Le Parti du Travail néerlandais est en train de payer très cher son alliance gouvernementale avec les chrétiens-démocrates

mardi 1er mai 2007.
 

Le Parti du travail néerlandais, qui a accepté d’entrer en février dernier dans un gouvernement de grande coalition avec les chrétiens-démocrates du premier ministre Jan Peter Balkenende, vainqueur des élections législatives, est entré dans une crise profonde. Débordé à sa gauche par le Parti socialiste du très populaire Jan Marijnissen (gauche antilibérale), qui a désormais 26 députés à la chambre, la formation social-démocrate est à la recherche d’une nouvelle ligne politique.

Cette crise s’est matérialisée la semaine dernière, mercredi 25 avril, par la démission du président du parti, Michiel van Hulten, imité un peu après par tous les membres de la direction. Le départ de ce dirigeant nommé en 2005 s’expliquerait par un désaccord sur l’organisation du parti social-démocrate. S’il est revenu au pouvoir, il a réalisé un très mauvais score lors des élections du 22 novembre dernier, qui n’a donné de majorité à aucun des deux grands partis de gouvernement traditionnels. Entré en fonction alors que sa formation culminait dans les sondages, M. Van Hulten porte le chapeau pour une campagne jugée calamiteuse qui s’est finalement soldée par la perte de 9 sièges.

"SOINS INTENSIFS"

Ancien président du groupe parlementaire lorsque le parti était dans l’opposition, Wouter Bos, l’homme fort de sa formation, est lui aussi tombé de haut à l’occasion du scrutin. A 43 ans, il paraissait au début de la campagne électorale avoir les meilleures chances pour redonner le pouvoir aux travaillistes. Il a dû se contenter d’en devenir son principal représentant dans le gouvernement de coalition : il y est vice-premier ministre, en charge des finances. Il lui est reproché d’avoir mal géré les négociations de coalition et de n’avoir pas pu favoriser un réel changement de cap politique, hormis sur la question d’une régularisation des étrangers déboutés du droit d’asile.

Les tensions n’ont cessé au sein du parti travailliste depuis le démarrage du nouveau gouvernement. Critiquée tant par les jeunes que par la "veille garde", la direction paraît incapable de donner une ligne précise à une formation qui, à en croire les sondages, serait désormais largement devancée tant par les chrétiens-démocrates que par le Parti socialiste, qui a capitalisé sur le succès qu’il avait emporté en 2005 lors du référendum contre la Constitution européenne.

"Si les choses se poursuivent, le parti sera bientôt aux soins intensifs", estime Peter Scheffer, président des jeunes travaillistes. Bram Peper, "conscience" du parti, pense que celui-ci "manque d’une analyse sur les problèmes de la société", possède un programme "plat" et "néglige ses idéaux". Il serait devenu un "partenaire incertain", selon M. Peper. Jan Pronk, autre figure travailliste, avait déclaré récemment que M. Bos "rayonne de sa méconnaissance".

Une étude menée par un cadre du parti et qui sera publiée prochainement pourrait servir de nouveau détonateur. Elle analyse les raisons de la défaite électorale de 2006 et conclura, sans surprise, à l’échec de M. Bos. Le ministre des finances semble toutefois garder le soutien d’une majorité de militants. Il reste à voir s’il pourra résister longtemps aux pressions alors qu’il est, par ailleurs, contraint d’élaborer un plan visant à permettre aux Pays-Bas de retrouver un excédent budgétaire d’ici à 2011. Le ministre doit économiser 3,5 milliards d’euros mais assure que les éléments essentiels de sa politique (l’enseignement, la santé et la politique des quartiers) seront préservés.

Jean-Pierre Stroobants


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message