Opposition à la réforme du code du travail : le PS aimerait faire oublier son soutien à la loi El Khomri

mercredi 30 août 2017.
 

Pour retrouver des couleurs, le Parti socialiste veut se draper de rouge en jouant à fond la carte de l’opposition à la réforme du code du travail. Pour cela, il va déjà falloir faire oublier leur soutien majoritaire à la loi El Khomri... On n’est jamais à une contradiction près. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, le Parti socialiste recherche un second souffle. Après avoir soutenu dans sa grande majorité une ligne résolument social-libérale durant cinq ans, notamment lors des débats sur la loi El Khomri, difficile de trouver le bon créneau face à la volonté libérale réformiste de l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande. Au risque d’un sérieux claquage à force de contorsions.

"Le rôle du PS est d’être résolument dans l’opposition. Notre place est claire et nette, c’est la gauche", tranche cet élu socialiste ancien proche de Manuel Valls qui n’avait pas hésité à torpiller les "frondeurs" du PS lors des débats sur la loi Travail... Pour tenter de retrouver de sa superbe, le Parti socialiste (bientôt rebaptisé "Les Socialistes" ?) veut donc donner un grand coup de barre à gauche. Les velléités réformistes du gouvernement Macron sur le code du travail par voie d’ordonnances sont l’occasion idéale. "On attend de voir ce que vont donner les ordonnances, mais je peux déjà vous dire qu’on ne va pas se laisser faire par l’enfumage de communication du gouvernement", prévient notre homme comme on se prépare à un tour de chauffe, tout en reconnaissant, un brin gêné, les obstacles que cette ligne "offensive" risque de poser : "Bon, la difficulté qu’on va avoir c’est de faire passer le fait que les députés socialistes sous François Hollande ont soutenu la loi El Khomri". Le 12 septembre, le PS sera aux côtés de la CGT pour manifester contre les ordonnances. L’accueil des militants syndicaux aura valeur de test grandeur nature.

La difficulté c’est de faire passer le fait que les députés socialistes ont soutenu la loi El Khomri.

Mais se retrouver dans le creux de la vague semble permettre toutes les audaces. Ainsi, notre socialiste note avec amusement l’évolution d’un Stéphane Le Foll, entre autres, dernier gardien du temple hollandais, qui, lors du vote de confiance au gouvernement d’Edouard Philippe, plaidait l’abstention "pour donner une chance" au nouveau président de la République. "Aujourd’hui, même Stéphane Le Foll a perdu toute sa bienveillance envers Macron et monte au créneau", sourit-il. Quitte à faire rougir un communiste lorsque "Stéphane le rouge" attaque la refonte de l’ISF le 23 août dernier sur BFMTV : "Je vois dans la concentration du patrimoine et du capital un risque majeur pour l’économie de manière générale. (...) Cette concentration aboutit à une mauvaise allocation des ressources dans l’économie". Un nécessaire retour d’un surmoi marxiste ?

"J’en ai marre qu’on me parle de la France insoumise !"

Car pour ne pas disparaître dans les oubliettes du macronisme, les socialistes veulent s’afficher comme la gauche du combat social. Et vite, la place étant déjà revendiquée par le mouvement de la France insoumise. "Oh, j’en ai marre qu’on me parle d’eux", grogne d’ailleurs notre élu lorsqu’on le lui fait remarquer. Et pourtant, avec l’entrée de députés Insoumis à l’Assemblée nationale, l’espace se restreint d’autant plus. Selon un sondage Ifop publié dans l’édition du JDD du 27 août, 59 % des Français estiment que Jean-Luc Mélenchon incarne le mieux "l’opposition à Emmanuel Macron".

Pas de quoi décontenancer ce socialiste. "Notre seul enjeu, c’est que lors des dîners avec des gens de gauche, nos militants n’aient pas honte de dire qu’ils sont socialistes". Rien de moins évident, car c’est bien connu, l’enfer c’est toujours les autres.


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