Université : de la pénurie à la sélection

jeudi 11 janvier 2018.
 

30 ans après le projet de loi Devaquet, à l’époque battu par la mobilisation étudiante, la sélection à l’université revient en France, à travers la Loi Vidal votée à l’Assemblée nationale juste avant Noël.

Avec une contradiction majeure en toile de fond : le besoin d’une élévation générale du niveau de connaissances se heurte à la compression des budgets gouvernementaux, à cause des politiques d’austérité. Au fond, on en revient toujours à la même question déjà posée par François Delapierre dans La bombe de la dette étudiante : qui doit en payer le prix financier et humain ?

Pour justifier la loi Vidal, le gouvernement incrimine la plate-forme d’affectation dans le supérieur APB. Ce n’est pourtant pas un problème de procédure mais de pénurie d’offre de formation, avec 808 000 candidats inscrits en début de procédure sur APB, pour 654 000 places proposées dans l’ensemble des formations. Faute d’augmenter le budget, le gouvernement prévoit de remplacer le tirage au sort par un véritable tri social. Le cocktail des politiques des ministres Vidal (Enseignement supérieur) et Blanquer (Education) va en effet créer une sélection sociale. La mise en place du contrôle continu notamment va faire exploser la valeur nationale du baccalauréat. Les jeunes seront désormais surtout choisis par les universités selon leurs lycées d’origine. La réduction du nombre de voeux, la possibilité pour les universités d’infliger une année d’étude supplémentaire pour les étudiant•e•s ne remplissant pas les pré-requis, la volonté « d’orienter » les jeunes dès la seconde. Autant de mécanismes qui vont compartimenter les jeunes selon leur origine sociale en pariant sur la démotivation des moins bien lotis. L’étudiant•e en devenir sera ainsi encore moins maître de son avenir qu’avant.

Le programme de la France Insoumise oppose une autre logique. Pour augmenter le niveau de qualification de tous il propose de doubler le budget de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en 5 ans. En réduisant en parallèle les inégalités sociales, par exemple avec une allocation d’autonomie versée aux étudiant•e•s. Pour les émanciper de leurs conditions économiques et de toutes les assignations à un parcours de vie, qu’elles viennent du gouvernement ou de leur propre famille. Car c’est aussi cela, faire confiance aux jeunes.

David Guiraud


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