Réfugiés, Macron veut trier les migrants.

lundi 15 janvier 2018.
 

Le Président de la République a fait de la question migratoire un chantier prioritaire de 2018, avec une loi « asile et immigration » à venir dont les premiers contours sont inquiétants.

Elle vise d’une part à différencier les « gentils » migrants (fuyant les guerres) des « méchants » migrants (fuyant la pauvreté). D’autre part, les méthodes pour opérer cette distinction introduisent un contrôle policier au cœur des structures d’urgence dont le principe était jusqu’ici l’inconditionnalité d’accueil.

L’objectif affiché par le gouvernement est d’améliorer la prise en charge des demandeurs d’asile, en reconduisant plus fermement aux frontières ceux qui ne peuvent y prétendre. Or, le droit d’asile peut être accordé aux personnes subissant violences, guerres, persécutions mais pas à ceux fuyant la pauvreté. Il y aurait donc des causes justifiées des migrations (politiques) et des causes injustifiées (économiques). Cette distinction binaire est hypocrite : la situation économique d’un pays est nécessairement une conséquence de choix politiques. En ce qui concerne l’Afrique ce sont notamment les traités inégaux signés avec l’Union Européenne qui tuent les productions locales et poussent à l’exil les populations.

C’est aussi la méthode employée qui fait réagir. Une circulaire envoyée aux préfets en décembre prévoit un recensement des migrants en fonction de leur statut (disposant d’une carte de résident, demandeurs d’asile ou en situation illégale) dans les lieux d’hébergement.

Cette intrusion des forces de police dans les structures d’accueil d’urgence risque de conduire les migrants à s’en méfier et à s’en détourner rendant plus complexe leur prise en charge sanitaire. Plus grave : elle autorise la confusion entre les moyens de la prise en charge humanitaire, dont le principe est l’inconditionnalité de l’accueil et ceux de la politique migratoire, répondant à une logique policière. L’ambiance est donc à la suspicion et aux contrôles partout. Dernier exemple en date : l’Agence régionale de santé de PACA a dû retirer sa circulaire demandant aux hôpitaux psychiatriques de recenser les migrants pris en charge en fonction de leur statut après la vive contestation qu’elle suscitait chez les soignants.

Elles sont bien loin les déclarations humanistes de campagne du candidat Macron ou même le discours à Orléans fin juillet 2017 dans lequel le Président souhaitait que tous les migrants disposent d’un logement « dès leur première minute » de présence sur le sol français.

Claire Mazin


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