Levothyrox : première victoire de la « rue »

vendredi 6 octobre 2017.
 

La ministre de la santé, Agnès Buzin, a annoncé Vendredi 15 septembre que l’ancienne formule du Levothyrox, médicament prescrit pour des dysfonctionnements de la thyroïde, serait de nouveau « accessible » dans quinze jours. Ce qu’a ensuite confirmé le laboratoire Merck. C’est une réponse à la colère des patients devant la nouvelle formule du médicament. Autre promesse : des « alternatives » à ce médicament seraient disponibles « dans un mois ».

Cette annonce fait suite à une pétition lancée en juin par une patiente, pour demander le retour à l’ancienne formule, qui a recueilli plus de 160 000 signatures. Saisie à ce sujet par l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT), l’Agence nationale de sécurité nationale du médicament (ANSM) avait mis en place un numéro vert mercredi 23 août (0 800 97 16 53).

Fatigues, vertiges, troubles de la concentration, douleurs, palpitations… Depuis le changement, fin mars, de la formule du Levothyrox, prescrit à 3 millions de Français, notamment pour corriger l’hypothyroïdie, de nombreux patients se plaignent de symptômes gênants, voire très gênants. À la fin août, plus de 5 000 déclarations d’effets inhabituels liés au Levothyrox ont été effectuées, indique au Monde l’ANSM. Alors que, tous médicaments confondus, le site signalement-sante.gouv.fr – ouvert aux médecins et usagers pour déclarer tout effet indésirable – recevait en moyenne entre 20 à 50 signalements chaque jour, les déclarations se sont envolées depuis le 16 août. Jusqu’à un pic de 1 000 à 1 200 les 23 et 24 août.

Ce changement de formule ne concernerait pas le principe actif, mais porterait sur des substances appelées « excipients » qui lui sont associées, comme ici le lactose qui a été remplacé par le mannitol. Tous les auteurs de déclarations décrivent des « effets secondaires épouvantables ». En première ligne : « une fatigue assommante », « une impression de vieillissement subite », « le sentiment d’être devenu un véritable légume ».

Le laboratoire allemand Merck, qui assure que « pour la très grande majorité des patients, la transition entre l’ancienne et la nouvelle formule s’est bien passée », soutient que « les symptômes rapportés sont identiques à ceux de l’ancienne formule ».

Et quid du générique ? Il a entre-temps peu à peu disparu, son prix était faiblement inférieur à celui du médicament premier. Les laboratoires Servier ont décidé de le retirer du marché. Pourquoi ? Les ventes sont-elles trop faibles ? Pourquoi cette disparition alors qu’il avait été jugé « meilleur » que le produit de Merck ? Pas de réponse.

Une fois de plus, cette affaire pose la question de la démocratie sanitaire dans notre pays : à quand une véritable éthique sur laquelle s’appuyer dans la production des médicaments et l’information des patients ?

Sylvie Locher


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