui a tout vu et tout suivi, tout en pratiquant l’art suave de la révérence et de l’ostracisme. Ainsi apprend -t-on, à la chute de papier, lourd de sous entendus, sans autre commentaire : « Julien Dray est invisible ». Diable c’est grave ! On ne saura pas si c’est volontaire ou non de sa part. Mais on devine qu’une observatrice aussi précise ne parlerait pas en vain d’un détail de cette sorte.

Toutefois, même si l’on accepte la prémisse (« sauf Ségolène tout le reste est sans intérêt ») je recommande beaucoup de prudence sur l’honnêteté de la feuille de présence établie par cette sorte de zélée. En effet on peut aussi lire dans le même article qu’Henri Emmanuelli était "également absent". Pourtant il était bel et bien là, au premier rang, assis à deux sièges du mien. Et il a même pris la parole, un peu avant moi. En sixième position, bien après le départ de Ségolène Royal. Qui voulait, pouvait l’entendre sans avoir à arbitrer avec un autre impératif de couloir. Que penser de cette sorte « d’erreur » ? Que c’est professionnellement nul ? Que vous attendiez du « Monde » aussi un compte rendu de ce qui s’est dit dans la salle et pas seulement de l’ambiance des couloirs et du carnet mondain des absences remarquables ou non ? Vous avez tout faux ! Il est temps de vous moderniser. Aller dans une réunion pour y être insulté à la porte et manipulé à l’intérieur est du dernier ringard. Dorénavant les présents ont toujours tort.

RETOUR SUR TERRE

Enfin je dis ça pour la réunion du PS. Juste ensuite il y avait le conseil national de PRS. Retour chez les gens normaux. Ambiance studieuse, compte rendu du terrain, débat sur un texte synthétisant le bilan des regards croisés qui ont été décrit dans les contributions de chacun. Moyenne d’age à la tribune moins de quarante ans, mixité spontanée des orateurs. Je suis assis au fond de la salle et je suis tout du début à la fin, de la première minute à la dernière et je m’inscris comme tout le monde dans une des commissions du dimanche matin quoique j’aurais bien aimé faire un peu la grasse matinée. Bref un collectif.


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