Il faut en finir avec le nucléaire

dimanche 18 février 2018.
 

Cette semaine est lancé la phase ultime d’une des trois campagnes décidées par la troisième Convention de « La France insoumise ». Il s’agit de la votation citoyenne pour la sortie du nucléaire.

Cette semaine est lancé la phase ultime d’une des trois campagnes décidées par la troisième Convention de « La France insoumise ». Il s’agit de la votation citoyenne pour la sortie du nucléaire. Celle-ci aura lieu dans la semaine du 11 au 18 mars prochain. Entre la date anniversaire de l’accident de Fukushima et celui du début de la commune de Paris. Tout le monde peut participer à cette campagne en allant chercher les fiches argumentaires et le matériel nécessaire sur le site de « La France insoumise ». L’équipe qui s’est constituée autour de Mathilde Panot et Jean-Marie Brohm pour mettre en place cette campagne a également assuré le contact avec les organisations associatives historiques du combat contre le nucléaire. Le monde associatif qui a le premier ouvert et tenu cette tranchée a réagi de façon très positive. Plusieurs éminentes personnalités venues de leurs rangs ont pris en main le co-pilotage que Mathilde Panot a mis en place. À mon tour, je veux participer à cette campagne en présentant ici les arguments qui m’ont le plus touchés ces derniers temps. Et je commence par celui qui invoque l’indépendance énergétique de la France que le nucléaire garantirait selon ses partisans. L’aspect géopolitique de cet argument parle aux auditeurs dans plusieurs directions. Mais il est faux.

Il dure pourtant depuis bien longtemps. Ce fut même l’argument central à l’origine. Le développement de la filière nucléaire pour produire de l’électricité en France a été lancé dans les années 1970 au motif de garantir l’indépendance énergétique de notre pays. Plus précisément, il s’agissait alors de diminuer notre dépendance aux énergies fossiles, associés à l’époque aux États-Unis et à des risques géopolitiques qui sont d’ailleurs toujours là. Depuis, l’argument est rabâché par le lobby pro-nucléaire. L’énergie nucléaire serait la garante de l’indépendance nationale, en sortir serait mettre en péril cette indépendance.

Voyons cela. Le taux officiel d’indépendance énergétique de la France est de 50%. Autrement dit, la moitié de l’énergie que nous consommons serait d’origine nationale. Ce chiffre est sujet à plusieurs critiques. Le biais le plus important de cette prétendue indépendance énergétique est que 100% de l’uranium utilisé dans les centrales nucléaires françaises est importé. Aucune mine en France ne produit de l’uranium. La France importe 8000 à 9000 tonnes d’uranium par an. Il y en a pour un milliard d’euros dans la balance commerciale de notre pays. En tout cas, c’est un étrange raisonnement que de se dire indépendants grâce au nucléaire au motif que la valeur ajoutée à l’uranium serait réalisée en France. Non, le nucléaire n’est pas une « énergie française ». Ou alors autant dire que le pétrole raffiné en France est français et qu’il n’induit pas de dépendance vis-à-vis des pays producteurs de pétrole. Et alors dans ce cas, pourquoi le nucléaire ? Cette dépendance aux importations est aggravée du fait du mauvais rendement de l’énergie nucléaire. Celle-ci se distingue en effet par le fait que les deux tiers du combustible utilisé est perdu en chaleur quand seulement un tiers produit effectivement de l’électricité.

Ensuite, on aurait tort de réduire cette dépendance à une simple question commerciale. Son contenu géopolitique n’est pas neutre. Nous sommes dépendants pour la production de nos centrales du minerai que nous importons du Niger, du Kazakhstan et du Canada. Les réserves d’uranium étant très concentrées, la France dépend d’un petit nombre de pays pour son approvisionnement. Une grande partie de l’uranium que nous utilisons est produit au Niger. Un pays qui est déstabilisé par les bandes armées telle que Boko Haram. Le Kazakhstan est l’autre grand pays duquel nous dépendons. C’est même celui qui en possède les plus grandes réserves sur la planète. C’est aussi l’une des pires dictatures du monde. Son Président, Nazarbaïev, est en place depuis 1984. Amnesty international y a recensé 163 cas de torture en 2016. Mais puisqu’il nous fournit de l’uranium, l’Assemblée nationale ratifie avec lui des accords de coopération renforcée. Et les députés de la majorité « la République en Marche » se sont succédé à la tribune pour lui faire des compliments. Un honteux défilé qui montrait la conception abaissée de la France qu’ils incarnent.

Dans ces conditions, notre raisonnement montre la nécessité de renverser l’axiome de départ du credo des nucléaristes. C’est pour devenir indépendant qu’il faut sortir du nucléaire en France. Oui, sortir du nucléaire pour garantir une véritable indépendance énergétique de notre pays. Les ressources pour produire de l’énergie renouvelable sont présentes en abondance sur le territoire français. Nous avons la première façade maritime d’Europe et des entreprises françaises sont en pointe dans le domaine des énergies marines renouvelables. Il ne manque que la volonté politique de faire autrement. Et la volonté d’être indépendant.


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