1er février 2018 Un jour dans la rue et à l’Assemblée

dimanche 11 février 2018.
 

Vous l’avez peut-être constaté. Ce jeudi 1er février, les insoumis étaient mobilisés de tous côtés, sur tous les fronts. Notamment à l’Assemblée nationale pour présenter leurs cinq propositions de lois. Cette journée, longuement et méthodiquement préparée a été suivie toute la journée par des émissions et des débats sur les réseaux sociaux. On peut retrouver tout cela sur le site des insoumis. Pourtant je veux faire encore quelques remarques au sujet de ce jour-là. Nos textes étaient inscrits dans une sorte d’hégémonie intellectuelle. Un sondage a montré que chacun d’entre eux dépassait les 60 % d’opinions favorables. Et chacun d’eux portait un débat de société en lui. La couverture médiatique a donc été à la hauteur. Ce fut le cas sur certains textes davantage que sur d’autres mais, au total, ce fut l’occasion de nombreux plateaux et micro-trottoir bien revigorants. À vrai dire, une bouffée d’oxygène que d’entendre parler du Parlement autrement, en phase avec des préoccupations populaires graves et profondes.

Face à ce qui est devenu un évènement, la stratégie de « La République en Marche » s’est vautrée. L’esprit de routine l’a perdu. Croyant avoir à faire à une journée de niche parlementaire comme les autres, ignorant tout du travail public qui l’avait précédé, et méconnaissant l’intérêt médiatique qui s’y attachait dès le matin, Richard Ferrand a misé sur les routines de gros bourrin habituelles. Il a déposé au nom de son groupe des motions de rejet sur chaque texte pour empêcher la discussion et les amendements. Et cela alors même que nous avions annoncé avoir accepté de voter plusieurs amendements venant de divers groupes. De son côté, le président de l’Assemblée n’a pas accordé une minute de son précieux temps pour passer en séance, comme la courtoisie l’aurait commandé pour une journée de niche parlementaire. Bref, le coup du mépris sur toute la ligne. « En marche » s’est donc comporté comme un groupe sectaire qui ne veut parler de rien et ne reconnaît jamais la valeur de quoi que ce soit si cela ne vient pas de lui.

De plus, le choix de certains orateurs a été dans le même sens. Plusieurs, étaient des « incasables » nous a-t-on dit pour s’excuser. On leur a donc donné la parole dans un moment que « En marche » croyait faiblement exposé. Plusieurs « incasables » ont donc lourdement mordu le trait et se sont abandonnés a des excès de langage ou à des argumentations finalement assez pitoyables, au grand dam d’un bon nombre d’autres députés « en Marche », plus fins, qui ont pris goût au débat et fait des interventions argumentées. Cette attitude sectaire a été un bide total. Ni les commentateurs ni les téléspectateurs n’ont compris ce comportement. Le point nous revient donc entièrement. Car les thèmes et les arguments déployés ont donné un nouveau point d’appui officiel à des causes portées de longue date par des militants associatifs nombreux et actifs sur le terrain. Leur combat sort renforcé de cette journée. Leur présence sur le plateau de notre émission, les retours des réseaux sociaux tenus informés au fil de la journée en attestent. Pour notre groupe, c’est un nouvel apprentissage et une nouvelle démonstration du lien étroit que nous voulons faire vivre entre la société et l’institution parlementaire.

Mais ce jour-là, il y avait aussi de très nombreux insoumis dans la rue. Ils étaient aux côtés des lycéens et des étudiants au moment où ceux-ci entrent en mouvement contre la loi instaurant la sélection à l’entrée de l’université.

En effet, les jeunes gens ont commencé une action générale à l’appel d’un grand nombre d’organisations de jeunesse syndicales ou politiques. Et surtout parce qu’on avait déjà observé une première mobilisation en janvier qui a fonctionné comme un signal. En ce sens, à son tour, elle semble annonciatrice d’une prise de conscience en profondeur, étendue aux parents. Pour ma part, je n’ai pu suivre les manifestations de près car je siégeais sans discontinuer pendant notre niche parlementaire à l’Assemblée nationale. En effet, notre groupe parlementaire avait décidé de me confier toutes les explications de vote sur nos cinq lois. Un rôle que j’avais déjà occupé dans la répartition des tâches sur le débat à propos des ordonnances détruisant le code du travail. J’ai donc été totalement occupé à suivre tous les débats, toutes les interventions avant de ramasser dans les deux minutes imparties notre angle d’argumentation.

Mais le Mouvement avait des points fixes dans les manifestations à Paris et en Région. Le soir venu puis le lendemain, j’ai jeté un œil rapide sur la couverture médiatique du mouvement dans la jeunesse. Rien ou presque. C’est parfait. En jouant le verrou, le parti médiatique se tire une balle dans le pied. Cette jeunesse mobilisée sur une question aussi décisive que le choix personnel de l’avenir individuel de chacun va découvrir qu’acheter un journal ne sert à rien, que regarder la télé de l’officialité, ce n’est pas ouvrir une fenêtre sur le monde qui l’intéresse. Ils seront donc disponibles pour d’autres sources d’information et ces dernières leur paraîtront plus « libres ». Les plus conscients vont se construire un mépris argumenté contre la caste médiatique, ses porte-serviettes et organe de presse. D’autant que la journée en média sur le sujet a commencé par une magnifique manipulation dont la grossièreté a été bien appréciée par ceux qui en ont entendu parler : les jeunes seraient manipulés par « la France Insoumise » et par moi personnellement. Rien de moins. Un mépris total pour leur libre arbitre et les raisons de leur mobilisation. Cela est très utile pour rendre odieux le système qui produit ce type « d’information ».

C’est donc au total une bonne séance de formation politique à tous points de vue. Comme ce sont les députés macronistes qui fournissaient la matière première sur les plateaux de télé et qu’ils sont déjà presque aussi détestés que l’étaient les PS il y a peu, on peut dire que sur le plan politique c’est carton plein. Quant à la suite de cette mobilisation, je dois me contenter de dire que je la souhaite, que mes amis y contribuent, notamment les très nombreux jeunes insoumis liés directement ou non à LFI. Car les insoumis n’ont pas de cartes et ne reçoivent pas d’ordre pour la raison qu’ils n’en ont pas besoin pour se mettre en action et savoir quoi faire. C’est eux qui dirigent leur action avec leurs camarades sur le terrain. Ni la FI, ni moi n’avons aucune part à leur décision. Notre Mouvement dans ce cas comme dans tous les autres cas est au service de ceux qui agissent. Il ne les dirige pas. Le Mouvement LFI est « éclaireur » du chemin en fournissant à ceux qui sont impliqués toutes les informations qui sans cela ne leur parviendraient pas. Le Mouvement LFI est en cela « déclencheur » car une fois informés, ceux qui sont « Insoumis » savent qu’ils doivent se mettre en action de leur propre chef.

Quant au groupe des députés, ce n’est un secret pour personne qu’il a mené sa bataille parlementaire sur le sujet quand le texte est passé devant les députés. Le groupe, relayé par les réseaux sociaux du Mouvement a donc aussi fourni un maximum de vidéos d’argumentation. De son côté, la campagne du mouvement a permis la diffusion d’un million de tracts. Point ! L’appel à la journée d’action n’est pas notre fait, ni les lieux de rendez-vous, ni les mots d’ordre, ni aucun des décisions de l’action. Mais tout ce qui a été décidé et fait par les jeunes nous convient. Le texte est à présent au Sénat. Bientôt il reviendra à l’Assemblée. Ce sera un moment de vérité. Deux journées d’action sont convoquées par les organisations étudiantes lycéennes cette semaine, mardi et jeudi. De son côté, le pouvoir s’est rendu compte du risque qu’il court de voir le feu prendre à la plaine. Il accélère donc tant qu’il peut le calendrier. Il est ainsi prévu que le vote final des navettes parlementaires se situe pendant les vacances scolaires de février… Mais encore faut-il que le Sénat ait fini dans les délais souhaités par Macron.


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