L’atome de trop

lundi 4 décembre 2017.
 

Le gouvernement a annoncé qu’il renonce à l’objectif, déjà insuffisant, de la loi de transition énergétique d’abaisser la part du nucléaire dans notre consommation finale à 50% d’ici à 2025.

Il considère que cet objectif est irréalisable et qu’il conduirait à relancer des centrales thermiques à charbon. Ce raisonnement prouve qu’il n’a pas intégré les données fondamentales de la bifurcation nécessaire. C’est une autre façon de retarder sans cesse le moment de vérité, celui où la décision devra être prise parce que le nucléaire, en plus d’être dangereux, sera de plus ruineux.

Lors de mon discours d’ouverture de la Convention de la France insoumise, j’ai voulu remettre cette question sur le devant de la scène. L’urgence de la sortie de cette énergie dangereuse est bien comprise dans notre mouvement puisque les insoumis en ont fait l’un des trois sujets sur lesquels ils concentreront leur action. J’ai fait la proposition d’une votation citoyenne le jour anniversaire de la catastrophe de Fukushima, le 11 mars.

Car l’annonce du gouvernement est intervenu alors même que 18 réacteurs, soit un tiers du parc français, sont actuellement à l’arrêt parce que des anomalies y ont été détectées. Cette situation s’était déjà produite l’hiver dernier quand 20 réacteurs avaient du être mis à l’arrêt. Ces derniers temps, les alertes ne cessent de se manifester sur la sûreté de nos centrales. Le 17 octobre dernier, l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) constatait l’état dégradé des tuyaux de circulation d’eau de 29 réacteurs dans 9 centrales. Ces tuyaux sont atteints par la rouille. Ils servent à faire circuler l’eau pour le refroidissement du réacteur. Le rapport de l’ASN pointe que « certains tuyaux sont tellement rouillés que l’épaisseur de leurs parois a diminué et pourraient ne pas résister en cas de séisme ou d’inondation. Ces dégradations sont la conséquence de la corrosion qui a pu se développer en l’absence d’une maintenance préventive adaptée ». Évidemment, en cas d’incident un réservoir de secours est prévu. Cependant, s’il dure plus longtemps que prévu, une réaction en chaîne peut mener à la fusion du combustible nucléaire. C’est exactement ce type d’évènement qui a conduit à la catastrophe de Fukushima.

Autre exemple, le 10 octobre, l’association Greenpeace remettait un rapport aux autorités publiques qui indiquait des défaillances de sécurité. Ce rapport montre l’exposition des piscines d’entreposage des combustibles usés. Ces piscines contiennent autant, voire plus parfois, de matériaux radioactifs que les réacteurs eux-mêmes. Pourtant, ces piscines sont moins protégées d’attaques extérieures que le reste de la centrale. Elles ne disposent pas d’un espace de confinement aussi robuste que le cœur du réacteur. L’attaque pacifique surprise de Greenpeace dans une centrale cette semaine l’a prouvé de façon consternante. Ces exemples récents viennent illustrer le danger que fait peser le nucléaire.

L’entêtement dans l’énergie nucléaire est une des causes principale du retard pris par notre pays dans la transition énergétique. La France, pays le plus nucléarisé du monde, est aussi celui qui accuse le plus grand retard en Europe sur ses objectifs de production en renouvelable. Alors que nous sommes le pays européen qui dispose de la plus grande longueur de côtes maritimes, il n’y a toujours pas une seule éolienne en mer qui participe à notre production d’énergie. Le coût du nucléaire y est pour beaucoup. Il était bas, il ne cesse d’aller croissant. Au cours de ce mandat, 17 réacteurs vont arriver au bout de la durée de vie qui avait été prévue pour eux. D’ici 2027, ce sont les trois quarts du parc français qui seront dans cette situation. Persévérer dans le nucléaire suppose donc de faire le « grand carénage », c’est à dire les travaux de rénovation nécessaires. À terme, le cout de cette opération atteindra 100 milliards d’euros dont 31 d’ici 2022. C’est autant qui devrait aller dans les énergies renouvelables et permettrait d’assurer la transition énergétique si elle est correctement organisée, en commençant par la baisse de la consommation d’énergie.


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