Suppressions d’emplois chez Nokia : Macron a-t-il été fainéant ou cynique ?

samedi 23 septembre 2017.
 

Nokia a annoncé, mercredi 6 septembre, qu’il souhaitait tailler dans ses effectifs en France. Au total, le géant des télécoms veut supprimer 597 emplois en 2018 et en 2019.

D’après un porte-parole du groupe, ces coupes concerneront les filiales Alcatel Lucent International et Nokia Solutions and Networks. Elles affecteront les fonctions centrales et support de ces filiales basées au campus de Paris-Saclay (Essonne) et à Lannion (Côtes-d’Armor), tandis que les fonctions recherche-développement ne seraient « pas concernées », a-t-il précisé. Le porte-parole ajoute que ce projet dit « d’évolution », est justifié par l’objectif de la maison-mère de dégager 1,2 milliard d’euros d’économies d’ici la fin 2018.

Ces coupes viennent après « [la suppression] de 394 postes en 2016 ». La mesure laisse perplexe, surtout que Nokia vient de distribuer 4,4 milliards d’euros aux actionnaires en dividendes et rachat de ses propres actions. En outre, le groupe a aussi perçu beaucoup d’argent public en France, 67 millions en crédit d’impôt recherche (CIR) et Crédit d’impôt compétitivité (CICE) l’an passé.

Nokia ne respecte pas ses engagements, pris début 2016 avec l’État lors du rachat d’Alcatel. Il s’était alors engagé à maintenir les effectifs à hauteur de « 4 200 pendant deux ans ». Sur ce point, les syndicats affirment que 500 embauches étaient prévues pour porter les effectifs de recherche-développement à 2500, mais que seule une centaine de recrutements ont jusqu’à présent été réalisés.

Emmanuel Macron, à l’époque ministre de l’Économie avait donné son feu vert à la vente d’Alcatel à Nokia contre ces promesses sur l’emploi. Interrogé en avril 2015 à l’issue d’une rencontre à l’Elysée entre François Hollande et les responsables des deux groupes, Emmanuel Macron expliquait que ce mariage était « une bonne opération pour Alcatel-Lucent ». Il indiquait alors avoir « eu tous les engagements [de la part de Nokia]. Il n’y aura aucune destruction d’emplois en France, c’est-à-dire que le nombre d’emplois total sera le même et voire même davantage ».

L’histoire se répète malheureusement. Une fois passée sous pavillon étranger, une entreprise française, fût-elle un fleuron de son domaine, a une fâcheuse tendance à voir les emplois nationaux s’évaporer. Nokia n’échappe pas à la règle. Le rachat par Nokia pouvait être perçu comme un moindre mal après le cauchemar de la fusion avec Lucent. Mais la vérité est bien différente et tout indique que c’est plutôt une nouvelle étape du sabotage d’un fleuron technologique et industriel. Le désormais président aurait-il fait preuve de naïveté ? Ou s’agissait-il seulement pour lui d’un stratagème pour gagner du temps ? A-t-il été plutôt fainéant ou plutôt cynique ?

Patrice Lavaud, 20 septembre 2017


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message