Henri Emmanuelli appelle à créer un « grand parti progressiste », antilibéral et réformiste, au lendemain du second tour

lundi 30 avril 2007.
 

Je ne vois pas quelle est l’utilité de cet appel d’Henri Emmanuelli entre les deux tours des présidentielles.

Ceci dit, il est évident qu’une recomposition de la gauche se profile pour les deux ans à venir. Les propositions et la réflexion sur ce sujet intéressent à coup sûr tous les amis de notre petit site.

Aussi, il nous a paru judicieux de mettre en ligne cette interview :

Pourquoi appeler entre les deux tours à la création d’un grand parti progressiste ?

Henri Emmanuelli. Je pense que Ségolène Royal a raison de dire qu’il faut bouger. Je me félicite que la candidate socialiste ait réalisé un bon score au premier tour en bénéficiant notamment du vote utile, mais en même temps je regrette la faiblesse du reste de la gauche. Je considère que nous sommes arrivés au bout d’un cycle, entamé avec le congrès d’Epinay. Il est donc temps de bouger et de créer un grand parti progressiste, qui permette de référencer à nouveau la gauche. Un parti de rassemblement, ouvert à toutes celles et ceux qui défendent des valeurs de progrès et de solidarité. La base militante existe.

Quelles doivent être, selon vous, les valeurs défendues par ce nouveau parti ?

J’en vois trois essentielles : la laïcité, la régulation politique de l’économie de marché et la redistribution. Il faudra aussi apporter une réponse progressiste au problème de l’immigration.

Il s’agit donc d’un parti plus antilibéral que réformiste...

Cette opposition entre antilibéraux et réformistes n’a aucun sens. Réformistes, les socialistes le sont depuis toujours. Je suis évidemment favorable à l’économie de marché. Mais je crois nécessaire de la soumettre à des règles sociales, fiscales et à l’action publique. La question du socialisme et de l’économie de marché a été tranchée très exactement le 23 mars 1983, à 11 heures du matin. C’était un vendredi. Et ce jour-là, le Conseil des ministres a adopté le plan Delors pour que la France reste dans le serpent monétaire européen. Cela dit, la libre compétition n’a jamais garanti naturellement un optimum économique et social. Elle ne favorise pas la redistribution. Je suis donc réformiste et antilibéral, et j’assume les deux.

Qui peut conduire la création de ce parti progressiste que vous appelez de vos voeux et dans quel délai ?

Si Ségolène Royal est élue, ce que je souhaite, il lui reviendra de créer ce grand parti progressiste. Dans le cas contraire, ce sera à la direction du Parti socialiste de prendre l’initiative. Le principe devra à mon avis être acté avant les législatives.

En attendant, Ségolène Royal tend la main à l’UDF...

Il est normal qu’une candidate au second tour multiplie les efforts pour rassembler un maximum d’électeurs. Mais je ne pense pas qu’une campagne doive être assortie de tractations sur la composition du gouvernement ou le choix du Premier ministre. Comme je ne crois pas à un mixage de la gauche et de la droite. Ma conviction profonde est qu’une démocratie doit vivre normalement et sainement avec un camp progressiste et un camp conservateur.


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