Déclaration de Mars-Gauche républicaine après la victoire de Nicolas Sarkozy

jeudi 10 mai 2007.
 

L’élection de Nicolas Sarkozy est incontestable. Elle n’en est pas moins une très mauvaise nouvelle pour la France.

Si le nouveau Président de la République a masqué son projet libéral par un discours démagogique en faveur du monde du travail, la soupe n’en sera que plus amère pour la grande majorité de nos concitoyens qui, justement, ne vivent que des revenus de leur travail. Car au-delà de l’habillage il y a une véritable politique de « classe », en rupture même avec ce qu’il restait de la tradition sociale de la droite gaulliste. M. Sarkozy a dit sa volonté de la mettre en œuvre rapidement, quitte à faire siéger l’Assemblée Nationale cet été. Cet empressement cache une certaine lucidité : s’il a gagné, Nicolas Sarkozy sait paradoxalement qu’il est loin de disposer d’une adhésion majoritaire dans la population pour une politique aussi radicale. Il lui faut donc aller vite et profiter de l’élan qu’il espère tirer de sa victoire. Ils appartient donc à toutes les forces de la gauche politique et sociale de ne pas céder à l’abattement et à la résignation et, dès demain, de reprendre le combat.

Pour ce faire, la gauche doit commencer à tirer des leçons de son échec. Un échec d’autant plus cuisant qu’il aurait du être évité ! Rien de ce qui se passe depuis cinq ans n’aurait du permettre à M. Sarkozy de se revendiquer comme le candidat du peuple alors que son programme n’est jamais qu’une simple démarcation de celui du MEDEF !

La gauche n’a pas su renouer suffisamment avec les classes populaires. Elle n’a pas su présenter une alternative à la hauteur des enjeux sociaux et démocratiques tels que le laissaient espérer la victoire du "non" au projet de Traité Constitutionnel Européen, la mobilisation sociale victorieuse contre le Contrat Première Embauche et les scrutins électoraux intermédiaires qui avaient démontré la possibilité de battre la droite. Cette défaite est d’abord celle du social-libéralisme.

Ségolène Royal en a en effet proposé une version vantant davantage "l’esprit d’entreprise" que s’articulant sur la question du partage des richesses entre le capital et le travail dont le déséquilibre, accentué depuis 10 ans, mine pourtant l’économie et la société française. Ce discours œcuménique, qui s’est renforcé entre les deux tours, a tout naturellement débouché sur une invitation à une construction politique "ad hoc". Mme Royal s’est voulue le trait d’union entre le François Mitterrand de la France Tranquille de 1988 et le New labour de Tony Blair en suggérant, en fin de campagne, un nouvel horizon stratégique « à l’italienne » d’alliance avec le centre, se proposant même de dépasser la logique « des clivages » et des « blocs », c’est à dire la confrontation entre la gauche et la droite. Ce n’était pas là que résidait la voie pour la victoire, ce n’est pas là qu’elle résidera demain.

La responsabilité des forces de gauche qui avaient su participer activement à la victoire du 29 mai 2005 est également engagée dans cette défaite. Nous restons convaincus qu’une gauche antilibérale unie aurait été à même de modifier le rapport de force à gauche et donc de changer la donne, comme (d’une certaine manière) a su le faire, dans un sens opposé, François Bayrou. Que l’on ne s’y trompe pas, l’échec terrible des forces de la gauche de transformation n’aura pas marqué la faillite de leur stratégie d’union mais au contraire été provoqué par leur incapacité à mener celle-ci jusqu’au bout.

Ce double échec implique une nécessité : il faut refonder un véritable projet alternatif à vocation majoritaire en s’adressant à toute la gauche si nous ne voulons pas que ces élections ouvrent pour de bon une mutation politique en France. Car n’en doutons pas, des voix vont désormais se faire plus fortes au sein du Parti socialiste et de ses alliés pour accentuer et théoriser l’alliance esquissée avec le centre. A l’autre bout de l’échiquier de la gauche, d’autres ne vont pas manquer de cautionner cette dérive en décrétant une frontière toujours plus infranchissable entre « deux gauches ». Face à ce phénomène prévisible, il devient urgent que tous ceux qui refusent cette double évolution au nom de la vocation transformatrice historique de la gauche, trouvent des espaces de discussion, de débat, d’élaboration et de mobilisation.

Mais d’abord donc, il nous appartient de relever la tête et de nous mobiliser pour les législatives en refusant à Nicolas Sarkozy la majorité parlementaire dont il rêve.

Le Mars-Gauche républicaine appelle en conséquence la gauche à se présenter devant les électeurs sur ses valeurs ce qui implique de se démarquer nettement de toute construction politique avec le centre. Nous affirmons également qu’il est encore temps pour que les forces, sensibilités et personnalités de la gauche antilibérale, quel que soit leur parti, fassent preuve de lucidité en s’unissant ou tout au moins en évitant au maximum les situations de concurrence pour les législatives afin de ne pas être réduit au silence voir disparaître de l’assemblée nationale. Le Mars-Gauche Républicaine est pour sa part disposé à toute réunion qui travaillerait dans ce sens. Il n’est pas trop tard !

Nous n’avons pas sur apporter à notre peuple la victoire qu’il méritait, nous lui devons aujourd’hui de ne pas céder à la résignation.

par Le Mars-GR


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message