Ordonnances travail Un œil sur la lutte ( partie 1)

dimanche 5 novembre 2017.
 

Les syndicats CGT, FO, Solidaires, UNEF, UNL et FIDL, réunis le 24 octobre, ont décidé d’une nouvelle date de mobilisation le 16 novembre. C’est une bonne chose.

Car force est de constater qu’après la mise en mouvement réussie du 12 septembre et malgré la défiance profonde, majoritaire et persistante des gens sur les ordonnances et sur la loi travail elle-même, la dynamique s’est peu à peu étiolée. Faute d’avoir été en capacité d’agréger autour des syndicats. Et faute d’avoir su saisir les points d’appui qui étaient mis à leur disposition, je pense notamment là à la marche populaire contre le coup d’État social initiée par La France Insoumise le 23 septembre.

Alors certes une nouvelle date est posée, mais l’objet entre-temps a changé. Les organisations syndicales elles-mêmes en prennent acte. Désormais, après avoir fait le « constat […] d’une politique libérale visant à accroître les inégalités au profit d’une minorité », elles appellent en effet à une « journée de mobilisation interprofessionnelle, étudiante et lycéenne » pour que « le gouvernement prenne en considération les attentes sociales multiples qui s’expriment dans le public et le privé, par les actifs, les jeunes, les demandeurs d’emploi et les retraité-e-s. » On ne m’enlèvera pas de l’idée qu’après ce « constat » très politique, qui cible le pouvoir de M. Macron et non directement le patronat comme le voudrait la charte d’Amiens de 1906 (« le Congrès décide qu’afin que le syndicalisme atteigne son maximum d’effet, l’action économique doit s’exercer directement contre le patronat »), un temps précieux a été perdu à se réfugier derrière la dite charte tandis que Janus, ayant pour visages d’un côté le Medef de l’autre le gouvernement, avançait, lui, sans coup férir.

Bien sûr j’ai entendu les arguments selon lesquels il fallait à tout prix rechercher ou construire l’unité syndicale. Pour les uns c’était celle des sigles. Mais comme en politique, ce temps-là est révolu. La quête de cette illusoire unité de logos est même devenue le meilleur garde-fou de l’ordre conservateur pour empêcher la propagation du mouvement social. Véronique Descacq, numéro 2 de la CFDT, ne s’y trompait pas à sa sortie de la réunion du 24 octobre, parlant encore et toujours d’une « clarification entre les deux syndicalismes à l’œuvre dans notre pays ». Pour les autres il s’agissait de construire l’unité d’action à la base. Bien. Sauf que celle-ci n’a pas été réalisée et que l’articulation du mouvement social avec un mouvement populaire a été refusée alors même qu’elle aurait pu être de nature à permettre ce rassemblement par delà les sigles et l’appartenance syndicale.

Cette séquence doit nous amener à nous interroger sans faux-semblants. Nous tous et pas seulement les organisations syndicales. Car ce qui est en jeu, c’est la modification, dans des conditions et sous une forme nouvelle, du bloc historique compris comme la relation entre les structures et les superstructures. J’y reviendrai la semaine prochaine.

François Cocq


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