Notre Dame Des Landes : la piste Nantes Atlantique (enfin) considérée

samedi 16 décembre 2017.
 

Les médiateurs désignés par le gouvernement en juin 2017, ont rendu leur rapport le 13 décembre. S’ils se gardent d’indiquer la moindre préférence pour l’une ou l’autre des alternatives, le réaménagement de l’actuel aéroport Nantes Atlantique y est désormais considéré comme une option viable, au même titre que la construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Une demande de longue date des opposants ! Un pas de plus vers l’abandon du projet de nouvel aéroport ? Il faut l’espérer.

Force est de constater que cela n’a pas plu à certains pro-aéroport et pas des moindres. Bruno Retailleau, président LR de la Région Pays de la Loire jusqu’au 30 septembre dernier, et Philippe Grosvalet, président PS, du Département de Loire-Atlantique ont, dès le lancement de la médiation, marché main dans la main pour dénoncer, qui une « mascarade », qui « l’absence de garantie d’impartialité et d’indépendance. » Au lieu d’avancer des arguments, ils ont préféré l’appel au boycott.

Les opposants eux, ont largement joué le jeu et répondu aux demandes des 3 médiateurs missionnés par le gouvernement. Ceux-ci auront mené plus 200 auditions de personnes de tous bords, organisé des confrontations, commandé des expertises techniques et scientifiques complémentaires sur les nuisances sonores, l’état de la piste de l‘aéroport actuel et son coût de réfection, le bilan écologique des deux options…

La DGAC désavouée

Notant le manque d’études portant sur la viabilité du réaménagement de Nantes Atlantique - option rejetée lors du débat public en 2003 sur la base d’études douteuses de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) - les médiateurs ont concentré leurs efforts sur trois points controversés :

Des besoins de réfection de la piste considérés comme « significatifs, mais beaucoup moins importants et moins coûteux que ce qui était annoncé jusqu’ici ».

Pas d’augmentation des nuisances sonores et « pas de restriction nouvelle dans les projets d’urbanisme de l’agglomération nantaise » ;

« Pas d’effet significatif dommageable sur le site remarquable du lac de Grand Lieu ».

Résultat : la mission estime « que les options en présence sont toutes deux “raisonnablement envisageables” ». C’est déjà une avancée quand on sait que tout l’argumentaire sur « l’utilité publique » du projet Notre-Dame-des-Landes reposait sur l’absence supposée d’alternative.

Le réaménagement de l’aéroport actuel apparait aussi comme un projet moins cher de 250 à 350 millions d’euros que celui de Notre-Dame-de-Landes (hors éventuelles pénalités : leur calcul étant entouré d’incertitudes juridiques, les médiateurs refusent de les calculer), sans hausse des nuisances sonores (celles-ci restant selon le rapport, le point négatif principal de l’option Nantes Atlantique) ni d’impact sur la biodiversité, sans étalement urbain ni artificialisation des terres agricoles, avec un bilan carbone moindre… La longue liste des arguments en faveur du réaménagement de l’aéroport nantais existant s’écrivent noir sur blanc dans le rapport des médiateurs. Le président et son gouvernement oseront-ils aller plus loin que l’affichage politique - à l’image du One planet summit énième raout international sur le climat convoqué par le président Macron la veille de la publication du rapport – et agir enfin ?

« éviter qu’il y ait des morts »

Selon les termes du rapport la mission « portait autant sur les justifications fondant la localisation et les caractéristiques d’un aéroport, que sur les moyens d’une sortie de conflit apaisée après des décennies d’incertitude ». Un moyen diplomatique d’évoquer la ZAD [Zone d’Aménagement Différé devant accueillir l’aéroport NDDL, rebaptisée Zone à défendre, par les militants anti-NDDL qui l’occupent], ses habitants, et les supposés problèmes qu’elle poserait à l’« Etat de droit ». Gérard Collomb espère ainsi une évacuation – car évacuation il doit y avoir – « en évitant qu’il y ait des morts ». Au lieu de s’intéresser à l’avenir et à gestion des terres de la ZAD, au projet de société alternatif mis en œuvre par ses habitants, on se demande au plus haut de l’Etat comment se faire respecter en « évitant » la mort des opposants, quasiment considérée comme possible dégât collatéral d’une juste quête de légalité. Une manière de préparer les esprits à un nouveau drame après la mort de Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens alors que Bernard Cazeneuve était ministre de l’Intérieur ?

Après 50 ans de lutte, la décision du président de la République est attendue à la fin du mois de janvier. Deux options sont sur la table, celle d’un modèle de société passéiste, tourné vers la croissance à tout prix et la satisfaction des intérêts économiques privés à court terme, et celle de l’avenir, qui place l’écologie et les besoins réels des gens au premier plan. Chiche ?

Elise Mézière


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