Je reviens cette semaine sur la nature du pouvoir de classe qu’incarne en actes M. Macron. Le prétendu « en même temps » qui a servi à distraire le pays n’a été qu’une funeste farce pour conquérir le pouvoir au service des possédants.
La nomination d’un premier ministre de droite, épaulé par deux ministres de la même tendance à Bercy, disait déjà de quel côté penchait le candidat Macron derrière son faux nez de l’ « en même temps » de gauche et de droite. Lorsque le 10 juillet dernier, le quotidien des milieux d’affaires britanniques, le Financial Times, lui fait remarquer que ses baisses d’impôts pour les riches sont le signe d’une politique « plutôt » de droite, le Président de la République répond tout de go : « Et à quoi vous attendiez vous ? ». En vérité, cet « en même temps, » laissant croire qu’on pouvait à la fois mener une politique de gauche et de droite ne visait qu’à tromper les gens en cachant le fond d’une vieille politique néolibérale qui partout sème inégalité, chômage et précarité.
Une vieille politique qui laisse la multitude de celles et ceux qui ont donné de la force à la France sur le bord de la route. Ceci est théorisé depuis les couloirs du « château » et résumé dans cette phrase qui loin d’être une maladresse est un fondement : « Les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien ». Ces derniers seront encore plus relégués avec les insupportables dernières décisions. Le pouvoir enlève cinq euros par mois à plus de six millions de personnes allocataires des aides personnalisées au logement, ceux là même qui terminent le mois à dix euros près. Alors que les cadeaux fiscaux aux plus fortunés se multiplient, il fait bloquer les salaires, et veut augmenter la CSG. Tout entier il se dévoue au service des puissances d’argent et se montre insensible aux souffrances des plus défavorisés au point de décider de laisser basculer des millions de jeunes, de travailleurs et de privés d’emploi dans le « rien » de la pauvreté et de la souffrance sociale.
Pire, avec ce nouveau régime, les plus faibles paient pour garnir les comptes en banque des plus riches et non pas pour réduire quelque déficit que ce soit selon les nouvelles fables destinées à hypnotiser les foules. La commission européenne, le fond monétaire international et les milieux financiers se réjouissent du programme présidentiel de droite : flexibilisation et précarisation du travail, et réduction des crédits publics utiles pour satisfaire aux demandes des petits comptables de Bruxelles ou de Berlin. C’est la voie de l’aggravation des injustices, inefficace de surcroit en empêchant la nécessaire relance créatrice d’emplois et permettant la transition environnementale. Les nouveaux transferts de richesse aux forces de l’argent ne font qu’alimenter une bulle financière qui pourrait replonger le monde dans les affres d’une nouvelle crise financière fatale aux petites entreprises, aux banques coopératives, à l’emploi et aux services publics.
On ne peut investir dans l’avenir pour éduquer, soigner mieux les gens, loger ou transporter tout le monde en respectant l’environnement, mieux les informer ou leur permettre de se cultiver, avec moins de services publics ou en privatisant leurs missions. Il n’y a pas non plus d’efficacité économique ni même d’amélioration de la productivité dans un gouffre d’inégalités.
Il est donc d’intérêt général de ne pas laisser faire. Que les étudiants et tous les autres qui vont se voir amputer d’une partie de l’allocation logement, les jeunes privés de place à l’université, les collectivités et tous leurs administrés qui risquent d’être privés de services publics locaux, celles et ceux qui ne supportent pas qu’on réduise l’aide publique au développement alors que le pouvoir renonce au projet de taxations des transactions financières, toutes celles et ceux qui ne supportent pas cette dérive visant à inclure l’état d’urgence dans la loi, qui vont subir les nouveaux reculs sociaux et démocratiques contenus dans le nouveau projet de loi improprement baptisé « travail », si tous ceux-là se manifestent et manifestent sans attendre, alors l’intérêt public sera dans de bonnes mains.
A l’inverse, laisser faire préparerait des désenchantements douloureux et dangereux, au cœur d’une crise aggravée de la démocratie et de la politique. Les désillusions doivent se transformer en force du changement et non contribuer aux pires régressions.
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